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Cinq idées pour tenter de sauver l'UMP

Les tensions sont toujours aussi vives à l'UMP, à l'occasion du second bureau politique post-crise Bygmalion, mardi. Quelles solutions pour éviter l'implosion ? 

Article rédigé par Kocila Makdeche
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5 min
Le siège de l'UMP, à Paris, où se tient un bureau politique du parti le 10 juin 2014. (MAXPPP)

Bureau politique de l'UMP, deuxième round. Deux semaines après la réunion qui a coûté la présidence du parti à Jean-François Copé, les ténors de l'UMP remettent le couvert mardi 10 juin. L'objectif reste le même : tenter de sauver la formation de droite, qui fait face à une crise majeure depuis les révélations de l'affaire Bygmalion.

Implosion, éclatement… Les termes dramatiques reviennent souvent pour qualifier la situation. "L'UMP est en danger de mort. L'UMP peut mourir !" a alerté le député-maire de Nice, Christian Estrosi, mardi matin sur France Info. Entre jérémiades, batailles de personnalités et menaces de départ, les cadres du parti appellent tous à le sauver du naufrage. Francetv info a recensé cinq propositions pour donner une chance de survie à l'UMP.

1Changer de nom pour passer symboliquement à autre chose

Du passé faisons table rase. Après l'affaire Bygmalion, qui a saccagé l'image du parti, Nathalie Kosciusko-Morizet se dit "favorable à des actes symboliques forts, comme le changement de nom de l'UMP", dans un entretien au Parisien publié mardi. Comme elle, Christian Estrosi approuve l'idée d'un nouveau baptême.

Mais rien ne fait jamais consensus à l'UMP. Invitée mardi matin sur le plateau de France 2, Nadine Morano s'est opposée à la possibilité d'un changement de nom. 

2Vendre le siège de la rue de Vaugirard pour éponger les dettes

C'est l'autre idée avancée par Nathalie Kosciusko-Morizet : "Je souhaite que l'on vende notre siège, rue de Vaugirard. Il est froid, glacial, à présent il rappelle de mauvais souvenirs, et nous avons de toute façon besoin d'argent", affirme la députée de l'Essonne dans Le Parisien. Une possibilité également défendue par Eric Woerth. "Il ne faut pas hésiter à le faire", a-t-il déclaré lors d'un entretien à i-Télé mardi. L'ancien trésorier du parti s'est d'ailleurs toujours opposé à l'achat du bâtiment de 5 500 m2, acquis en 2011, comme le rappelle Le JDD.

Avec un prix d'achat de 40 millions d'euros, la vente du siège de la rue de Vaugirard pourrait permettre de renflouer les caisses du parti et de rembourser une partie des 55 millions d'euros empruntés après les élections de 2012. L'UMP est "quasi au bord de la banqueroute", avoue l'ancien trésorier Dominique Dord à Europe 1. Ses effectifs ont été drastiquement revus à la baisse : le nombre de salariés est déjà passé de 140 à 90. 

3Mettre en place une direction collective pour éviter la guerre des chefs

François Fillon, Alain Juppé, Jean-Pierre Raffarin : le triumvirat doit assurer la présidence de l'UMP à partir du 15 juin et organiser un congrès anticipé en octobre pour désigner un nouveau président. Les trois anciens Premiers ministres ont été désignés lors du précédent bureau politique pour apaiser les tensions. Un "conseil des sages" censé créer le consensus.

Mais il n'en est rien. Interviewé mardi matin par France Info, Christian Estrosi accuse les anciens Premiers ministres de vouloir "caser" leurs proches pour "pouvoir diriger d'ici là l'UMP". "Je leur demande une seule chose : de bien vouloir présider et d'organiser le congrès de la manière la plus neutre possible, sans chercher à l'instrumentaliser à leur bénéfice", a déclaré le député-maire de Nice.


Présidence de l'UMP : Estrosi "n'écarte rien" par FranceInfo

Autre problème : la validité juridique du triumvirat, contestée par plusieurs cadres du parti. "C'est le vice-président Luc Chatel qui doit assurer l'intérim jusqu'au congrès. C'est la seule voie juridique possible", a exigé Nadine Morano, dans un entretien au Parisien. Mais l'ancien ministre de l'Education, comme l'ensemble de l'équipe dirigeante, a quitté ses fonctions après l'affaire Bygmalion. Pour sortir de cette impasse juridique, le triumvirat devait proposer mardi un "compromis" au bureau politique de l'UMP, selon l'Agence France-Presse. Selon cette proposition, qui sera faite aux quelque 50 membres du bureau par Alain Juppé, Luc Chatel serait chargé d'"administrer le parti au nom et avec le triumvirat".

4Définir une ligne politique précise pour reparler du fond

Jusqu'à présent, la question avait été reléguée en arrière-plan. Si tous les cadres partagent aujourd'hui le constat que l'UMP doit redéfinir sa base idéologique, chacun y va de son avis sur la nouvelle orientation à adopter. D'abord, les partisans d'un "recentrage" comme Alain Juppé, pour qui "l'UMP, c'est la droite et le centre". Un avis partagé par Jean-Pierre Raffarin, qui juge que "le rassemblement de la droite et du centre est aussi nécessaire pour qualifier nos candidats au second tour face à un FN tristement conquérant", d'après Le Figaro.

Mais cette volonté de reconquête d'un espace politique que Jean-Louis Borloo a voulu structurer dans une UDI autonome est loin de faire l'unanimité. "Un recentrage de l'UMP n'est vraiment pas la leçon à tirer des résultats des européennes et de la montée du Front national, bien au contraire", estime Guillaume Peltier, cofondateur de la Droite forte. Un virage vers le centre serait "catastrophique", renchérit Thierry Mariani. Pour le député, l'UMP "regarde vers le centre quand ses électeurs regardent à droite". Avant de savoir qui dirigera l'UMP, encore faut-il définir de quoi héritera le prochain président.

5Mettre fin à l'hypothèse Sarkozy pour aller de l'avant

"C'est maintenant ou jamais", a martelé Nadine Morano sur le plateau d'i-Télé. Face à cette UMP décapitée, elle exhorte Nicolas Sarkozy à revenir sur le devant de la scène. "Il n'a pas le choix (...). Nous avons besoin d'un vrai leader, nous avons besoin d'un chef", a insisté la députée européenne.

L'hypothèse d'un retour quasi-messianique de Sarkozy continue de plonger le parti dans le flou artistique. Si certains cadres de l'UMP, comme Nadine Morano ou Brice Hortefeux, sont prêts à dérouler le tapis rouge sous les pieds de l'ancien chef d'Etat pour une candidature à la présidentielle de 2017, d'autres, comme Eric Ciotti, tiennent à des primaires. "Il faut à tout prix préserver les primaires. La seule garantie d'une unicité de candidature au premier tour de la prochaine présidentielle", déclare le député des Alpes-Maritimes dans Le JDD.

Une énième division au sein du parti, déjà ruiné par les batailles de personnes. L'affolement autour d'une possible candidature de Sarkozy en 2017 occupe le débat et congèle les possibilités de sortie de crise. Plongée dans l'attente, l'UMP continue de se disloquer. Pour songer à 2017, elle devra d'abord survivre à cette difficile année 2014. 

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