Cahuzac : les présidents des commissions des finances "pas convaincus" par les arguments de Bercy
Le ministre de l'Economie
et des Finances, Pierre Moscovici, savait-il depuis plusieurs mois que Jérôme
Cahuzac avait eu un compte en Suisse ? C'est en tout cas ce qu'affirme
l'hebdomadaire Valeurs actuelles dans son numéro paru jeudi ; et
c'est ce que tentent de vérifier Gilles Carrez et Philippe Marini,
présidents respectifs des commissions des finances de l'Assemblée nationale et
du Sénat.
Les deux parlementaires UMP ont passé près de deux heures au ministère de l'Economie, à Bercy, où ils entendent demander l'accès aux documents de l'administration fiscale, y compris ceux qui sont couverts par le secret. A leur sortie, ils se sont dit "peu convaincus " par les arguments de Bercy, tout en reconnaissant qu'il était "peu probable " qu'une mission secrète en Suisse ait été menée, comme le prétend Valeurs Actuelles.
Plus tôt dans la journée, dans un courrier adressé à Pierre Moscovici, Gilles Carrez avait écrit : "Compte tenu de la gravité de cette affaire (...) il m'apparaît nécessaire que la commission des Finances vous entende ".
Confirmant des informations de son entourage proche, Pierre Moscovici a annoncé, à l'issue de cette réunion, son intention de porter plainte en diffamation contre le magazine Valeurs Actuelles .
Une enquête lancée dès
le 7 décembre ?
Selon Valeurs
Actuelles, Pierre Moscovici savait "avant le 31 décembre 2012 "
que Jérôme Cahuzac avait été bénéficiaire d'un compte en Suisse. Une enquête
aurait été lancée par le ministre de l'Economie trois jours seulement après les
premières révélations de Mediapart, pour vérifier l'existence – ou non – de ce
compte en Suisse. La réponse, positive, serait arrivée avant la fin du mois de
décembre. Ce compte aurait même "recelé plusieurs sous-comptes ",
toujours selon les assertions de Valeurs Actuelles .
Après la publication de
ces informations, Pierre Moscovici a formellement démenti l'existence de cette
enquête : "L'administration fiscale n'a jamais diligenté, contrairement
aux valeurs mensongères de Valeurs actuelles, de vérification en terre
helvétique, ni a fortiori de mission secrète en Suisse pour vérifier les
informations de Mediapart ", affirme un communiqué du ministère.
Le patron du fisc dément "formellement "
Pierre Moscovici s'est une nouvelle fois défendu, à l'occasion des questions au gouvernement au Sénat : il y a assuré qu'il était "un ministre intègre " qui n'a "rien à se reprocher ". "Prenons garde à essayer de transformer la faute d'un homme en attaque contre un gouvernement, contre un ministre intègre ", at-t-il déclaré.
Le patron de l'administration fiscale Bruno Bézard, lui aussi, a "formellement " démenti avoir lancé "une mission secrète en Suisse ", contrairement à ce que dit l'hebdomadaire. "Aucune réponse n'est parvenue ni formellement ni informellement avant la date du 31 janvier 2013, à la question qui a été posée le 24 février précédent ", affirme-t-il.
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