Anne Hidalgo en Polynésie : on vous résume la polémique sur ce voyage lié aux Jeux de Paris et décrié par son opposition

Depuis fin octobre, la maire de Paris est critiquée pour un voyage de trois semaines en Nouvelle-Calédonie et à Tahiti. Un déplacement justifié par une visite d'installations olympiques, mais qui comportait aussi un volet privé.
Article rédigé par franceinfo
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La maire de Paris, Anne Hidalgo, devant les anneaux olympiques sur le parvis de la mairie de la ville, le 25 juillet 2023. (STEPHANE MOUCHMOUCHE / HANS LUCAS / AFP)

Un voyage officiel ou un déplacement avant tout personnel ? La maire de Paris, Anne Hidalgo, s'attire depuis fin octobre les foudres de la droite municipale, en raison d'un voyage en Polynésie française présenté comme "officiel" par son entourage, bien que suivi de vacances. Franceinfo revient sur les reproches formulés par son opposition, ainsi que sur la défense de l'édile. 

1 Le "Canard Enchaîné" attire l'attention sur le déplacement d'Anne Hidalgo en Polynésie

Le Canard Enchaîné publie, le 25 octobre, un article assurant, via des propos attribués au préfet de police de Paris, Laurent Nuñez, qu'Anne Hidalgo est absente de la capitale pour plusieurs semaines. En cause : l'inspection, à Tahiti, des infrastructures pour l'épreuve de surf des Jeux olympiques prévus à Paris en 2024, selon ces propos rapportés.

La maire de la capitale aurait même manqué un comité interministériel prévu le 20 octobre et relatif aux JO en raison de ce déplacement, empêchant la validation du plan de circulation à Paris pour la période olympique, toujours selon les propos attribués au préfet de police. Jointe par BFMTV quelques jours plus tard, la préfecture de police a assuré "ne pas confirmer [les] propos" attribués à Laurent Nuñez par le Canard.

Si l'article de l'hebdomadaire est largement commenté sur X (ex-Twitter), le voyage d'Anne Hidalgo n'avait jusque-là reçu que très peu de couverture médiatique, excepté de la part de médias locaux. Son déplacement est, selon les cas, décrit comme un voyage officiel en lien avec les Jeux olympiques de 2024, ou au contraire, comme un déplacement personnel. Ainsi, le journal télévisé de La 1ère Polynésie, diffusé le 20 octobre, évoque une visite "alimentée par des événements d'ordre personnel", mais qui comporte néanmoins des séquences avec des autorités locales, par "courtoisie républicaine".

2 L'opposition de droite à Paris demande des explications à la maire

"Pour préparer les JO et trancher d'épineuses questions pratiques, il faudra attendre jusqu'à mi-novembre la fin de la tournée festive d'Anne Hidalgo. Ça fera un mois qu'elle est en voyage…", fustige sur X Aurélien Véron, le porte-parole du groupe d'opposition de droite Changer Paris, mené par Rachida Dati, le jour de la publication de l'article du Canard Enchaîné.

Toujours sur le réseau social, le groupe d'opposition dénonce dans les jours suivants les "leçons d'écologie" de la maire de Paris, qui "voyage dans le monde entier aux frais des Parisiens". Le groupe, qui rassemble des élus Les Républicains et apparentés, enfonce le clou en assurant que les "20 voyages dans le monde" effectués par Anne Hidalgo à titre officiel depuis sa réélection en 2020 équivalent, selon ses estimations, à un bilan carbone de "51 tonnes de CO2". "Anne Hidalgo sera en visite officielle à Paris du 14 au 17 novembre", raille-t-il également.

Changer Paris adresse finalement une question écrite à la maire de la capitale, le 30 octobre, lui demandant de "préciser les buts et le programme de ce voyage", ainsi que son "coût" et la répartition de sa prise en charge, entre la mairie et les finances personnelles de l'édile. La polémique dépasse le cercle parisien, le député européen Reconquête, Gilbert Collard, dénonçant sur X des "vacances olympiques".

3 Anne Hidalgo se défend dans la presse, via son entourage

L'entourage de l'édile, interrogé le 30 octobre par BFMTV, estime la polémique "affligeante". Il reconnaît un déplacement de la maire de Paris en Nouvelle-Calédonie et en Polynésie du 16 au 21 octobre, suivi de vacances, pour un retour à Paris le 6 novembre. D'après l'équipe d'Anne Hidalgo, la partie officielle de son programme a notamment comporté une visite de l'île des Pins, en Nouvelle-Calédonie, où plus de 1 300 communards ont été exilés, une visite du site olympique de surf à Teahupoo à Tahiti, ainsi que des rencontres avec des élus locaux.

