Après les révélations faîtes mardi par le site Mediapart, toute l'opposition a fustigé le gouvernement
Point d'orgue de cette nouvelle journée de l'affaire Woerth, le coup de colère des députés socialistes qui ont quitté les bancs de l'Assemblée en pleine séance de questions au gouvernement pour protester contre les propos de François Baroin.
Ce dernier accusait les élus PS de faire le jeu de l'extrême droite en harcelant le ministre du Travail.
"Je vous en conjure (...) je vous le demande, au nom d'une certaine
idée que nous avons en partage, de la démocratie, de la République, ne faites pas le jeu de l'extrême droite", a lancé le ministre du Budget, François Baroin provoquant le courroux des socialistes.
Le président du groupe PS, Jean-Marc Ayrault, a ensuite expliqué pourquoi les socialistes avaient quitté l'hémicycle. "Il y a des accusations qui sont inacceptables. Quand nous demandons des explications dans la clarté au gouvernement on nous accuse de faire le jeu de l'extrême droite. Cette phrase de M. Baroin est de trop, elle est insultante, inacceptable", a-t-il dit estimant que l'on était passé "d'une crise morale à une crise politique".
Un gouvernement en perte de légitimité selon l'opposition
Dernier rebondissement en date émanant du site Mediapart, les que le ministre du Travail de la part de Mme Bettencourt pour financer la campagne présidentielle 2007.
Bien que démentie par l'intéressé, l'opposition a rebondi sur cette nouvelle révélation et souligné la légitimité perdue du gouvernement, allant jusqu'à demander un remaniement imminent.
"Je dis et je répète que M. Woerth est en charge d'une réforme qui relève de l'intérêt général -la réforme des retraites- et qu'aujourd'hui, il n'est plus capable, ni en situation, ni légitime pour pouvoir continuer à mener cette mission", a dit le porte-parole du PS, Benoît Hamon, dans un message vidéo sur le site du PS.
"C'est une affaire extrêmement grave", a-t-il ajouté en fustigeant "ce système qui mélange intérêts particuliers et intérêt général".
François Hollande, l'ex-premier secrétaire du PS, qui a évoqué une "crise morale de grande dimension", a également évoqué la légitimité perdue du ministre du Travail.
"Comment voulez-vous que cet homme assiégé de toutes parts puisse aujourd'hui en toute sérénité, changer les règles du droit à la retraite de nos concitoyens?", s'est interrogé M. Hollande à propos d'Eric Woerth. "Il y a un sursaut moral à porter dans le pays", a estimé M. Hollande qui a demandé à l'opposition "de se préparer au redressement moral du pays".
Pierre Laurent (PC), estime mardi que les Français ont la "nausée" devant le "feuilleton affligeant" de l'affaire Bettencourt. Le secrétaire national du PCF réclame "l'abandon" des réformes des retraites et des collectivités territoriales" ainsi que la "suppression" du bouclier fiscal. Selon lui, la politique du gouvernement est "condamnée".
"On découvre ce que les dirigeants de la droite, qui occupent aujourd'hui les plus hautes fonctions de l'Etat, doivent à leurs relations avec les premières fortunes de France. C'est écoeurant!", ajoute-t-il.
Le porte-parole des députés PCF a jugé mardi que "cette réforme des retraites est illégitime". "Celui qui la conduit est dans une posture tellement compliquée aujourd'hui qu'il devrait quitter sa responsabilité d'homme public avant que ce soit le résultat d'un remaniement", a-t-il dit.
Remaniement demandé
François Hollande, l'ex-premier secrétaire du PS, a affirmé mardi sur France 3 qu'un remaniement du gouvernement "s'impose", estimant que "cette équipe [le gouvernement, ndlr] est dévaluée".
Selon le député PS de Paris Jean-Christophe Cambadélis, Nicolas Sarkozy "doit faire face à trois crises: éthique, économique et sociale", déclarant qu'il devait "changer de gouvernement".
Ségolène Royal a affirmé qu'il faudrait sans doute "plusieurs" Kärcher pour "ce qui se passe au niveau du système Sarkozy". "C'est extrêmement grave pour la démocratie, c'est grave pour la République, c'est aussi grave pour l'exemplarité aussi".
Le député Verts Noël Mamère (Verts) a estimé que "nous sommes dans une crise politique, la première chose à faire c'est de procéder à un profond remaniement ministériel". "Ca pue et nous n'avons pas à nous en réjouir", a-t-il ajouté.
De "l'affaire Woerth" à une "affaire Sarkozy"
Le député Verts Noël Mamère (Verts) a jugé mardi que l'affaire Woerth/Bettencourt s'acheminait vers "une affaire Sarkozy qui peut devenir une affaire d'Etat et nous comprenons mieux pourquoi le président de la République et son gouvernement s'attachent avec autant d'obstination à défendre le soldat Woerth", a dit M. Mamère dans les couloirs de l'Assemblée nationale.
La vice-présidente du Front national Marine Le Pen a estimé mardi qu'en tirant sur le "fil Woerth", on "tombe" sur Nicolas Sarkozy. "Les nouvelles révélations de Mediapart ce matin nous permettent de mieux comprendre pourquoi" le président "déploie une telle énergie pour sauver coûte que coûte son ministre Eric Woerth", écrit-elle dans un communiqué.
Pour Marine Le Pen, "ces agissements sont d'autant plus insultants qu'ils se tenaient, selon la comptable, au moment même où le candidat Sarkozy entonnait son refrain sur 'la République irréprochable'".
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