Financement de la vie politique : polémique sur les micro-partis
Vous connaissez peut être "Génération France" du chef de fil des députés UMP, Jean-François Copé, ou "République solidaire" de Dominique de Villepin. En moins de 10 ans, ces microstructures politiques se sont multipliées. Micro-partis, clubs de réflexion, mouvements d'idée, think tank, il y en aurait aujourd’hui plus de 280 en France, contre seulement 28 en 1990, selon la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques.
Et ce sont ces micro-partis qui sont aujourd’hui mis en cause. Ils permettraient en effet de contourner légalement la loi sur le financement des partis politiques. Loi défendue lundi dernier par Nicolas Sarkozy, et qui limite à 7500 euros par an le montant des dons des particuliers à un parti. Financés sur le même principe, les micro-partis alimenteraient ensuite les grandes formations, puisque les partis peuvent se faire des dons entre eux.
L’affaire Woerth a mis en lumière cette pratique. On a ainsi appris que Liliane Bettencourt avait versé un don légal à l'Association de soutien à l'action d'Eric Woerth (ASAEW). Et pour faire taire les accusations de conflit d’intérêt, le ministre du Travail a été contraint d'abandonner sa casquette de trésorier de l’UMP.
Et puis hier, c’est Laurent Wauquiez à son tour qui a été montré du doigt. Le secrétaire d'Etat à l'Emploi a reconnu dans Libération qu’il avait profité d'un déplacement officiel le 28 juin à Londres pour y rencontrer, hors agenda gouvernemental, des banquiers et des gérants de fonds spéculatifs (hedge funds), pour solliciter des dons pour sa formation politique Nouvel Oxygène, créée en 2008.
Critiques et demande de transparence à gauche
Le trésorier du Parti socialiste, Régis Juanico a jugé la collecte du ministre "proprement hallucinante". "Qu'un secrétaire d'Etat à l'Emploi puisse se permettre à la fin d'un dîner de faire un appel aux dons et donc utiliser quelque part un voyage officiel dans
un but de promotion politique de sa propre carrière, c'est profondément choquant", a-t-il déclaré.
Le grand argentier du PS a vu dans cet épisode une nouvelle preuve de la nécessité de "faire la lumière" sur les activités des micro-partis. Et le PS a à nouveau demandé qu'interdiction soit faite aux parlementaires ou ministres déjà membres d'un parti de créer une de ces structures.
Trois députés Verts soupçonnent par ailleurs ces micro-partis de permettre un "contournement" du plafonnement des dons aux partis à 7.500 euros par an et par personne et ont demandé qu'une commission d'enquête parlementaire se penche sur la question.
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