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Eva Joly était présente aux Assises de Lyon qui a scellé la naissance du nouveau parti Europe Ecologie-Les Verts

Depuis qu"elle s"est déclarée "prête" pour l'élection présidentielle, le planning de l'eurodéputée est chargé entre ses aller-retour à Bruxelles et ses déplacements en région.Nous l"avons rencontrée entre deux trains et interrogée sur les grands sujets qui vont animer la campagne présidentielle notamment l'emploi, l'éducation, le logement.
Article rédigé par Catherine Rougerie, Simon Gourmellet
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 5 min
Eva Joly, le 10 novembre 2010, à Paris (France 2)

Depuis qu"elle s"est déclarée "prête" pour l'élection présidentielle, le planning de l'eurodéputée est chargé entre ses aller-retour à Bruxelles et ses déplacements en région.

Nous l"avons rencontrée entre deux trains et interrogée sur les grands sujets qui vont animer la campagne présidentielle notamment l'emploi, l'éducation, le logement.

Principaux extraits de l'entretien

Changer de modèle

On voit bien que le système libéral ne s'autorégule pas en ce qui concerne l'accès à l'emploi. Il faut donc une politique volontariste.

Nous avons en France la productivité la plus élevée au monde et cela doit entraîner un partage du travail. Et c'est pourquoi des mesures d'exonérations par exemple des heures supplémentaires sont complètement contre productives et absurdes parce que ça incite à ne pas créer des emplois.

La situation actuelle n'est pas tenable. On ne peut pas vivre avec 40% des jeunes dans les quartiers difficiles exclus ou 20% en moyenne en France.

Reprendre la réforme des retraites "totalement injuste" et qui "ne règle rien"
Quel sens cela a de dire, on va retarder l'âge de départ à la retraite, alors que les gens n'ont pas de travail. Donc, c'est toute la situation des seniors dont il faut discuter. Là, en réalité, cette réforme ne règle rien.

Elle transfère des charges du régime de la retraite au Pôle emploi. Donc le gain net pour les finances publiques est proche de zéro. C'est une réforme qui est complètement à refaire.

La réforme qui vient d'être votée est totalement injuste parce que tout l'effort de cette réforme est demandé aux plus vulnérables ceux qui ont commencé à travailler avant 20 ans. Nous, ce que nous préconisons c'est d'augmenter pour tout le monde la durée de cotisation, c'est ça qui compte, et peu importe en réalité que vous fassiez valoir vos droits, si vous avez le nombre de cotisations suffisantes à 60, 62, 65 ans.

Nous souhaitons une plus grande complexité, en réalité, c'est-à-dire adapter les situations aux besoins des gens d'une façon beaucoup plus raffinée.

Réformer une partie de la fiscalité

Les écologistes ont présenté un projet de loi de finances alternatif où, sans faire la révolution, nous démontrons qu'avec la volonté politique on peut d'ores et déjà commencer le changement de la société vers une société soutenable et écologique.

Il faut évidemment supprimer un certain nombre de niches fiscales. Alors, au hasard, la niche "Copé" qui a coûté 20 milliards en trois ans, l'exonération de la TVA sur la restauration, 3,5 milliards, une partie des crédits-recherche qui a eu un effet d'aubaine et qui coûté 4 milliards....

Il faut déplacer cette fiscalité qui est sur le travail pour être sur la pollution et sur le capital. Ensuite aussi, il faut mettre fin aux rémunérations excessives. Est-ce qu'il est normal qu'une personne puisse gagner 1.000 fois plus que quelqu'un d'autre ?

Dans une société durable, on doit avoir des écarts maximaux. Chez Europe Ecologie, nous considérons qu'un écart de 1 à 40 doit être le maximum.

Faire de l'Education une priorité

Il faut restaurer l'Education nationale comme une priorité, aussi en termes de financement. Là, on supprime 16.000 postes mais on supprime aussi tous les emplois aidés qui étaient dans l'école pour aider les élèves en difficulté.

On peut vraiment craindre que les résultats soient de pire en pire et que cela créé de nouvelles exclusions. Les enfants qui sortent du CM2 sans savoir lire et écrire, ils sont exclus de fait.

Sauvegarder le système de santé, "un des bijoux de la France"

La gratuité des soins doit perdurer en France. Nous pensons que c'est un des éléments forts de notre vivre ensemble.

Nous souhaitons sauvegarder les structures qui assurent l'accès aux soins pour tous, donc renforcer le service public hospitalier et être attentif à ce qu'il n'y ait pas en France, une santé pour les riches, une santé pour les pauvres.

Consacrer un milliard d'euros au logement social

Dans notre budget alternatif, nous avons dégagé un milliard pour le logement social. Cela veut dire construction de plusieurs centaines de milliers de logements sociaux.

Ce gouvernement abandonne le logement social. Nous, nous voulons accélérer. Nous voulons un logement décent pour tous.

(ndlr, sur les 28 milliards d'euros d'économies et de nouvelles recettes dégagées, Europe Ecologie propose d'en affecter la moitié à la réduction du déficit et la moitié à la conversion écologique).

Sortir du nucléaire progressivement
Nous avons 58 réacteurs en France. Je crois qu'en Europe, il y en a 150 donc nous avons 1/3 des réacteurs nucléaires ce qui prouve, ce qui démontre que la France a investi d'une façon excessive dans l'énergie nucléaire.

Aucun autre pays au monde ne tient 80% de son énergie électrique des centrales nucléaires. Dans le monde, l'énergie nucléaire ne représente que 2%. C'est donc des choix qui ont été faits et qui sont lourds de conséquences.

C'est clair pour moi qu'il faut sortir du nucléaire parce que nous ne savons pas traiter les déchets.

Le train de transport de matières nucléaires vers l'Allemagne est une aberration. On va stocker en Allemagne, des déchets radioactifs qui contiennent deux fois la quantité de radioactivité de Tchernobyl. Nous ne savons pas assurer pour des millénaires la sécurité de ces déchets. Nous laissons à nos enfants, à nos petits enfants, aux générations suivantes un héritage incroyablement dangereux et nous poussons simplement le problème devant nous.

Il faut sortir du nucléaire en laissant les centrales aller à leur terme et ne pas en construire d'autres. Mais cela pose aussi pour nous le problème de leur démantèlement et du traitement des installations.

C'est un problème faramineux donc le coût en France est sous-estimé monstrueusement et ça, c'est un mensonge. La France là-dessus et les gouvernements précédents ont présenté des faux bilans en ce qui concerne le coût du démantèlement.

Le cout de l'énergie aujourd'hui (ndlr, en France) ne contient pas le coût ni du traitement des déchets, ni du démantèlement des centrales.

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