"Un peu de Jupiter", "beau parleur", "blabla"... La conférence de presse d'Emmanuel Macron divise la classe politique

Le chef de l'État a abordé nombre de thèmes, mardi, afin de "réarmer la France". Son propos liminaire ainsi que ses réponses aux journalistes, lors de sa conférence de presse, n'ont pas manqué de faire réagir.
Article rédigé par Camille Laurent
Radio France
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Emmanuel Macron a donné une conférence de presse, le 16 janvier 2024. (ALEXANDRE MARCHI / MAXPPP)

École, sécurité, économie, natalité... Le président de la République, qui s'est exprimé pendant plus de deux heures mardi 16 janvier, a dessiné les grands axes du nouveau gouvernement de Gabriel Attal et de la suite de son quinquennat. Sa conférence de presse a provoqué des réactions au sein de la classe politique, de l'extrême droite à l'extrême gauche, en passant par la majorité.

Le discours du président défendu par la majorité

La députée Renaissance du Nord Violette Spillebout l'a trouvé "déterminé et honnête". Sur franceinfo, elle a défendu la prise de parole présidentielle, estimant que le chef de l'État avait promu "une France plus forte, une France plus juste", reprenant les termes exacts d'Emmanuel Macron. "Ce n'est pas seulement (mardi) soir le rendez-vous avec la nation", commente Céline Calvez, députée Renaissance des Hauts-de-Seine, qui estime que les Français doivent "se retrouver autour de rituels" ou encore de "valeurs communes".

"Le président a refait un peu de Jupiter car il avait besoin aussi d'un cap présidentiel", estime sur franceinfo le député Modem du Loiret Richard Ramos. "Maintenant, c'est de savoir comment ça se décline et avec qui ? Moi je pense que c'est avec le Parlement qu'il faut le faire. Je n'ai pas été servi (mardi) soir, regrette-t-il également. Pour le député MoDem, le combat de 2027 s'ouvre (mardi) soir avec un combat contre les idées du Rassemblement national". Selon lui, "c'est très pertinent, c'est une bonne chose, mais ça ne peut pas se faire sans les parlementaires".

Pour LR, un président peu clair et qui emprunte ses idées à la droite

La droite n'est pas convaincue. Pour Bruno Retailleau, "le grand rendez-vous avec la nation accouche d’une petite déclaration de bonnes intentions." "Aucune idée neuve, aucune rupture profonde. L’impression qu’on a déjà assisté 100 fois au même discours depuis 2017. Visiblement, la 'régénération' attendra", pointe le patron des sénateurs LR sur X. "Ce ne fut qu’un rendez-vous avec lui-même, a fustigé le président des Républicains Éric Ciotti, pour qui le président de la République a dressé une liste de vœux pieux, avec laquelle il est difficile d’être en désaccord, mais les ambitions sont aussi monumentales que les annonces sont modestes", ajoute-t-il.

"Le contraire d’un cap", réagit de son côté Olivier Marleix, le président du groupe LR à l'Assemblée nationale, sur X. "Un catalogue, avec un président qui se perd dans le détail. Tous les mots, toutes les idées dans l’air du temps convoquées le temps d’une allocution. Incapable de faire des choix sur ce qui essentiel", souligne-t-il. "Libérer les énergies, protéger les Français, unir la Nation. Pour que la France reste la France", énumère le président des Jeunes Républicains, Guilhem Carayon, pour qui : "Emmanuel Macron parle comme la droite, il agit comme la gauche."

Pour Nicolas Dupont-Aignan, le "résultat concret de ce grand théâtre : doublement de la franchise des médicaments, augmentation de 10% du prix de l'électricité et maintien des contraintes dites écologiques sur les transports et les logements… Un projet toujours plus injuste pour les Français !", estime sur X l'ancien candidat à la présidentielle de Debout la France.

La gauche pas convaincue

"C'est un blabla qui ne convainc plus grand monde", juge sur franceinfo Aurélie Trouvé, députée La France insoumise de Seine-Saint-Denis. "Chaque discours du président est une façon de creuser un peu plus la distance entre ceux qui gouvernent et les gens tout simplement", poursuit l'élue. "Ministre de tout, président de rien", commente pour sa part l'insoumis François Ruffin sur X.

L'insoumise Clémentine Autain et l'écologiste Marine Tondelier pointe toutes les deux l'aspect "réactionnaire" du discours d'Emmanuel Macron. "Flippant, vraiment. Et ringard", ajoute la secrétaire nationale d'EELV.

Pour Fabien Roussel, "la messe est dite !" car "les factures d’électricité vont augmenter, les prix des médicaments vont augmenter mais les salaires, eux, ne vont pas augmenter !", écrit le communiste sur X. Sur le même réseau social, Ian Brossat, sénateur communiste de Paris, ironise et poste un photomontage d'Emmanuel Macron jouant du pipeau accompagné du mot "Bref", pour résumer la prise de parole du président.

"Rien n'est réglé" pour l'extrême droite

Pour Marine Le Pen, "le grand rendez-vous avec la nation s'est transformé en un énième et interminable bavardage". "Le fond comme le ton ne sont pas au niveau d'un président de la République", ajoute sur X la cheffe de file des députés Rassemblement national.

"Emmanuel Macron commente, il enchaîne les numéros dans lesquels il se veut le beau parleur du déclin français, estime quant à lui le président du Rassemblement national Jordan Bardella. Ses interventions se répètent sans que les Français ne voient de changements dans leur quotidien."

Philippe Ballard, porte-parole du RN, député de l’Oise dénonce sur franceinfo l'"autosatisfaction" du chef de l'État. "Sur la Marseillaise à l'école, l'uniforme, l'éducation civique, on dit bravo parce qu'en fait on voit que toutes nos mesures sont au fil des années reprises", mais "les Français préfèrent l'original à la copie", assure Philippe Ballard.

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