Affaire Karachi : le témoignage d'un "porteur de mallettes" de Balladur
"Tous les trois jours environ, j'allais déposer de l'argent liquide, dans une mallette, au Crédit du Nord" raconte Alexandre Galdin, alors employé par l'Association de financement de la campagne d'Édouard Balladur (Aficeb). Se définissant comme une "petite main" de la campagne présidentielle, il a été entendu le 25 février dernier par le juge Renaud van Ruymbeke selon Le Parisien.
"En tout, entre le 13 mars et le 24 avril, j'ai dû procéder à vingt-deux dépôts " déclare Alexandre Galdin. Les montants transportés pouvaient "aller de 100 francs à près de 500.000 francs " (environ 75.000 euros), détaille Alexandre Galdin sur France Info. “Je pensais que c'étaient des fonds secrets dont tout le monde savait que M. Balladur bénéficiait”.
Il évoque également un dépôt plus important "peut-être trois millions de francs", effectué le 26 avril 1995 : "Ce matin là, quand je suis arrivé au siège de l'association à 9 heures, nos bureaux étaient recouverts de hautes piles de billets de 500 francs. Un spectacle incroyable. J'étais stupéfait. "Qu'est-ce que c'est ?", ai-je demandé. La réponse qu'on m'a faite, en substance, c'était : "Ne pose pas de questions". Et je n'en ai pas posé", raconte Alexandre Galdin.
Il aurait été accompagné ce jour là à la banque par le trésorier de campagne d'Édouard Balladur, René Galy-Dejean. Ce dernier a été entendu comme témoin assisté le 15 février par le juge Van Ruymbeke.
Questions sur l'origine des fonds
Aujourd'hui âgé de 43 ans, il a fait part, selon Le Parisien, de ses doutes quant à l'origine des fonds au juge Van Ruymbeke : "Je pensais alors qu'il s'agissait de fonds secrets de Matignon. Tout le monde, au QG, le subodorait".
Selon lui "même si nous n'en parlions pas à l'époque, la thèse selon laquelle cet argent liquide pourrait provenir de rétrocommissions liées aux contrats d'armement me paraît également plausible. En tout cas, elle doit être explorée".
L’enquête du juge Van Ruymbeke s’interroge sur l’existence d’éventuelles rétrocommissions liées à la vente de sous-marins au Pakistan, qui auraient été destinées au financement de la campagne d’Edouard Balladur. Pour l'ancien Premier ministre, les allégations de financement politique occulte sont "parfaitement infondées".
Le candidat à la présidentielle de 1995 avait affirmé que les fonds pouvaient provenir de meetings et de quêtes. Une version balayée par Alexandre Galdin : "Les explications d'Édouard Balladur, à cet égard,
sont évidemment mensongères".
L'ancien membre de l'Aficeb, juge le financement de la campagne de 1995 : "politiquement inavouable et moralement condamnable, mais je ne me sentais pas, alors, dans l'illégalité".
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