Figure de la droite conservatrice, Christine Boutin met fin à sa carrière politique
A 73 ans, elle a annoncé qu'elle allait démissionner de son dernier mandat : celui de conseillère départementale des Yvelines.
Christine Boutin raccroche les gants. A 73 ans, l'ex-candidate à la présidentielle et pasionaria de la droite conservatrice et catholique a annoncé, samedi 21 octobre, qu'elle allait démissionner de son dernier mandat : celui de conseillère départementale des Yvelines. Elle met ainsi fin à 40 ans de carrière politique.
"Je suis une femme comblée. Je suis fière de ces 40 années", a déclaré l'ancienne ministre du Logement de Nicolas Sarkozy, lors d'une conférence de presse au siège à Rambouillet du Parti chrétien-démocrate, dont elle reste présidente d'honneur. "Je suis heureuse de ne pas avoir renié mes convictions", a ajouté cette catholique pratiquante, en regrettant d'avoir été "ridiculisée, ringardisée".
"J'aime bien la grivoiserie"
Pour celle qui fut candidate à l'Elysée en 2002, le retrait de la politique active ne signifie "pas la fin de [son] intérêt pour la politique". "Je n'abandonne pas mon rôle d'influence", a-t-elle assuré. Tout en annonçant le terme de sa vie politique, Christine Boutin a commenté les débats actuels autour du harcèlement sexuel et des agressions sexuelles : "Je ne pense pas que cette espèce de torrent de révélations soit nécessaire", a-t-elle estimé, évoquant un "dégueulis d'accusations".
Le "climat du moment" est selon elle "insupportable" et risque d'"abîmer profondément les relations entre les hommes et les femmes", a jugé l'ex-ministre du Logement. Pour Christine Boutin, il est regrettable que les femmes en viennent à avoir des "a priori" dès qu'elles reçoivent un compliment. "La grivoiserie fait partie de l'identité française et j'aime bien la grivoiserie", a-t-elle fait valoir.
Farouche opposante au mariage pour tous
Députée des Yvelines de 1986 à 2007, Christine Boutin s'était fait connaître à l'Assemblée en 1998 lors du débat sur le Pacs, dont elle avait incarné l'opposition, parfois Bible à la main ou en pleurs lorsque le Premier ministre de l'époque, Lionel Jospin, l'avait qualifiée de "marginale" et "outrancière". Elle a également pris parti contre l'avortement et la pilule du lendemain, avant de reprendre le combat contre l'ouverture du mariage aux couples de même sexe en 2012, en tenant parfois, des propos extrêmement violents envers les homosexuels.
En 2014, elle avait par exemple qualifié l'homosexualité d'"abomination" dans les colonnes du magazine Charles. Des propos qui lui ont valu, en novembre 2016, une condamnation pour "provocation publique à la haine ou à la violence". Devant ses partisans, réunis ce samedi, elle a "regretté" que ses paroles aient "blessé des gens dans le débat sur le mariage homosexuel".
Elle "ne regrette pas" d'avoir appelé à voter Le Pen
Cette fervente catholique a également pris position contre la peine de mort et cultivé une image humaniste sur de nombreuses questions de société, telles les prisons, le logement d'urgence, les banlieues ou les migrants. Être catholique pratiquante, "c'est pour moi essentiel", avait-elle confié en 2009 au Monde. "Depuis trente ans que je fais de la politique, ce qui m'intéresse c'est la fragilité, la dignité de l'homme."
Candidate malheureuse à la présidentielle de 2002 - elle avait recueilli 1,19 % des suffrages - , Christine Boutin avait choisi de soutenir Nicolas Sarkozy en 2007. Une fois élu à l'Élysée, il l'avait nommée ministre du Logement. Sortie du gouvernement à la faveur d'un remaniement en 2009, elle avait alors renoncé à reprendre son siège de députée, se concentrant sur la présidence de son mouvement politique, le Parti chrétien-démocrate (PCD), qu'elle avait fondé en 2002 sous le nom de Forum des Républicains sociaux, parti associé à l'UMP. Après une nouvelle annonce de candidature à la présidentielle en 2011, elle avait finalement renoncé et à nouveau soutenu Nicolas Sarkozy en 2012.
Lors de la dernière présidentielle, Christine Boutin avait appelé à voter en faveur de Marine Le Pen contre Emmanuel Macron, s'attirant des demandes de sanctions au sein de LR. "Je ne le regrette pas", a-t-elle assumé samedi. "Toute ma vie j'ai combattu le FN" mais, en tant qu'"anti-Macron primaire", "je voulais qu'il fasse le score le plus bas possible", a-t-elle affirmé.
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