Bernard Bajolet, l’espion en chef de l’Elysée
Le renseignement était jusqu’à présent l’affaire de Matignon, à travers un Comité interministériel dépendant directement du Premier ministre. Mais le Livre blanc en a fait la nouvelle priorité stratégique de la politique de Défense nationale. Avec des moyens renforcés. La tête de pont ne pouvait donc qu’être rapatriée au plus près du chef de l’Etat, qui aura désormais la haute main sur les "services".
Et c’est à un homme rompu aux missions délicates qu’est confiée la charge ultra-sensible de coordonner l’action des différents services français du renseignement. Avec en ligne de mire, la menace terroriste qui n’a jamais été aussi élevée depuis dix ans. Charge ultra-sensible sur le fond comme sur la forme : les services de renseignement intérieur (DCRI), extérieur (DGSE) et militaire (DRM) qui dépendent de plusieurs ministères, se font plus souvent concurrence qu’ils ne font cause commune.
Bernard Bajolet, 59 ans, devra faire montre de cette diplomatie hors pair qu’on lui prête. Homme de dialogue, homme de patience, homme d’action aussi. L’Ambassadeur de France en Algérie depuis l’automne 2006 a fait l’école de la "diplomatie en gilet pare-balles". Ce grand spécialiste du monde arabe où il a fait l’essentiel de sa carrière, a eu à gérer à deux reprises, lorsqu’il était en poste en Irak, une crise provoquée par l’enlèvement de journalistes français (Christian Chesnot et Georges Malbrunot, puis Florence Aubenas).
Dans les deux cas, la prise d’otages a connu un dénouement heureux. Et c’est à travers ces faits d’armes de diplomate-espion que Bernard Bajolet a réussi à gagner la confiance des politiques et des services.
Gilles Halais
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