Caricature d'Emmanuel Macron : "Le climat politique favorise les dérapages"
Pour Arnaud Mercier, spécialiste en communication politique, le dérapage du parti Les Républicains sur la caricature d'Emmanuel Macron est la conséquence d'une campagne présidentielle tendue.
Après le tweet du parti Les Républicains caricaturant Emmanuel Macron en banquier des années 30, les propos de Vincent Peillon sur les chambres à gaz, l'ambiance de la campagne présidentielle est nauséabonde. Et cela "favorise les dérapages de certains hommes politiques", a expliqué sur franceinfo samedi 11 mars Arnaud Mercier, professeur à l'université Panthéon-Assas et spécialiste en communication politique.
franceinfo : Ce genre de communication est d'ordinaire l'affaire du Front national, mais peut-on dire que la droite et la gauche n'hésitent plus à aller sur ce terrain ?
Arnaud Mercier : Il faut croire que certaines lignes ont été franchies. Il y a un climat dur et sévère autour de l'élection présidentielle, autour de cette compétition électorale. Le climat politique s'est beaucoup tendu. Il y a certaines réserves qui ont sauté. Mais il n'y a pas qu'en France. Donald Trump est un professionnel de la dérive. Le climat politique en France favorise les dérapages.
Cela veut-il dire qu'aujourd'hui tous les coups sont permis ?
Sur la caricature d'Emmanuel Macron, il faut reconnaître que le parti Les Républicains, par la voix du secrétaire général Bernard Accoyer, a présenté ses excuses. Le parti a retiré le tweet même si la personne qui l'a fait n'y voyait pas malice au départ. S'ils sont ignares à ce point c'est grave.
Notre Secrétaire général présente ses excuses à tous ceux qui ont pu être choqués par la caricature d'@EmmanuelMacron que nous avons retirée pic.twitter.com/EAhkBrRQD0
— les Républicains (@lesRepublicains) 10 mars 2017
Comment expliquez-vous cet emballement ?
Je pense que la société est de plus en plus dure à vivre pour beaucoup de gens. Il y a une violence liée au facteur économique et au niveau politique. Beaucoup de citoyens sont très agressifs vis-à-vis des élites et des journalistes. Et certains hommes politiques, avec leur propos, soufflent sur ces braises.
La Licra, la Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme, publiera la semaine prochaine une charte éthique pour le langage politique. Elle demandera aux candidats à l'élection présidentielle de la signer. Fallait-il en arriver là aujourd'hui ?
Peut-être bien. Car il y a des hommes politiques dans des tas de pays qui considèrent qu'il est électoralement payant de tenir des propos outranciers et qui légitiment cela en disant "ce n'est que le juste retour de la violence qui est faite aux gens" à cause de la mondialisation, etc.
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