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Aux dires des observateurs, plusieurs secteurs clef pourraient être menacés de blocage, à commencer par l'économie

La Chambre des représentants républicaine sera en mesure d'adopter des textes de loi conservateurs à la majorité simple, parmi lesquels des mesures visant à réduire la place de l'Etat et à diminuer les impôts.Mais le Sénat toujours contrôlé par les démocrates sera à même de faire barrage à ces textes.
Article rédigé par France2.fr avec agences
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Le Congrès des États-Unis (AFP - Paul J. Richards)

La Chambre des représentants républicaine sera en mesure d'adopter des textes de loi conservateurs à la majorité simple, parmi lesquels des mesures visant à réduire la place de l'Etat et à diminuer les impôts.

Mais le Sénat toujours contrôlé par les démocrates sera à même de faire barrage à ces textes.

La majorité démocrate pourra ainsi empêcher, par exemple, que soit abrogée la loi de réforme de la santé chère au président Barack Obama et adoptée de haute lutte au début de l'année, ou la réforme de Wall Street. Mais leurs adversaires pourraient contrecarrer la mise en oeuvre de ces textes.

Pour le plus grand bonheur des entreprises ?
Quoi qu'il en soit, le résultat des élections peut en revanche être une aubaine pour des entreprises désireuses d'échapper aux nouvelles contraintes en matière financière. Depuis deux ans, elles n'ont cessé d'assurer que le zèle régulateur des démocrates les dissuadait d'investir et d'embaucher. "La plupart des investisseurs estiment qu'une impasse à Washington sera bénéfique pour les marchés", explique Gina Martin Adams, stratège à la banque Wells Fargo.

En outre, la vive opposition des républicains à la taxation des émissions de gaz à effet de serre pourrait être une bonne nouvelle pour les industries énergétiques. La nouvelle majorité à la Chambre est susceptible d'empêcher l'adoption d'un plan climat instaurant un système de droit d'émissions sur le modèle européen.

Mais alors que l'économie est encore convalescente après avoir été terrassée par la pire crise depuis les années 1930, les entreprises ont toujours besoin de l'aide de l'Etat pour se remettre complètement, rappellent certains experts. "L'administration doit décider du sort qu'elle réserve aux réductions d'impôt de M. Bush avant la fin de l'année", explique le politologue Sean West, du groupe Eurasia, alors que le programme de réduction d'impôts de l'ancien président américain arrive à expiration en 2011.

"Il va falloir prendre plusieurs décisions l'année prochaine sur toute une série de problèmes où le blocage sera probablement la pire des solutions", prédit-il. Les partis démocrate et républicain n'ont pas réussi à se mettre d'accord pour suspendre les réductions d'impôts pour les plus riches. Pour le président Barack Obama, un pays rongé par les déficits ne peut pas se permettre de "réduire les impôts des millionnaires". Ses adversaires politiques au contraire jugent que limiter ces réductions risque de grever la reprise. "Les marchés pourraient préférer un nouveau plan de relance mais on ne risque pas d'en voir un l'année prochaine s'il y a un blocage politique", observe Sean West.

"L'économie est trop fragile pour résister à un blocage" du Congrès, renchérit Ryan Sweet, spécialiste chez Moody's Analytics. A ses yeux, elle pourrait souffrir de l'incapacité des élus américains à réduire la dette. "Des augmentations d'impôts et moins de coupes dans les dépenses seront nécessaires à terme. Mais pas en 2011: la reprise sera encore trop faible pour résister à un serrage de ceinture", observe l'analyste.

Les entreprises sont néanmoins optimistes sur certains points, comme la finalisation d'un accord de libre-échange avec la Corée du Sud, la Colombie, le Panama, une réforme de l'Education, et un rapide compromis sur la questions des impôts. Et un indicateur important laisse penser que d'autres facteurs pourraient avoir de l'influence: "historiquement, l'année suivant les élections législatives de mi-mandat est favorable pour les marchés", rappellent des analystes de Fidelity Investments.

Pas de prime pour les compromis ?
Aux dires de nombreux spécialistes, l'irruption sur la scène politique d'élus du mouvement ultra-conservateur du Tea Party, comme Marco Rubio en Floride et Rand Paul dans le Kentucky, obère les chances d'une coopération des républicains avec le président Obama dans le domaine économique. "La nouvelle moisson d'élus républicains à la Chambre et au Sénat estimera que sa mission est, non pas de passer des compromis et de trouver des accords avec le président Obama, mais plutôt d'anéantir le reste de son programme et de détricoter les réformes de la santé et du système financier", estime Ethan Siegal, analyste au sein de la société The Washington Exchange.

De son côté, le chef de la majorité démocrate au Sénat Harry Reid, l'une des cibles favorites du Tea Party pendant la campagne, ne s'est pas montré enclin aux compromis après sa courte victoire dans le Nevada face à une égérie de la mouvance ultra-conservatrice, Sharron Angle. "La cloche qui vient de sonner n'est pas celle de la fin du combat; c'est celle du commencement d'un nouveau round", a-t-il dit dans son discours de victoire.

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