"Grâce au rugby, on est beaucoup plus soudés qu'avant" : dans les banlieues, le ballon ovale tente une percée auprès des jeunes
A deux ans de la Coupe du monde de rugby en France, la ligue d'Île-de-France vient de lancer un projet pour investir les quartiers populaires, où des animateurs sportifs ont été recrutés.
Le président de la République Emmanuel Macron rencontre lundi 15 novembre les équipes de France féminine et masculine de rugby. Le chef de l'Etat déjeune au centre d'entraînement de Marcoussis (Essonne), notamment avec Antoine Dupont et ses coéquipiers, à cinq jours du match des tricolores face aux All Blacks dans le cadre de la tournée.
Alors que la Coupe du monde de rugby doit se tenir en France en 2023, ce sport séduit de plus en plus mais il lui reste un territoire à conquérir : les banlieues. La ligue d'Ile-de-France vient donc de lancer un projet d'un million d'euros et d'embaucher 24 animateurs sportifs territoriaux pour investir ces quartiers populaires. L'objectif est de démocratiser la discipline.
Des jeunes plus naturellement tournés vers le foot
A Grigny, par exemple, Dora ne savait même pas ce qu'était le rugby jusqu'à peu. "J'étais plutôt tournée vers le foot", raconte l'adolescente de 15 ans. "J'avais une idée du rugby comme étant un sport de brutes, qui fait mal", raconte-t-elle. "Moi aussi, ça me faisait peur", se souvient sa camarade Cédrine. "S'il n'y avait pas eu une action dans mon collège, je n'aurais jamais découvert le club et je ne me serais jamais inscrite."
Effectivement, à Grigny, les jeunes ne vont pas d'eux-mêmes vers le ballon ovale. "C'est compliqué parce que ce n'est pas le sport favori dans les quartiers et les cités", reconnaît Sofiane Faresse. Enfant de Grigny lui-même, il est l'un des 24 animateurs sportifs territoriaux recrutés par la ligue d'Île-de-France. Il multiplie les initiations au pied des cités. "Il faut aller les chercher mais on vient avec deux ou trois ballons et un goûter à la fin", explique-t-il.
Un vecteur éducatif de premier choix
Mais avant même de parler de sport, "il faut montrer que c'est une fratrie de filles et de garçons", affirme Sofiane Faresse. Le rugby est en effet selon Sofiane un vecteur éducatif de premier choix, pour "leur inculquer tous les jours une forme de respect et de cohésion". La tâche n'a pas été simple : "Au départ ce n'était pas gagné. On avait des jeunes qui sortaient du terrain, les insultes fusaient à droite et à gauche."
S'il "y a encore du travail", l'investissement a payé pour les éducateurs. "Avec un regard ou un 'eh !', ils comprennent tout de suite", assure Sofiane Faresse. "Ça crée beaucoup de liens. Grâce au rugby, on est beaucoup plus soudés", confirme Momo. "C'est une deuxième famille", renchérit Kelly.
"Quand on joue ensemble, on crée des amitiés, on fait des soirées ensemble et on apprend à être sociables."
Kelly, joueuse de rugby au club de Grignyà franceinfo
Pour certains, le rugby devient même un moyen de prendre confiance en soi, voire de s'affirmer, notamment pour les filles."On a entendu des belles phrases", ironise Dora, mais "nous, on fait du rugby et on en est fières", dit-elle.
Le rugby réussit peu à peu à se faire une place à Grigny, avec aujourd'hui une quarantaine de licenciés. Le potentiel est énorme en Île-de-France, avec 230 quartiers prioritaires de la politique de la ville dans 160 communes franciliennes. La ligue espère rapidement pouvoir embaucher 20 autres animateurs territoriaux, et attirer quelque 4 000 licenciés supplémentaires d'ici à 2023 ou 2024.
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