Dix milliards d'euros de niches fiscales et sociales seront supprimés à l'automne, a annoncé l'Elysée vendredi
Cette annonce a été faite à l'issue de la réunion à Brégançon entre Nicolas Sarkozy, le Premier ministre François Fillon et ses ministres de l'Economie et du Budget, Christine Lagarde et François Baroin.
Ce dernier a indiqué de son côté qu'il faudrait "trouver 3 à 3,5 milliards d'euros supplémentaires", en plus des 10 milliards déjà annoncés.
La réunion était consacrée aux "perspectives de croissance", à "l'évolution du déficit public" et au budget 2011.
"Le Président a indiqué que la réduction du déficit public à 6% du PIB en 2011, quelque soit le niveau de la croissance, constitue un objectif majeur pour le pays", indique le communiqué.
"La réduction du déficit public doit être obtenue en réduisant en priorité la dépense publique. Ni l'impôt sur le revenu, ni la TVA, ni l'impôt sur les sociétés ne seront augmentés", indique le texte. "D'éventuels surcroîts de recettes seront intégralement affectés à la réduction du déficit", ajoute encore la présidence.
A l'issue de la réunion, le ministre du Budget François Baroin a assuré que les niches soutenant l'économie seront épargnées. "Dix milliards, c'est vraiment un effort très substantiel", a-t-il dit sur RTL. "Est-ce qu'on va épargner dans le rabot sur les niches sociales et fiscales tout ce qui est créateur d'emploi, tout ce qui est pertinent, tout ce qui soutient l'économie ? La réponse est oui", a-t-il ajouté.
Prévisions de croissance revues à la baisse
L'Elysée a revu à la baisse sa prévision de croissance pour 2011, à 2% contre 2,5% précédemment, tout en estimant que sa prévision pour 2010 (1,4%) serait "atteinte ou dépassée". La prévision pour 2011 était jugée "trop optimiste" par le FMI, qui estime que "La France devra faire des efforts supplémentaires" pour ramener le déficit dans les clous des critères de Maastricht (3% du PIB) d'ici à 2013.
Nouvelle réunion au sujet de la Sécurité sociale en septembre
Le chef de l'Etat a également annoncé qu'il réunira "le Premier ministre et les ministres chargés des finances, des affaires sociales, de la santé et du budget en septembre, dès que les prévisions de masse salariale de l'Agence centrale des organismes de Sécurité sociale (ACOSS) seront disponibles, pour déterminer l'équilibre du projet de loi de financement de la sécurité sociale".
Tête à tête Sarkozy-Fillon
Nicolas Sarkozy et son Premier ministre François Fillon sont restés pour un long tête-à-tête au Fort de Brégançon après le départ des autres participants à la réunion consacrée aux questions économiques et budgétaires, a indiqué une source proche du chef de
l'Etat.
Cette réunion entre les deux hommes s'est tenue sur fond de rumeurs sur un éventuel départ du Premier ministre à l'occasion du grand remaniement prévu par l'Elysée à la rentrée, et son possible remplacement par l'actuelle garde des Sceaux Michèle Alliot-Marie.
Un budget 2011 pas facile à boucler
Avec cette réunion de Brégançon, Nicolas Sarkozy entendait "anticiper le retour des vacances et être prêt pour le premier conseil des ministres", le 25 août.
La préparation du budget 2011 constitue en effet le grand sujet sensible de la rentrée avec le dossier de la réforme des retraites. Le budget 2011 sera "très difficile", avait d'ailleurs prévenu le Premier ministre, pour répondre à l'objectif draconien fixé par le président: ramener le déficit public de 8% du produit intérieur brut (PIB) cette année à 6% en 2011.
Au moins 13 milliards d'économies à trouver
François Baroin a déclaré à l'issue de la réunion de Brégançon que la baisse annoncée de prévision de la croissance de l'économie française pour 2011 (à 2% au lieu de 2,5% auparavant) oblige à trouver entre 3 et 3,5 milliards d'euros supplémentaires "d'ici la fin du mois de septembre".
Le ministre du Budget a jugé que cet objectif "est parfaitement atteignable". Il n'a pas précisé où il comptait trouver ces fonds, mais il a souligné qu'une embellie sur le front de l'emploi permettrait d'engranger des recettes supplémentaires.
Le gouvernement avait déjà annoncé son intention de procéder à un "coup de rabot" sur les niches fiscales afin de tenir ses engagements de réduction des déficits, l'objectif étant pour l'Etat de récupérer de l'ordre de 10 milliards d'euros. Ce montant sera donc majoré de 3 à 3,5 milliards d'euros.
A Brégançon, chacun avait sans doute à l'esprit . Selon cette agence, la France, ainsi que les Etats-Unis, l'Allemagne et la Grande-Bretagne se sont encore rapprochés du moment où ils pourraient perdre leur note maximale "AAA", en raison de leurs difficultés budgétaires...
Le PS dénonce "un coup d'esbroufe"
"Une nouvelle fois, les mesures annoncées sont loin d'être à la hauteur et cette réunion de travail s'apparente surtout à un énième coup de communication", déclare le secrétaire national socialiste à l'économie, Michel Sapin, dans un communiqué au nom du PS.
"Après l'esbroufe sur la sécurité, voilà l'esbroufe sur la croissance de l'économie et la baisse des déficits", ajoute le député de l'Indre. Selon lui, le gouvernement s'obstine à "surestimer la croissance pour 2011".
"C'est la rigueur qui s'avoue, c'est l'esbroufe qui se confesse et Nicolas Sarkozy a été obligé d'avouer pour cette rentrée qu'il avait menti sur les prévisions de croissance
prévues jusqu'alors", a déclaré pour sa part sur iTélé Pierre Moscovici, député du Doubs.
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