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"Une imposture abominable" : ceux qui se réclament du gaullisme n'apprécient pas l'hommage d'Emmanuel Macron au général de Gaulle

Emmanuel Macron se rendra dimanche dans l’Aisne pour commémorer la bataille de Montcornet, au cours de laquelle le général de Gaulle a brillé. Mais les gaullistes d'aujourd'hui n'apprécient pas.

Article rédigé par Simon Le Baron
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Emmanuel Macron devant une Croix de Lorraine géante, au mémorial du général de Gaulle de Colombey-les-Deux-Eglises pour les 60 ans de la Constitution, le 4 octobre 2018. (VINCENT KESSLER / POOL)

Pour la première fois depuis plus de deux mois, Emmanuel Macron effectue ce week-end un déplacement qui n’est pas consacré à la lutte contre le coronavirus. Le président de la République sera dimanche dans l’Aisne pour commémorer la bataille de Montcornet, au cours de laquelle Charles de Gaulle s’est illustré en 1940.

Le chef de l’État entend célébrer "le refus de la résignation" et "l'esprit de résistance", qui résonnent dans l'actualité. Mais dans la classe politique, ceux qui se réclament du gaullisme crient à l’imposture.

"Emmanuel Macron est l'antithèse du gaullisme"

Entendre Emmanuel Macron revendiquer l’héritage du Général. Voilà qui donne de l’urticaire au souverainiste Nicolas Dupont-Aignan, pour qui il s'agit d'une "imposture abominable qui ne peut que révolter tous ceux qui se sentent gaullistes profondément et qui partagent la certaine idée de la France qu'a toujours défendue le général de Gaulle". Le président de Debout la France est catégorique : le locataire de l’Élysée n’a aucun point commun avec son illustre prédécesseur, il est même "l'antithèse du gaullisme, tout son parcours, tout son fonctionnement est anti-gaulliste, alors le voir célébrer le général de Gaulle, il y a de quoi avoir une indigestion".

Sentiment que partage le député Les Républicains Julien Aubert, qui a repris la Croix de Lorraine pour le logo de son micro-parti Oser la France. Symbole on ne peut plus gaullien qu’Emmanuel Macron lui-même a d’ailleurs ajouté à l’emblème de la présidence de la République. "De Gaulle c'est la souveraineté nationale, l'indépendance stratégique, choses qu'Emmanuel Macron a redécouvert récemment et continue à mélanger avec le concept de souveraineté européenne, ce qui est profondément antinomique", insiste Julien Aubert. 

Emmanuel Macron est l'homme élu sur un programme d'adaptation du pays à la mondialisation, alors que de Gaulle c'est la domination du politique sur l'économie, avec pour objectif l'indépendance nationale." 

Julien Aubert, député Les Républicains

à franceinfo

"Personne n'a le monopole du général de Gaulle"

Emmanuel Macron irrite donc ceux qui se voient aujourd’hui comme les vrais gaullistes. Mais cette bataille de la mémoire a-t-elle vraiment un sens dans la France de 2020 ? Pas vraiment, selon l’historien Jean Garrigues. "Personne n'a le monopole du général de Gaulle et en même temps, personne ne peut prétendre être son héritier. Ce qu'était le général de Gaulle c'était un principe d'unité, un principe de grandeur, une ambition de la grandeur, qui ne sont plus adéquats avec ce qu'est aujourd'hui la France."

Ce n’est pourtant que le début de cette année de Gaulle : 130 ans après sa naissance, 50 ans après sa mort et 80 ans après l’appel du 18 juin, c’est une série d’hommages très chargée qui commence pour le président de la République.

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