La police a perquisitionné toute la journée de mercredi au domicile de Liliane Bettencourt à Neuilly-sur-Seine
La perquisition, achevée en fin d'après-midi, avait été ordonnée par la juge Isabelle Prévost-Desprez, qui ne s'est pas rendue sur place.
La magistrate instruit un supplément d'information dans le cadre de la procédure engagée contre l'artiste François-Marie Banier pour abus de faiblesse sur la milliardaire, héritière de l'Oréal.
Liliane Bettencourt, qui est en vacances à Majorque (Espagne), a vivement réagi dans un communiqué. "Je suis outrée et choquée, blessée et triste de voir ma vie privée étalée et violée de nouveau", peut-on y lire.
A la recherche des "petits bouts de papier"
Selon une source proche du dossier, la perquisition visait notamment à rechercher des mots sur des bouts de papier que les proches de Mme Bettencourt auraient pris l'habitude de faire apprendre par coeur à l'héritière de l'Oréal avant ses rendez-vous importants.
Selon Le Monde daté de jeudi, l'ex-femme de chambre a révélé mardi aux policiers l'endroit où se trouvaient les bouts de papiers, que les enquêteurs croyaient détruits. Selon le quotidien, la juge chercherait aussi à vérifier "si certaines oeuvres d'art n'auraient pas quitté le domicile de Mme Bettencourt pour celui de M. Banier".
L'avocat de Liliane Bettencourt, Me Georges Kiejman a indiqué qu'il n'avait "pas été informé de cette perquisition". "Je suis scandalisé, mais pas étonné, connaissant les façons de procéder de Mme Prévost-Desprez, dont j'ai déjà dénoncé la partialité", a-t-il ajouté. "Je trouve tout cela d'une brutalité inouïe et je réfléchis aux moyens de faire sanctionner" la juge, a-t-il conclu.
La juge Prévost-Desprez a ordonné le 1er juillet un supplément d'information lors du renvoi sine die du procès de François-Marie Banier, afin d'enquêter sur les enregistrements clandestins de conversations réalisés entre mai 2009 et mai 2010 chez Liliane Bettencourt. L'avocat de la milliardaire a formé un appel contre ce supplément d'information.
La magistrate, en conflit ouvert avec le procureur de Nanterre, Philippe Courroye, doit avancer rapidement dans ses investigations, avant que la cour d'appel de Versailles ne se prononce le 14 septembre sur ce recours en annulation déposé par Me Kiejman.
Sa cliente avait été entendue le 26 juillet à son domicile par les policiers de la brigade financière dans le cadre des investigations conduites par le parquet de Nanterre depuis la révélation des enregistrements. Les policiers ont ensuite perquisitionné le bureau du secrétariat de Liliane Bettencourt.
La Banque de France a mené une enquête
La Banque de France a mené une enquête concernant des mouvements de fonds suspects sur un des comptes de la milliardaire Liliane Bettencourt, portant sur des retraits en espèces pouvant atteindre 145.000 euros en un mois, indique mercredi le site internet de Paris-Match.
La Banque de France avait ouvert une enquête à ce sujet via l'Autorité de contrôle prudentiel (ACP), chargée notamment de la supervision des banques, selon Paris Match. Cette enquête avait été ouverte avant la révélation en juin par le site Mediapart d'enregistrements pirates réalisés de mai 2009 à mai 2010 par le maître d'hôtel de Mme Bettencourt , selon le journal, qui ne cite pas ses sources. "Elle serait aujourd'hui terminée", précise Paris Match.
L'ACP voulait savoir si une des banques de Mme Bettencourt "avait bien rempli ses obligations prudentielles, notamment celle de signaler à Tracfin, la cellule française contre le blanchiment, les 'flux atypiques' sur un compte bancaire", indique Paris Match. "Malgré des retraits en espèces pouvant atteindre 145.000 euros en un mois, Tracfin n'a jamais été alerté de la situation des comptes bancaires de Liliane Bettencourt ", poursuit le journal. L'ACP a la possiblité de sanctionner les banques, jusqu'au retrait d'agrément.
BNP Paribas, principale banque de la milliardaire, interrogée par Paris Match, n'a pas souhaité faire de commentaire.
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