: Vidéo Passeports diplomatiques de Benalla : "Il a prêté serment ! Il doit assumer ce qu'il a dit", rappelle Esther Benbassa
Esther Benbassa, sénatrice Europe Écologie-Les Verts de Paris, membre de la Commission des Lois qui a entendu en septembre dernier Alexandre Benalla, estime vendredi sur franceinfo que les derniers rebondissements liés à l'utilisation par l'ex-conseiller de l'Elysée de passeports diplomatiques relève de l'"affaire d'Etat".
"Il a prêté serment ! Il doit assumer ce qu'il a dit", a estimé vendredi 28 décembre sur franceinfo Esther Benbassa, sénatrice Europe Écologie-Les Verts de Paris, membre de la Commission des Lois qui a entendu en septembre dernier Alexandre Benalla, ex-conseiller de l'Élysée, pour des violences en marge de la manifestation du 1er-Mai à Paris. Il avait alors assuré ne plus avoir en sa possession de passeports diplomatiques. Pourtant, selon Mediapart, Alexandre Benalla, congédié cet été par l'Elysée, a continué à utiliser ces dernières semaines un passeport diplomatique dont il bénéficiait lorsqu'il travaillait au cabinet d'Emmanuel Macron.
franceinfo : Alexandre Benalla ne vous a-t-il pas tout dit en septembre ?
Esther Benbassa : Non, il ne nous a pas tout dit. Ce n'est pas seulement le problème des passeports. Il n'a pas dit d'autres choses aussi, mais il a prêté serment ! Il doit assumer ce qu'il a dit, c'est un problème. Il a eu d'autres inexactitudes, mais moi je me suis dit que ce personnage est quand même assez problématique et surtout, lorsqu'on l'a entendu, je me suis rendue compte de l'opacité au sein de l'Elysée. Cette personne a pu faire ce qu'il a voulu sans être brimé. On voit qu'il est allé encore plus loin. J'avais pensé que c'était une petite affaire, mais c'est vraiment une affaire d'État. Et là, on a d'autres problèmes à régler, on aurait préféré parler d'autre chose.
C'est encore plus grave qu'en septembre ?
Oui, là il y a un vrai abus. On n'a pas à utiliser des passeports de l'organisme où l'on n'est plus employé. D'ailleurs je n'ai jamais compris cette histoire de passeport, parce qu'un adjoint du chef de cabinet n'a pas besoin d'un passeport puisqu'il est sur la liste d'une délégation et on pointe lorsqu'il arrive à l'aéroport...
Qui doit s'expliquer aujourd'hui sur ces dysfonctionnements ?
C'est l'Élysée, ce sont les Affaires étrangères, c'est Alexandre Benalla, il y a plusieurs protagonistes, il faut qu'ils s'expliquent. Cela met de nouveau en question le fonctionnement de l'Élysée et la générosité à l'endroit d'Alexandre Benalla de la part d'Emmanuel Macron. Il faut là qu'il y ait des explications. Surtout que le passeport a été donné quasiment quelques jours après la fin de la suspension d'Alexandre Benalla. Suspendu jusqu'au 19 mai, le passeport a ensuite été renouvelé le 24 mai jusqu'au 19 septembre 2022. Là aussi, c'est une largesse ? Je ne comprends pas, d'ailleurs, que cette suspension n'a pas été accompagnée d'une suspension de salaire. Je ne veux pas porter de jugement de valeur, mais c'est vrai qu'il y a une cacophonie assez importante, et monsieur Benalla faisait ce qu'il voulait. D'où venait cette liberté d'action dans un endroit où tout est verrouillé, tout est contrôlé ? Je n'ai pas de réponse, peut-être que Emmanuel Macron donnera des réponses. Ce serait bien d'entendre de nouveau [Alexandre Benalla] sous serment. Ainsi, nous donnerons à nos concitoyens une sorte de gage de probité. Il faut que nos citoyens sachent que ce genre de chose ne passera pas inaperçu et que le Sénat regardera de près et écoutera cette personne.
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