Cet article date de plus d'un an.

Allocution d'Emmanuel Macron : "hors de la réalité", "déni", "nation plus juste"... Les réactions politiques après la prise de parole du président

Le président de la République Emmanuel Macron, s'est exprimé lundi à 20 heures après la promulgation de la réforme des retraites. Le chef de l'État a présenté une nouvelle feuille de route pour le gouvernement avec trois grands chantiers, le travail, la justice et le progrès.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5 min
Le président de la République Emmanuel Macron, s'est exprimé lundi à 20 heures après la promulgation de la réforme des retraites. (LUDOVIC MARIN / AFP)

Après la promulgation de la réforme des retraites, le chef de l'État a pris la parole lundi 17 avril à 20 heures, dans une allocution télévisée. Le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, estime qu'il n'a "rien de concret" dans cette prise de parole. Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT affirme pour sa part sur LCI qu'"il n'y aura pas de retour à la normale tant qu'il n'y aura pas de retrait de la réforme des retraites". Michel Beaugas, secrétaire confédéral de Force Ouvrière, appelle sur franceinfo à "continuer de mettre la pression" et à rester "déterminés". "J'ai trouvé ça hallucinant", a réagi de son côté François Hommeril, le président de la CFE-CGC. Concernant les 100 jours mentionnés par Emmanuel Macron pour apaiser le pays, Benoît Teste, secrétaire général de la FSU, déclare : "On a 100 jours devant nous pour de nouveau faire la démonstration que cette réforme ne passe pas, ne peut pas passer contre la volonté générale". Les membres de la classe politique ont eux aussi réagi à cette intervention.

Un président "complètement hors de la réalité" pour Jean-Luc Mélenchon

Sur Twitter, le leader de La France Insoumise, Jean-Luc Mélenchon, juge le président "complètement hors de la réalité", selon lui, il "assume le vol de deux ans de liberté. Les casseroles sonnent plus juste."

Le député de La France insoumise Alexis Corbière a lui posté une vidéo d'habitants de Montreuil, en Seine-Saint-Denis, tapant sur des casseroles au moment de son discours. Plusieurs postes sur les réseaux sociaux avaient appelé à des "concerts de casseroles" devant les mairies et les préfectures pour s'opposer à la réforme des retraites.

 Le député LFI et président de la Commission des finances à l'Assemblée nationale, Éric Coquerel, pense qu'"Emmanuel Macron croit être sorti de la crise alors qu'il est en plein milieu""Cela sonnait creux et faux comme une casserole", selon Éric Coquerel. "Je me demandais s'il allait oser refaire le coup de la refondation, comme après les Gilets jaunes, comme après le Covid...". "Pour sauver le pays, il devrait commencer à abroger une réforme dont personne ne veut. En théorie, on n'est pas en monarchie", a ajouté le député. "Le chef de l'Etat est complétement hors sol. Je crois qu'il n'a toujours pas pris la mesure de ce qu'il se passe dans le pays", a terminé Éric Coquerel.

"Tout ça pour ça", regrette Marine Tondelier, secrétaire nationale d'EELV

Dans le camp écologiste on considère qu'Emmanuel Macron n'a pas fait d'annonces. La députée écologiste Sandrine Rousseau commente cette allocution avec un tweet laconique qui tient en trois mots : "Bon ben. Rien". Un ton que partage aussi Marine Tondelier sur Twitter : "tout ça pour ça" écrit la secrétaire nationale d'EELV, "ceux qui ont boycotté avaient raison : ils n'ont rien raté".

 

"Aucune remise en question. C'est quand même dingue !" s'agace ensuite Marine Tondelier, qui dénonce un "déni".

"Un catalogue de vœux pieux" pour Éric Ciotti

"Rien de vraiment nouveau, rien de concret dans un catalogue de vœux pieux", réagit sur Twitter le président des Républicains, Éric Ciotti, après l'allocution d'Emmanuel Macron. "La méthode manifestement ne change pas", ajoute-t-il.

"Je suis inquiet de ce discours", déclare sur franceinfo François-Xavier Bellamy, eurodéputé Les Républicains, "en l'écoutant, on a le sentiment que le président est muré dans un déni de réalité qui touche maintenant à l'absurde". Pour le député européen, qui soutient la réforme des retraites, Emmanuel Macron "aurait dû commencer par reconnaître que tout n'a pas été réussi". Il conclut en ajoutant que "si cette réforme était nécessaire, elle ne devait pas pour autant être votée au prix d'un vrai débat sur la réalité des enjeux auxquels nous sommes confrontés aujourd'hui".

Emmanuel Macron "ignore les souffrances" des Français pour Marine Le Pen

Du côté du Rassemblement national, la présidente du groupe RN à l'Assemblée, Marine Le Pen, estime qu'Emmanuel Macron "a choisi de nouveau de tourner le dos [aux Français] et d’ignorer leurs souffrances" en n'annonçant pas la tenue d'un référendum ou le retrait de la réforme des retraites. Marine Le Pen critique également, une "pratique déconnectée, solitaire et obtuse du pouvoir" qui "annonce la poursuite d'un quinquennat de mépris, d'indifférence et de brutalité dont il faudra sortir par les urnes".

>> Réforme des retraites : "On n'est pas prêts à tourner la page", prévient l'intersyndicale avant l'allocution d'Emmanuel Macron

"Après nous avoir pris deux ans de vie supplémentaires, il a pris 15 minutes de notre soirée pour ne rien dire comme d'habitude", a déclaré lundi 17 avril dans la soirée sur franceinfo Laure Lavalette, porte-parole du groupe RN à l’Assemblée nationale et députée du Var. "Même si on n'attendait rien on est toujours un peu déçus", ajoute-t-elle. "Ça aurait pu être un 'mea culpa' et en fait ça été un 'satisfecit'", pour la députée qui a trouvé le président "très déconnecté des Français qui souffrent"

"Emmanuel Macron impose, il gouverne contre le peuple", dénonce à son tour mardi 18 avril sur franceinfo Sébastien Chenu, député RN et vice-président de l'Assemblée nationale, au lendemain de l'allocution présidentielle sur la réforme des retraites. Le député du Rassemblement national accuse le chef de l'État d'être "totalement à côté de la plaque". Sébastien Chenu estime ainsi que "la principale faute" de cette allocution d'Emmanuel Macron a été de "dire qu'il va continuer comme si de rien n'était, dans une sorte de monde parallèle, de façon totalement lunaire".

"Une nation plus juste" pour Stéphane Séjourné, secrétaire général de Renaissance

Dans le camp du président de la République on salue le cap affiché par le chef de l'État. Stéphane Séjourné, le secrétaire général du parti présidentiel Renaissance, se félicite qu'Emmanuel Macron réponde "aux inquiétudes exprimées par nos concitoyens ces derniers mois tout en bâtissant un pays plus indépendant".

La présidente du groupe Renaissance à l'Assemblée nationale, Aurore Bergé, affirme pour sa part que le président porte "une ambition claire pour la France et les Français".

"Je ne suis pas sûr qu'il y ait de 'mea culpa' à faire", estime sur franceinfo Eric Woerth, député Renaissance de l'Oise, après l'allocution d'Emmanuel Macron. "Le 'mea culpa' c'est que finalement on n'a pas su convaincre", ajoute le député. D'après lui, "le président a reconnu la colère" des Français dans sa prise de parole. Il affirme qu'Emmanuel Macron a "fait ce geste d'apaisement. Il ne peut pas être président et ne pas défendre l'intérêt national. Parfois, cet intérêt ne converge pas avec l'opinion du moment. C'est le cas avec cette réforme".

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.