"Ça créerait encore plus de désordre" : pourquoi le PS ne sanctionne pas Valls, malgré son soutien à Macron
Dans une lettre adressée aux militants socialistes, le patron du PS, Jean-Christophe Cambadélis, explique la position du parti.
La réaction a d'abord été bien timorée. Deux heures après l'annonce du soutien de Manuel Valls à Emmanuel Macron, mercredi 29 mars, Jean-Christophe Cambadélis est apparu très prudent. "Je suis triste de ne pas avoir réussi à convaincre Manuel Valls de ne pas soutenir Emmanuel Macron", a écrit le premier secrétaire du PS dans un communiqué, avant d'appeler "tous les socialistes au calme". A ce moment-là, aucune mention n'est faite quant à une éventuelle sanction voire exclusion du parti.
>> Lâché par Valls, Hamon est en meeting à Lille : regardez son discours
Il faudra attendre l'après-midi pour en savoir plus. Dans une lettre aux militants, bien plus longue que son message à la presse, Jean-Christophe Cambadélis se montre plus disert. Et répond explicitement à ceux qui l'interrogent sur ces socialistes passés à En marche !
"Il ne peut pas y avoir deux poids deux mesures"
"Les tenants de la Saint-Barthélemy sont toujours de très mauvais conseillers. Il faudrait stigmatiser, exclure, couper", accuse d'abord le patron du PS, avant de demander : "Qui peut croire que ce nouveau feuilleton servirait notre candidat ? Qui peut penser que ces purges favoriseraient les élections législatives ?" Pour Jean-Christophe Cambadélis, "ce n'est pas au Parti socialiste d'être comptable des manques individuels de certaines de ses personnalités".
Ceux qui ont rejoint En marche ! ne sont donc plus au Parti socialiste. Il n'y a pas de double appartenance.
Jean-Christophe Cambadélis, Premier secrétaire du PSLettre aux militants socialistes
Corinne Narassiguin, porte-parole du PS, explique à franceinfo : "Ça créerait encore plus de désordre et d'affaiblissement. Et puis les exclusions, ce n'est pas le fait du prince. Ce n'est pas à Cambadélis de faire ça." Elle refuse de "polluer une campagne compliquée par des chasses aux sorcières" au détriment du "fond". "On ne peut pas rajouter de la confusion à la confusion", renchérit Rachid Temal, secrétaire national à la coordination et l'organisation du PS.
Olivia Polski, secrétaire nationale en charge de la communication et des réseaux sociaux, rappelle, elle, l'absence de sanctions contre les frondeurs qui avaient déposé une motion de censure à gauche contre le 49.3 : "Il ne peut pas y avoir deux poids deux mesures. Il faut que la règle ne soit pas à géométrie variable."
"Notre ennemi, c'est la droite et l'extrême droite"
Mais comment comprendre que Manuel Valls puisse rester au PS alors que Jean-Christophe Cambadélis a tant de fois brandi la menace d'une exclusion à ceux qui rejoignaient Emmanuel Macron ? "Les personnes comme Valls ou Le Drian ne sont pas dans des démarches d'adhésion à Macron, ils y voient plutôt un outil pour ne pas avoir un deuxième tour Fillon-Le Pen", avance Corinne Narassiguin. "Notre ennemi, c'est la droite et l'extrême droite", affirme de son côté Olivia Polski, qui rappelle que chaque fédération peut saisir la commission fédérale des conflits.
Razzy Hammadi, autre porte-parole du PS, estime aussi qu'"annoncer l'exclusion d'un ancien Premier ministre" n'est pas anodin et que "[leur] candidat n'a pas intérêt à aller" dans ce sens. En même temps, assure-t-il, "il y a des règles et elles doivent être respectées". "Aujourd'hui, Manuel Valls ne peut plus représenter le PS", conclut-il.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.