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L'information judiciaire qui a fait tomber Cahuzac

Selon le parquet de Paris, la voix sur l'enregistrement révélé par Mediapart est probablement celle du ministre du Budget. On y entend un homme évoquer son compte en Suisse.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
L'ex-ministre du Budget, Jérôme Cahuzac, à Bassens, près de Bordeaux (Gironde), le 7 mars 2013. (JEAN-PIERRE MULLER / AFP)

Le coup de grâce. En ouvrant une information judiciaire pour "blanchiment de fraude fiscale" dans l'affaire Cahuzac, mardi 19 mars, le parquet de Paris a certainement précipité la chute du ministre délégué au Budget. Dans un communiqué, le parquet précisait, par ailleurs, que la voix sur l'enregistrement révélé par Mediapart était probablement celle de Jérôme Cahuzac. Retour sur l'information judiciaire qui a fait tomber un ministre.

Pourquoi le parquet ouvre-t-il une information judiciaire ?

Une enquête préliminaire de police visant à déterminer si Jérôme Cahuzac a détenu un compte en Suisse pour dissimuler des revenus au fisc avait déjà été ouverte le 8 janvier.

Mais ces investigations "doivent désormais se poursuivre dans un cadre procédural plus approprié au regard de la complexité des investigations à diligenter, notamment la mise en œuvre complète de l'entraide répressive internationale, en Suisse, mais aussi à Singapour", explique le parquet.

Une suite logique, selon le journaliste de France 2, Amaury Guibert.

L'information judiciaire qui vient d'être ouverte contre X vise les chefs d'accusation de "blanchiment de fraude fiscale" mais aussi de "perception par un membre d'une profession médicale d'avantages procurés par une entreprise dont les services ou les produits sont pris en charge par la Sécurité sociale, blanchiment et recel de ce délit".

Que reproche Mediapart à Cahuzac ?

Mediapart, enregistrement à l'appui, affirme que Jérôme Cahuzac a détenu un compte bancaire caché chez UBS, en Suisse. Il aurait été clôturé en 2010 et les avoirs auraient été transférés, via des montages complexes, à Singapour. Problème : difficile d'identifier la voix de l'ex-ministre sur l'enregistrement. "Je n'ai pas, je n'ai jamais eu de compte à l'étranger. Ni maintenant, ni avant", s'est défendu Jérôme Cahuzac devant les députés.

Sur Twitter, le président de Mediapart, Edwy Plenel s'est félicité de la décision du parquet de Paris.

L'enregistrement est-il authentifié ?

Contrairement à ce que semble dire Edwy Plenel, l'enregistrement n'est pas tout à fait authentifié. La police technique et scientifique (PTS) a comparé la voix avec celle de Cahuzac et estimé que "le résultat de notre analyse renforce l'hypothèse que Jérôme Cahuzac est le locuteur inconnu", selon le parquet. "Ça me fait chier d'avoir un compte ouvert là-bas, l'UBS c'est quand même pas forcément la plus planquée des banques", dit l'homme à un interlocuteur non identifié dans cet enregistrement, diffusé par Mediapart et datant, selon le site, de la fin de l'année 2000.

En décembre, Europe 1 expliquait qu'"il sera impossible de garantir à 100% le résultat" d'une comparaison entre la voix de l'enregistrement et celle du ministre. Un ingénieur acoustique expliquait à la radio que "dans l'état actuel des connaissances, la voix n'est pas un paramètre biologique fiable. Il n'y a pas d'empreinte digitale de la voix".

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