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Vidéo Affaire Bygmalion : le directeur de la campagne 2012 de Nicolas Sarkozy parle pour la première fois dans "Complément d’enquête"

Publié Mis à jour
Durée de la vidéo : 3 min
Complément d'enquête. Bygmalion Lambert
Complément d'enquête. Bygmalion Lambert Complément d'enquête. Bygmalion Lambert
Article rédigé par France 2
France Télévisions

Au printemps 2012, deux alertes auraient été transmises à Nicolas Sarkozy concernant des dépenses de campagne excessives. A quelques jours de l'ouverture prévue du procès Bygmalion, dans lequel il est mis en examen pour financement illégal de campagne électorale, "Complément d'enquête" diffuse un témoignage inédit... et embarrassant pour l'ancien président : celui de Guillaume Lambert, qui était son directeur de campagne.

C'est un témoignage qui pourrait mettre Nicolas Sarkozy en difficulté. Alors que le procès Bygmalion devrait s'ouvrir dans quelques jours, le directeur de sa campagne 2012 a accepté de témoigner pour la première fois dans "Complément d'enquête".

Guillaume Lambert était le supérieur de Jérôme Lavrilleux, celui qui a "craqué" à la télévision en 2014 et révélé les dessous du financement de la campagne électorale : un système de fausses factures servant à maquiller les dépenses allant au-delà du plafond autorisé par la loi française (22,5 millions d'euros pour le second tour en 2012). Selon les enquêteurs, celle de Nicolas Sarkozy aurait coûté près de 43 millions d’euros... presque le double.

Toujours selon les enquêteurs, au moins 18 millions d’euros auraient été dissimulés du compte de campagne officiel en étant secrètement pris en charge par l’UMP à l’aide de fausses factures émises par la société Bygmalion.

"Tout ce système que Jérôme Lavrilleux a révélé, il m'a été dissimulé"

Qui était le commanditaire de cette fraude ? C'est, entre autres, ce que le procès Bygmalion devra déterminer. L'ancien directeur de campagne affirme que lui-même ne savait rien de ce système de fausses factures. 

C'est la première fois que Guillaume Lambert s'exprime publiquement. Ce haut fonctionnaire est un préfet hors cadre. Il semble très mal à l'aise, visiblement effrayé à l'idée d'être bientôt jugé pour escroquerie. A l'image de Franck Attal, l'organisateur chez Bygmalion des meetings de Nicolas Sarkozy, lui aussi mis en examen, il est persuadé de servir de fusible à une classe politique qui savait tout, mais n'assume rien.

"La première note, le 7 mars, nous enjoint de corriger la trajectoire"

Les documents que Guillaume Lambert a remis au juge pourraient en tout cas être retenus à charge contre l'ancien président. Il s'agit de notes révélant que les experts-comptables de la campagne ont très vite prévenu le staff du candidat de l'explosion des dépenses. Nicolas Sarkozy, lui, conteste avoir été alerté.

La première note, datée du 7 mars selon le témoignage de l'ancien directeur de campagne, leur "enjoint de corriger la trajectoire". Il en a "bien sûr" parlé au président-candidat, affirme-t-il. Il lui aurait également "indiqué la nécessité de faire des économies dans la campagne, de réduire un certain nombre de postes de dépense..."

"Une interdiction absolue d'engager des dépenses supplémentaires"

Cette note très explicite, avec "interdiction absolue d'engager des dépenses supplémentaires" ne sera pas respectée : les dépenses continuent à s'envoler. Alors les experts-comptables s'adressent cette fois directement à Nicolas Sarkozy, par écrit. "Comme toutes les notes qui lui étaient destinées, je lui ai passée", affirme Guillaume Lambert, assurant lui en avoir "également parlé". Nicolas Sarkozy, lui, soutient qu'il n’a jamais été prévenu du dérapage du coût de sa campagne.

La justice estime quant à elle que l'ancien président a été mis au courant de ces alertes comptables, mais qu'il est passé outre, en décidant personnellement de multiplier les meetings...

Extrait de "Le secret qui a fait exploser la droite", un document de Tristan Waleckx, Fabrice Lhomme et Gérard Davet (La Feelgood Company) à voir dans "Complément d'enquête" le 11 mars 2021.

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