Accusations de viols contre Damien Abad : Mediapart révèle de nouveaux témoignages
Damien Abad n'a pas répondu au site d'investigations mais a réagi après la publication de l'article, mardi soir. Le ministre des Solidarités évoque des "allégations" qu'il "réfute catégoriquement".
Damien Abad va-t-il conserver son siège gouvernemental après ces nouvelles accusations ? Après une première vague de témoignages, Mediapart (article abonnés) en révèle de nouveaux, mardi 14 juin. Le site d'investigations donne notamment la parole à une ancienne miss "Pays de l'Ain" ou une femme qui, pour l'article, se fait appeler Laëtitia, une élue centriste.
"Aujourd'hui je ne peux plus me taire. Si je parle, c'est pour que ça s'arrête, qu'il ne puisse pas recommencer", déclare Laëtitia, qui accuse Damien Abad de tentative de viol. Les faits qu'elle raconte datent de 2009-2010. A l'époque, dans son département, Laëtitia préside la fédération des Jeunes Centristes : le mouvement de jeunesse du Nouveau Centre, rappelle Mediapart. Damien Abad est fraîchement élu eurodéputé. Alors qu'il était, selon Laëtitia, "dans la séduction" avec des "regards, des compliments, des remarques", "cela a vrillé lorsqu'il est devenu député européen. Il est tombé dans un sentiment de toute-puissance et d'impunité permanentes", affirme-t-elle.
"Poussée dans une pièce en face"
Laëtitia relate une soirée où Damien Abad lui aurait "offert un verre". Elle assure y avoir vu "quelque chose". "Je ne savais pas ce que c'était, j'étais méfiante étant donné son comportement passé, j'ai eu peur qu'il m'ait mis un truc pour m'embêter", explique-t-elle, précisant avoir aussitôt "recraché" sa gorgée aux toilettes.
Après cela, elle raconte que Damien Abad l'aurait attendue "derrière la porte". Dès lors, les événements seraient allés "très vite". L'eurodéputé l'aurait "poussée dans une pièce en face". "Tu vas la sentir passer, elle est énorme", "Vas-y, suce-moi", aurait lancé l'élu, selon la jeune femme. Laëtitia affirme qu'il aurait "poussé [sa] tête" vers son entrejambe. "Son sexe n'était pas sorti, mais son pantalon était ouvert", affirme-t-elle. Et d'ajouter : "Ma tête était coincée sous son bras et contre son torse, je ne pouvais pas me défaire, j'avais peur, j'étais sidérée. Je me suis débattue, je l'ai frappé dans le ventre."
Abad "réfute catégoriquement"
Selon son récit, Damien Abad aurait alors "complètement inversé les rôles". "Il s'est mis à chouiner, comme si c'était lui la victime", affirme-t-elle. Elle a réussi à se sortir de cette situation lorsqu'un convive a fait irruption. "Mais pourquoi tu veux pas coucher avec moi ? C'est parce que je suis handicapé ?", aurait alors lancé l'élu. "Plusieurs des nouvelles personnes qui nous ont contactées l'ont fait parce qu'elles ont été ulcérées par sa défense sur son handicap", a précisé la journaliste de Mediapart Marine Turchi.
Pour ce nouvel article, "nous n'avons pas eu ni de réponse du ministre des Solidarités, ni de son avocat, ni de son entourage", relève également la journaliste. Mais Damien Abad a réagi dans un message transmis à l'AFP quelques heures après la publication de l'article. Celui qui brigue un nouveau mandat de député dimanche dans l'Ain, a dénoncé le "calendrier soigneusement choisi de ces publications" et la "partialité" de l'enquête de Mediapart, qui a selon lui une motivation "politique". "Quant aux allégations rapportées, elles me révoltent et je les réfute catégoriquement", a ajouté le ministre.
Matignon a répondu mardi soir à Mediapart après la publication de l'article : "La Première ministre ne peut pas se prononcer sur les témoignages anonymes que vous rapportez mais elle invite ces femmes à porter plainte pour que la justice puisse faire son travail." Et d'insister : "Elle le fait en tant que Première ministre mais aussi en tant que femme."
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