Réforme des retraites : "On n'est pas prêts à tourner la page", prévient l'intersyndicale avant l'allocution d'Emmanuel Macron
Ce sera "encore des mots, toujours des mots, rien que des mots", prédit Laurent Escure, le secrétaire général de l'Unsa. Comme ses homologues de l'intersyndicale, il n'attend rien de l'allocution d'Emmanuel Macron lundi 17 avril à 20 heures. Les syndicats ont vu la promulgation de la loi sur la réforme des retraites en pleine nuit, ce week-end, comme du mépris de la part du chef de l'Etat.
Le chef de l'Etat est dans une stratégie de l'apaisement, une volonté de passer à autre chose. Mais "On n'est pas prêts à tourner la page", tempête Céline Verzeletti, secrétaire confédérale de la CGT. L'intersyndicale refuse de suivre le tempo de l'exécutif. Elle ne viendra pas au rendez-vous proposé demain à l'Elysée.
Des "concerts de casseroles" après l'allocution du chef de l'État
"Si le président veut ce soir accélérer, aller de l'avant, et bien, nous allons appuyer sur le frein", lance Cyril Chabanier. Le président de la CFTC, qui n'attend pas grand chose de l'allocution du président, comme tous les autres membres de l'intersyndicale, à l'exception peut-être de Laurent Berger, le numéro 1 de la CFDT. "Je pense qu'Emmanuel Macron devrait pouvoir dire qu'il comprend, ce qu'il n'a pas fait, le monde du travail, qui s'est exprimé, explique Laurent Berger. Tenons compte d'un fait : il y a eu douze journées de mobilisation, avec un taux de participation massif et il n'y a eu aucune réponse, aucune attention au monde du travail."
"On veut bien parler pénibilité, carrières longues et emplois des seniors, mais à condition que la réforme soit suspendue."
Cyril Chabanier, président de la CFTCà franceinfo
Dans un monde idéal pour les syndicats, le président de la République appuierait sur pause au sujet des retraites. Concrètement, cela voudrait dire retarder la publication des décrets d'application de la réforme. Sans eux, elle ne pourra pas entrer en vigueur au 1er septembre. C'est un "espoir très maigre", admettent tous les leaders syndicaux interrogés.
Solidaires soutient tous les rassemblements prévus lundi soir devant des mairies, concerts de casseroles, en parallèle de l'allocution du chef de l'État, qui a convié les syndicats mardi à l'Élysée, pour discuter des réformes à venir, notamment de la future loi travail. Mais les leaders syndicaux confirment lundi avoir tous refusé de s'y rendre.
Les organisations sont très claires et unanimes : pas de discussion possible avant le 1er mai. Le jour de la fête du travail, les syndicats prédisent un raz-de-marée populaire dans les rues. Les syndicats se réunissent lundi soir pour discuter de l'organisation des manifestations qu'ils espèrent massives et historiques. De fait, ce 1er mai sera historique. Pour la première fois depuis l'après-guerre, l'intersyndicale défilera derrière une banderole commune pour la fête du travail. Et d'ici là, la CGT annonce deux journées de mobilisation, jeudi le 20 avril puis le 28 avril, histoire de maintenir la pression sur le gouvernement.
Seule la CGT appelle à poursuivre la grève
Une "journée de la colère cheminote" est prévue jeudi à l'appel de l'intersyndicale. La CGT pousse aussi les électriciens, les gaziers, les éboueurs à mener des actions tous les jours et à se mettre en grève reconductible. Appel lancé aussi dans les raffineries. En revanche, pas d'appel des autres organisations syndicales. Elles se contentent de soutenir les initiatives et actions locales. L'intersyndicale reste-t-elle unie malgré tout ?
En tout cas, elle l'est jusqu'au 1er mai, assure Simon Duteil, co-délégué général de Solidaires. Mais pour la suite, il faut qu'on trouve les bonnes modalités d'action pour maintenir le rapport de force. Et ça ne passera pas forcément par les grèves, selon lui, contrairement à ce que revendique la CGT. "On se parle, on se concerte, mais on assume nos différences. Quand le sujet des retraites sera terminé, chacun reprendra son chemin", résume Cyril Chabanier de la CFTC.
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