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Bataille Hollande-Juppé sur le déficit : le compte est-il bon ?

Pour parvenir à l'équilibre budgétaire en 2017, faut-il trouver 90 milliards d'euros comme l'avance Alain Juppé, ou 29 milliards d'euros comme le propose François Hollande ?

Article rédigé par Ilan Caro
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 1 min
François Hollande (à g.) et Alain Juppé débattent sur France 2, le 26 janvier 2012. (AFP PHOTO / FRANCE 2)

Les 29 milliards d'euros de recettes supplémentaires programmés par François Hollande peuvent-ils suffire à ramener l'équilibre budgétaire en 2017, comme il s'y engage ? "Je n'ai rien compris, je dois le dire, à votre programme budgétaire et fiscal", s'est indigné Alain Juppé, jeudi 26 janvier sur le plateau de "Des paroles et des actes", sur France 2. Et l'ancien Premier ministre de démonter les calculs du candidat socialiste : "On part d'un déficit de 4,5 %. Pour arriver à 0 en 2017, il faut trouver 4,5 % de la richesse nationale. La richesse nationale c'est 2 000 milliards d'euros. 2000 multiplié par 4,5 % ça fait 90 et ça fait pas 29. Donc votre compte n'est pas bon."

Alain Juppé critique la politique fiscale de François Hollande (FTVi)


Le raisonnement d'Alain Juppé paraît implacable : pour combler 90 milliards de déficit, il faut 90 milliards d'économies ou de recettes. Mais son calcul ne prend pas en compte les conséquences d'une éventuelle croissance. C'est justement ce sur quoi table François Hollande : 0,5 % en 2012, puis de 1,7 % en 2013, 2 % en 2014, et 2 à 2,5 % les années suivantes. Selon les plans du candidat socialiste, la richesse nationale sera donc en 2017 plus élevée que les 2 000 milliards actuels.

Double tranchant

Or, une richesse nationale plus élevée entraîne mécaniquement une baisse du déficit public, car les rentrées fiscales sont plus élevées. Pour cela, encore faut-il que la croissance soit au rendez-vous, mais personne – ni politiques ni économistes – ne peut le prévoir. Le pari semble donc particulièrement aléatoire.

Mais en réalité, rien n'est possible sans croissance. La "trajectoire" du gouvernement évoquée par Alain Juppé, censée permettre d'atteindre l'équilibre budgétaire en 2016, repose entièrement sur ce même espoir. Dans le plan d'équilibre des finances publiques présenté fin novembre par François Fillon, les prévisions de croissance retenues pour la période 2012-2016 sont comparables, voire légèrement supérieures à celle du candidat socialiste. La critique d'Alain Juppé est donc pertinente, mais elle est à double tranchant : elle vaut aussi pour son propre camp.

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