Crise : Fillon en appelle au livret A
Placer son argent dans l’immobilier ? Pas le moment. A la Bourse ? Mieux vaut être expert en ces temps agités ? Dans des placements bancaires ? Les banques elles-mêmes ne se font plus confiance entre elles. Alors que reste-t-il ? Le livret A.
_ Valable ou pas, de nombreux Français semblent avoir tenu ce raisonnement ces derniers mois. Un réflexe favorisé par le fait que sa rémunération a été revalorisée au 1er août dernier pour passer à 4%.
Il faut dire qu’en ce moment, il possède quelques charmes de nature à caresser l’épargnant inquiet dans le sens du poil. Sûr car garanti par l’Etat, il est en plus défiscalisé. Pas besoin d’en dire plus. La collecte de 2008 atteint déjà des niveaux historiques. Les sommes déposées sur ce produit d'épargne ont bondi de 9,8% en un an à 128 milliards d'euros.
Une telle manne a de quoi tenter un Premier ministre à la recherche d’oxygène financier. Confronté à un projet de budget 2009 serré, l’Etat enfile le bleu de chauffe pour trouver de quoi faire face à la crise financière qui menace et à la crise économique qui se profile. Le sauvetage de Dexia a déjà été périlleux (financé en partie par les privatisations, en partie par des emprunts), et d’autres interventions seront peut-être nécessaires dans les prochains mois.
Dans une interview au journal Les Echos, François Fillon propose donc de se servir dans les excédents de collecte du livret A, soit une somme de 20 à 30 milliards d'euros, selon le directeur de la Caisse des dépôts.
Il s’agirait d’en réaffecter une partie à l’économie, c'est-à-dire à des aides aux entreprises pour qu’elles surmontent la crise. Une réaffectation qui ne toucherait en rien les économies des épargnants. Nicolas Sarkozy pourrait officialiser la mesure d’ici la fin de la semaine.
_ Une option qui paraît surprenante, puisque ces excédents de collecte sont normalement dévolus au logement social. Le Premier ministre assure que les volumes déposés sur les livrets A dépassent les besoins du logement social.
D’autant plus que l’inversion de tendance du livret A a beau être spectaculaire, elle n’en est pas moins récente. Fin 2007 encore, un rapport de Michel Camdessus, chargé d’une mission de modernisation du livret A, estimait que sa collecte était en perte de vitesse depuis 20 ans, alors que les besoins du logement social explosaient. Rapport écrit tout spécialement à l’intention du… Premier ministre.
Grégoire Lecalot, avec agences
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