Marseille : "La vraie question ce n'est pas de dégager des milliards" c'est de savoir "comment on les dépense", selon François Lamy, ex-ministre de la Ville
L'ancien ministre estime que "c'est plus difficile à Marseille qu'ailleurs, parce que la façon de faire de la politique est différente". François Lamy plaide pour une meilleure coopération "entre l'État, la métropole, la ville et les bailleurs".
En visite à Marseille, Emmanuel Macron a annoncé le mercredi 1er septembre le déblocage de 150 millions d'euros pour la construction d'un nouvel hôtel de police et l'arrivée de 200 policiers. Selon François Lamy, ancien ministre de la Ville durant le quinquennat de François Hollande (2012-2017), la présence du chef de l'État,"renforce la nature des annonces qui sont faites" mais "la vraie question ce n'est pas de dégager des millions ou des milliards, c'est comment on les dépense".
franceinfo : Qu'est-ce que vous attendez des décisions du président de la République concernant Marseille ?
François Lamy : Ce que j'attends du plan du président de la République, c'est qu'il dégage des crédits pour le temps long et des crédits pour le temps court. La vraie question ce n'est pas uniquement de dégager des millions ou des milliards, c'est comment on les dépense. C'est plus difficile à Marseille qu'ailleurs, parce que la façon de faire de la politique est différente.
"Si le président de la République veut que son plan aboutisse il va falloir réformer la forme de gouvernance de l'État de façon à ce que l'État soit davantage présent."
François Lamy, ancien ministre de la Villeà franceinfo
Ça ne peut pas reposer que sur le préfet de région. Ce n'est pas forcément que la faute des Marseillais. On sait que les Premiers ministres, passent, les présidents aussi et que les politiques changent. Il ne suffit pas d'annoncer des milliards il faut avoir une forme d'organisation, entre l'État, la métropole, la ville et les bailleurs. Il faut des gens qui surveillent l'application de ce plan tel qu'il va être annoncé.
Est-ce le rôle du chef de l'État de venir à Marseille trois jours pour présenter ce plan ?
C'est bien que le président de la République vienne à Marseille car ça renforce la nature des annonces qui sont faites, mais ceux qui vont mettre en œuvre ce sont les ministres. On verra dans les mois qui viennent s'il y a un suivi réel. C'est vrai que la logique ç'aurait été que ce soit le Premier ministre qui vienne, mais on est en période électorale et je comprends que le président de la République marque un pas de plus vers une candidature.
Le chef de l'État annonce 150 millions d'euros pour la construction d'un nouvel hôtel de police et ces 200 policiers qui vont arriver. C'est important ?
C'est une annonce importante. Je connais très bien Marseille et j'y vis en partie. Ça ne suffira pas. Le vrai problème, c'est la situation des quartiers nord qui sont coupés de la ville. Il faut une réponse sur la question des transports, de l'emploi. Sur la sécurité, il y a le problème du trafic de drogue. Quand j'en parle avec des policiers, ils ont l'impression de vider la mer à coup de seaux. Je suis très dubitatif. Je pense qu'il faut qu'on change de méthodologie.
"Les forces de l 'ordre quand elles interviennent dans ces quartiers, il faut qu'elles y restent."
François Lamyà franceifo
Samia Ghalli réclamait l'intervention de l'armée, je ne suis pas pour mais je suis pour l'intervention de la gendarmerie, parce qu'elle sait faire.
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