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Procès Tapie : c'est "le procès de la fraude" mais pas celui "des commanditaires"

Le journaliste Laurent Mauduit, auteur d'une enquête sur l'affaire Tapie, a déploré sur franceinfo l'absence de certains protagonistes au procès.

Article rédigé par franceinfo
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L'homme d'affaires Bernard Tapie arrivant au tribunal correctionnel de Paris le 11 mars 2019. (AFP)

Le procès de Bernard Tapie, qui s'est ouvert lundi 11 mars devant le tribunal correctionnel de Paris, "va être le procès de la fraude, mais cela ne sera pas le procès des commanditaires de la fraude", a réagi lundi sur franceinfo le journaliste de Mediapart Laurent Mauduit, auteur de Tapie, le scandale d’État (éd. Stock, 2013). Selon le journaliste, dans l'ordonnance de renvoi en correctionnelle, "il n'y a que certains des acteurs de la fraude qui ont été renvoyés" : Bernard Tapie, son avocat et l'un des arbitres. "Il n'y a pas tout le monde", assure Laurent Mauduit. Selon lui, il manque l'ancien avocat Jean-Denis Bredin, membre du tribunal arbitral, "qui reçoit en 2005, deux ans avant l'arbitrage, une lettre de l'avocat de Bernard Tapie lui demandant son avis avant le passage de l'affaire devant la Cour de cassation. Quand l'arbitrage commence, il ne dit le dit pas".

L'absence de Nicolas Sarkozy questionnée

Mais ce qui surprend le plus le journaliste, c'est que des personnalités ne sont pas renvoyées devant la justice. Il cite Claude Guéant, alors secrétaire général de l'Élysée. "Lors du lancement de l'arbitrage, l'arbitrage interministériel se passe dans le bureau du secrétaire général de l'Elysée", souligne Laurent Mauduit, qui ajoute que l'ancien président de la République Nicolas Sarkozy n'est pas renvoyé non plus. "Le statut pénal ne le permet pas. Sauf que la mise en œuvre de l'arbitrage se passe dans le premier semestre de 2007, avant même l'alternance politique. Tapie rencontre Sarkozy sept fois."

On sent que les juges n'ont pas voulu remonter trop haut dans les responsabilités.

Laurent Mauduit

à franceinfo

Le procès qui s'ouvre aujourd'hui ne signifie pas la fin de l'affaire, estime-t-il. "Dans cette affaire, il y a un secret. Tout le monde sait que c'est Nicolas Sarkozy qui a donné l'instruction d'aller à l'arbitrage. Il y a un secret dans l'affaire. Pourquoi on rend ce service invraisemblable de lancer un arbitrage au moment où l'État est en train de gagner la confrontation judiciaire" ? "C'est le procès de la justice qui a été détourné", affirme le journaliste.

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