DSK : les primaires continuent au PS... pour l'instant
La phrase constituerait un exercice sémantique intéressant pour les bacheliers : une suspension de la primaire au PS n'est “pas à l'ordre du jour aujourd'hui”, a expliqué le porte-parole du Parti socialiste, Benoît Hamon, après les derniers développements de l'affaire DSK. Chacun y trouvera donc ce qu'il recherche. Ceux qui pensent qu'il faut poursuivre le processus retiendront que la machine mise en branle par le PS pour désigner son candidat à la présidentielle continue. Les autres s'intéresseront au “aujourd'hui”, qui signifie qu'une suspension n'est pas exclue à l'avenir.
Benoît Hamon s'explique d'ailleurs : “Je ne sais même pas si les charges (contre DSK) seront abandonnées”, et il demande du temps pour faire le tri entre les commentaires et ce qui sera “confirmé par la justice américaine”.
Un wait and see qui plaira sans doute à Ségolène Royal, autre concurrente sur la ligne de départ : “si Dominique est innocent, d'abord il a subi un préjudice effroyable, il va falloir qu'il se reconstruise”, pense-t-elle. “Il a le temps de réfléchir et de nous dire ensuite ce qu'il souhaite. Laissons-le reprendre son souffle”, ajoute la candidate de 2007. Et, histoire de parler un peu d'autre chose que du PS, elle se demande si Dominique Strauss-Kahn “va retrouver sa dignité et sa place au sein du Fonds monétaire international”.
Des strauss-kahniens dispersés
Logiquement, les impatiences les plus fortes s'expriment dans le camp strauss-kahnien, qui espère une reconstruction après l'implosion de ces derniers mois. Hier encore, les amis de DSK en étaient encore à choisir, la mort dans l'âme, leur champion de substitution. Michèle Sabban, vice-présidente d'Ile-de-France a demandé la suspension immédiate des primaires, mais elle était un peu seule sur cette ligne. Mais un autre proche pronostiquait que “le dispositif politique était complètement bouleversé”.
“Ceux qui sont en difficulté, ce sont les strauss-kahniens qui ont rallié Hollande!”, raille un aubyiste, allusion à la voie “légitimiste”, qui suivait la logique du pacte Aubry-Strauss-Kahn. Pierre Moscovici est de ceux-là. Il venait de s'engager au côté de François Hollande. Il est plus prudent, et préconise lui aussi d'attendre. Il refuse toute “spéculation à chaud”. “J'attends la décision de la justice (...) que son innocence soit démontrée, son honneur retrouvé”, ajoute le député du Doubs. “Attendons cet après-midi et l'issue de l'audience chez le procureur”, tempère la députée d'Indre-et-Loire, Marisol Touraine, elle aussi partisane de François Hollande. Le camp strauss-kahnien, dispersé “façon puzzle”, n'a pas non plus intérêt à voir la primaire s'interrompre séance tenante.
Grégoire Lecalot, avec agences
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