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Cinéma : « Paul Sanchez est revenu ! », un film de Patricia Mazuy, au cinéma le 18 juillet

Criminel disparu et recherché depuis dix ans, Paul Sanchez est aperçu à la gare des Arcs, dans le Var. A la gendarmerie, personne n’y croit, sauf peut-être la jeune Marion … Elle décide de percer le mystère de sa disparition.

Article rédigé par franceinfo
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"Paul Sanchez est revenu !" - Patricia Mazuy (SBS Distribution)

Extrait d’entretien avec Patricia Mazuy, la réalisatrice

Connaissiez-vous le rocher de Roquebrune sur Argens, dans le Var ?

Non, mais Yves Thomas le scénariste, qui a apporté l’idée à la base du film, le connaissait. Il m’avait décrit l’endroit où se réfugie ce criminel qui part en cavale sans s’éloigner très loin du reste du monde. Pourtant, avant d’y aller, je me disais que ce criminel pouvait tout aussi bien partir en cavale pour n’importe quel site un peu particulier et spectaculaire, le cimetière américain d’Omaha Beach, la tombe de Charlemagne, que sais-je. Erreur ! À l’automne 2015, on a été en voyage d’écriture sur place. Il y avait bien une évidence. Le rocher est rouge, majestueux. Il est battu par le vent en hiver, et abrite une rivière et une flore luxuriante. Mais surtout, il se situe aussi à 500 mètres d’une zone périurbaine, au bord d’une quatre voies qui fait un bruit d’enfer. Le film se déploie dans ce petit carré autour du rocher et de la nationale 7 : c’est à la fois le Var des villas de milliardaires et de quelques stars américaines, celui des zones commerciales et pavillonnaires, celui des champs de vignes et des glissières d’autoroutes qui mènent à Saint Tropez.

Le rocher devient le refuge de Paul Sanchez, un personnage à part entière, mais il finit aussi par aimanter Marion...

Le rocher c’est le monde d’en haut - celui de Sanchez, celui du rêve, de l’horreur, du crime et paradoxalement d’une certaine liberté. Le monde d’en bas, c’est celui de Marion, le village et les bords de route, le quotidien de la gendarmerie. 

Qui est Paul Sanchez ? Un Xavier Dupond de Ligonnès, le suspect de la « tuerie de Nantes » en 2011...

Ou un Jean-Claude Romand, un Yves Godard et d’autres... Autrement dit, une figure de criminel en cavale, un homme à bout. « Paul Sanchez est revenu ! » est un film sur le fantasme qu’on développe à partir d’un fait-divers, la façon dont on s’en abreuve, les répercussions qu’il peut avoir sur nous, sur notre attirance pour lui. À l’image de Marion, la jeune gendarme, qui se rue dessus... Soit, on reste happé et on regarde des « Faites entrer l’accusé » sur YouTube en boucle jusqu’à trois heures du matin, soit on construit sur le vertige que le fait divers nous procure. La fascination pour les faits divers n’est pas nouvelle, mais ce qui est nouveau et actuel, c’est comment on s’y engouffre et s’y perd à travers la multitude des réseaux.

Cette gendarmerie est un peu le lieu d’une comédie à la Coen...

Pour éclairer mon producteur, Patrick Sobelman, qui s’est quand même lancé dans l’aventure sur une demi-ligne de scénario, on se disait « ce n’est pas « Fargo », ni « Memories of murder », ni un David Fincher, mais c’est un peu des trois. » Mais la violence si elle existe, du film n’est pas tellement physique, plutôt mentale. Dans le train-train de la gendarmerie, les plaignants n’arrivent pas en sang ou blessés par balle... ils arrivent avec leurs histoires quotidiennes et un peu dingues. Je ne pouvais pas imaginer ce récit triste sans en rire par moments, histoire de continuer, de garder l’énergie. Alors, comique, tragique ? Les deux. L’histoire de Marion et Sanchez est un peu drôle mais elle est aussi violente mentalement. La gendarmerie, elle, pourrait sembler sortir du « Gendarme à Saint Tropez », mais ces hommes en uniforme perdus dans leur caserne trimbalent un blues fellinofordien. La difficulté majeure, c’était de montrer tous ces personnages (gendarmes ou plaignants) au ras de leurs problèmes sans s’en moquer, car on les aime. Il fallait que le rire ou le sourire soit lavé de toute méchanceté.

"Paul Sanchez est revenu !" - Patricia Mazuy (SBS Distribution)

Faites-vous, au fond, dans « Paul Sanchez est revenu ! », une déclaration d’amour au pouvoir de la fiction...

J’y fais une déclaration d’amour au cinéma, où j’aime que le romanesque rentre et que l’imaginaire emporte. En même temps, avant le tournage, j’avais bien vu que le propos était faussement basique et assez ambitieux. Alors je voulais éviter la prétention, privilégier la simplicité des plans en permanence. Entrer dans la folie de Sanchez et Marion « l’air de rien », tout doux. J’avais aussi un autre souci. J’avais très peur de l’uniforme au cinéma - je n’aimais pas trop la couleur bleu ciel des chemisettes de l’uniforme - et du décor de gendarmerie, décor vu et revu mille fois dans les téléfilms ou les séries. On l’a épuré au maximum, et finalement c’est un peu la symphonie du bleu. J’avais si peur de la gendarmerie que j’ai fait des stages dans des brigades rurales du Lot-et-Garonne avant la prépa. Ce qui a permis de m’aider à structurer la mise en scène et les circulations. Pour la première fois, et parce que les dialogues sont très écrits, et qu’une comédie c’est précis, j’ai aussi répété en amont avec les acteurs qui incarnent les gendarmes et avec Zita. Sur mes films précédents, je n’avais pas assez confiance en moi pour le faire. Je pensais que ça tuerait la spontanéité, maintenant je sais que c’est tout à fait faux. 

Plus d’informations sur le site de SBS Distribution  

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