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A cinq mois des municipales, Marseille déjoue les pronostics

Qui mènera la bataille des municipales contre Jean-Claude Gaudin en mars prochain à Marseille ? Seule certitude, ce ne sera pas la ministre Marie-Arlette Carlotti, éliminée dimanche dès le premier tour des primaires socialistes. Un signal fort lancé au gouvernement à quelques mois d'un scrutin clé ?
Article rédigé par Cécile Mimaut
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
  (Cyril Sollier Maxppp)

La première vraie surprise des primaires socialistes en vue des municipales de 2014 est venue de Marseille. Et c'est même une double surprise. A 45 ans, la sénatrice Samia Ghali, outsider de ce scrutin, est arrivée en tête du premier tour avec 25,25 % des suffrages (5.151 voix), coiffant sur le poteau les cinq autres candidats à cette consultation, qui pour la première fois était ouverte à tous les citoyens, militants PS, comme sympathisants.

L'émination de Marie Arlette Carlotti (19,52 % des suffrages) dès le premier tour, laisse la gauche perplexe. Bien que plébiscitée par François Hollande, qui l'a nommée ministre déléguée aux Personnes handicapées et à la Lutte contre l'exclusion, bien que favorite dans les sondages, la candidate de l'Elysée n'a pas réussi à transformer ce premier essai. Une éliminiation qui fait en outre figure de petite victoire pour l'actuel maire UMP de Marseille, Jean-Claude Gaudin, qui a répété à plusieurs reprise qu'il aimerait bien avoir comme adversaire en mars prochain... Samia Ghali. 

Le désaveu ? La démission ?

Amère, Marie-Arlette Carlotti a dénoncé "un fonctionnement à plein régime du clientélisme ". "Personne n'avait vu jusqu'à présent ce système fonctionner avec une telle puissance, un tel sentiment d'impunité, à la vue de tous, avec des dizaines de minibus qui sillonnent la ville, des échanges d'argent, toute une organisation que j'ai envie de qualifier de 'paramilitaire' ", a-t-elle lancé après sa défaite.

Réagissant à ces allégations, Sami Ghali s'est elle interrogée sur une éventuelle démission de la ministre. "Si j'étais à sa place, peut-être que je rendrais mon poste de ministre ", a lancé la sénatrice socialiste lundi matin, tout en se demandant si Marie-Arlette Carlotti n'avait pas été sanctionnée en raison "de son travail de ministre ". Pas de démission à l'ordre du jour a immédiatement répondu Matignon, précisant que la ministre déléguée aux Handicapés avait "toute sa place au sein du gouvernement ", en dépit de son élimination au premier tour de la primaire PS à Marseille.

"Les candidatures officielles, cela ne marche plus dans les primaires" (Thierry Mandon)

Pour le porte-parole du groupe socialiste à l'Assemblée, Thierry Mandon, le problème est ailleurs. "C'est difficile, quand on est ministre, de faire des campagnes électorales. Cela demande du temps et quand on est une sorte de candidat qui semble officialisé face aux candidats de terrain, on a un désavantage qui semble difficile à combler ", a estimé le député. Et d'ajouter : "Les candidatures officielles, cela ne marche plus dans les primaires ".

Un second tour observé de près

Quoi qu'il en soit, pas question pour le gouvernement de laisser tomber Marseille, une des villes clés de ces municipales. Après l'échec de la gauche à plusieurs élections partielles depuis la présidentielle, une victoire dans la troisième ville de France en mars prochain serait en effet une victoire énorme, tant sur le plan local que national.

Le second tour dimanche prochain opposera donc Samia Ghali au député Patrick Mennucci, qui est arrivé second avec 20,65 % des votes (4.212 votes). Le maire des 1er et 7e arrondissements de la ville a d'ores et déjà appelé au "rassemblement le plus large " autour de sa candidature, remerciant "chaleureusement " au passage la ministre déléguée aux Personnes handicapées, qui lui a officiellement apporté son soutien. Patrick Mennucci a promis une campagne d'entre-deux tours "sobre, sérieuse ", ponctuée par deux débats: "Il faut que les Marseillais transforment l'essai et se donnent un candidat capable de battre Jean-Claude Gaudin ", a-t-il dit.

Samia Ghali, de son côté, a mis dès dimanche soir en avant la réconciliation entre les différents quartiers de Marseille. Si elle a salué sa victoire et celle des quartiers Nord de la ville, dont elle est issue, elle a dit ne pas vouloir être la candidate du Nord contre le Sud. "Je veux être la maire de Marseille qui fera que le Nord et le Sud se réunissent, je veux tuer le désespoir de cette ville ", a-t-elle assuré.

Le duel Ghali/Mennucci du second tour sera assurément suivi de près par les états-majors politiques de gauche comme de droite. 

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