Egalement jointe par l'AFP, l'équipe d'Anne Hidalgo assure, photos à l'appui, qu'il s'agissait bien d'une "visite officielle". Sur ces photos, qui n'ont pas été publiées sur les réseaux sociaux comme c'est habituellement le cas lors de ce type de déplacements, on voit Anne Hidalgo, accompagnée de ses adjoints en charge des Jeux olympiques et des Outre-mer, Pierre Rabadan et Jacques Martial, avec plusieurs élus polynésiens, dont le président de la collectivité Moetai Brotherson. Mais la présidence de la Polynésie française assure de son côté à l'AFP que cette "séquence" n'était "pas officielle". 

Auprès du Parisien, un proche socialiste de la maire explique, le 2 novembre, l'absence de photos sur les réseaux sociaux par le souhait de ne pas "paraître décalé, vu le contexte. Les gens auraient imaginé une vie dans les lagons, alors que les journées de travail étaient intenses". Un autre proche précise que les vacances de l'édile consistent à rendre visite à sa fille, "qui vient de s'installer dans une île à 45 minutes d'avion de Tahiti, à Raiatea". "Le déplacement en Polynésie a été organisé bien avant ce déménagement. Anne Hidalgo y serait allée dans tous les cas", assure cette source.

4 "Le Parisien" révèle qu'Anne Hidalgo n'a pas visité le site olympique de surf à Teahupoo

Patatras : le 3 novembre, Le Parisien révèle que la principale séquence du voyage de la maire et de son équipe en Polynésie, la visite du site olympique de surf à Teahupoo, à Tahiti, s'est en fait déroulée… sans Anne Hidalgo. 

Cette visite, prévue le 21 octobre, a été reportée "au vu du climat de tension sur place", reconnaît la maire de Paris auprès du quotidien. Des habitants et associations de Teahupoo s'inquiètent en effet des retombées environnementales de l'installation d'une tour des juges en aluminium sur le littoral. Au quotidien, la mairie de Paris assure que la visite, reportée au lendemain, s'est faite sans la présence d'Anne Hidalgo "d'un commun accord avec les autorités locales (…) pour éviter (…) de [susciter] des tensions". C'est alors son adjoint au sport, Pierre Rabadan, qui est chargé de la représenter. L'équipe d'Anne Hidalgo assure par ailleurs que la maire de Paris a pris elle-même en charge le coût lié à son billet de retour.

Des explications qui ne satisfont pas l'opposition de droite parisienne. "Tout prouve que ce déplacement dans le Pacifique sud est un voyage alibi", dénonce David Alphand, vice-président du groupe Changer Paris, dans Le Parisien. "Tony Estanguet [le président de Paris 2024] et la ministre des Sports Amélie Oudéa-Castéra se sont déjà rendus sur place, il y a deux mois. Rien ne justifiait ce déplacement d'Anne Hidalgo qui n'est que la maire de la ville d'accueil. Elle a enchaîné les réunions protocolaires organisées eu égard à sa notoriété, mais n'a pas fait de réunions de travail."

5 L'adjoint au sport d'Anne Hidalgo livre une nouvelle version

Le 4 novembre, Pierre Rabadan défend à son tour Anne Hidalgo dans Le Parisien. "Ce voyage dans ces territoires français était légitime", car "Anne Hidalgo est la maire de (…) la ville hôte des Jeux olympiques 2024" mais aussi la "présidente de l'Association internationale des maires francophones", martèle-t-il, invoquant "une quinzaine de séquences" officielles.

Mais il fournit également une nouvelle version de l'absence d'Anne Hidalgo sur le site de surf de Teahupoo. Selon lui, la maire n'a finalement pas assisté à la visite reportée au 22 octobre, car elle devait rejoindre ce jour-là sa fille pour ses vacances. "Elle aurait pu [repousser son départ], mais il fallait qu'elle change son billet", justifie l'adjoint. Ce dernier, qui ne fournit pas le montant total du voyage, assure que la mairie a payé des billets "en classe économique", et avoir "logé dans des hôtels confortables, mais pas particulièrement luxueux".

"Une énième version du voyage pseudo-officiel. Tous les jours, l'hôtel de ville en débite une nouvelle (…). Madame la maire Anne Hidalgo, vous devez vous expliquer devant les Parisiens !", a tonné dimanche sur X l'élu David Alphand.

6 Anne Hidalgo se justifie une nouvelle fois

"Le sujet a fait réagir, beaucoup de choses ont pu être dites. Les Parisiens sont en droit de disposer d’informations fiables, factuelles et transparentes", a réagi la maire de Paris sur le réseau social X, lundi, en joignant à son message le communiqué de la Ville de Paris. 

La municipalité y défend son déplacement en Nouvelle-Calédonie et en Polynésie. Il avait pour but, selon ce communiqué, de travailler sur trois dossiers : la Nuit blanche, manifestation culturelle qui sera placée en 2024 "sous le symbole des Outre-mer", "l'urgence climatique" et les Jeux olympiques. "La maire de Paris a prolongé son déplacement officiel par un temps privé intégralement pris à sa charge", et elle est rentrée dimanche en payant de sa poche son billet retour, a également ajouté la municipalité.

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