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Cinéma : "L’Homme aux mille visages" un film d’Alberto Rodriguez, le 22 août en DVD

Francisco Paesa, ex-agent secret espagnol, est engagé pour résoudre une affaire de détournement d’argent risquant d’entrainer un scandale d’État. L’homme y voit l’opportunité de s’enrichir tout en se vengeant du gouvernement qui l'a trahi par le passé. Débute alors l’une des plus incroyables intrigues politiques et financières de ces dernières années : l’histoire vraie d’un homme qui a trompé tout un pays et fait tomber un gouvernement.

Article rédigé par franceinfo
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Eduard Fernández / Copyright Julio Vergne (Eduard Fernández / Copyright Julio Vergne)

Entretien avec Alberto Rodriguez

À quel moment vous propose-t-on ce projet, qu’un autre réalisateur, Enrique Urbizu, avait déjà essayé de tourner il y a quelques années ?

Le film est effectivement une commande, qui m’a été proposée vers 2011 ou 2012. Finalement, le projet a pris du retard et j’ai décidé de tourner La Isla mínima, mais ce film m’avait déjà été proposé avant. L’Homme aux mille visages est tiré d’un livre du journaliste Manuel Cerdán, qui m’a beaucoup frappé au moment de la lecture. J’ai été surpris par l’actualité de ce qu’il racontait. On aurait dit un sujet prêt à être diffusé dans le journal télé du soir… Pourtant, vingt ans s’étaient écoulés depuis les faits. Je me suis dit que l’Espagne avait un problème qui se répètait sans cesse, comme dans un jeu de miroirs infini. L’histoire méritait d’être racontée pour cette seule et bonne raison, mais aussi à cause de la figure de Francisco Paesa, un homme qui vit sur le fil du rasoir depuis plus de 40 ans, mais qui n’est jamais tombé. J’avais les deux ingrédients principaux pour réussir un film : un bon personnage et une histoire intéressante.

Quels effets a eu cette affaire sur la culture politique en Espagne ?

Luis Roldán est loin d’être à l’origine de la corruption en Espagne. C’est un problème qui existe depuis des années, et qui reste pleinement d’actualité. En 2012, en travaillant sur le scénario, j’ai dû me familiariser avec un vocabulaire que je ne connaissais pas : sociétés offshore, paradis fiscaux… En cinq ans, les Espagnols ont eu droit à un cours intensif d’économie parallèle. Si vous sortez dans la rue et vous posez une question économique pointue au premier venu, il saura vous répondre de façon précise…

Depuis le début du film, une voix off nous prévient qu’on aura affaire à "quelques mensonges". La principale fiction reste le personnage de Camoes, qui n’a jamais existé. En quoi ou de qui vous êtes-vous inspiré ?

Camoes est un concentré de plusieurs personnages qui ont existé. En termes de récit, j’aimais l’idée de compter avec un narrateur qui guide le spectateur et qui connait les mêmes choses que le spectateur. Le problème, quand on a écrit le scénario, c’était que ce narrateur ne pouvait pas être omniscient, car l’histoire ne le permettait pas. Nous avons décidé que son récit soit fait uniquement de souvenirs. De cette façon, l’histoire est toujours filtrée par le point de vue de Camoes. C’est comme s’il racontait une fiction dans une autre fiction.

Copyright Julio Vergne (Copyright Julio Vergne)

Avez-vous essayé de joindre Paesa, qui vit à Paris dans la clandestinité, ou Roldán, qui a quitté la prison en 2010 ?

On a effectivement essayé de contacter Paesa, mais personne ne savait où il était. Certaines personnes nous ont dit qu’il était peut-être mort ! La veille de la première du film au Festival de San Sebastián, en septembre dernier, on m’a envoyé le dernier numéro de l’édition espagnole de Vanity Fair. Ils avaient réussi à joindre Paesa et il était sur la couverture du magazine ! Au début, j’ai été choqué. Après, je me suis dit que c’était normal. C’est un geste classique de quelqu’un comme Paesa... En revanche, nous avons décidé de ne pas contacter Roldán, pour éviter toute médiatisation.

Si Roldán et Paesa allaient voir le film, que diraient-ils ?

Je soupçonne que Roldán ne voudrait pas aller le voir. "J’ai déjà suffisamment purgé ma peine" se dirait-il. De son côté, Paesa mentirait et dirait qu’il ne l’a pas vu, alors qu’en vérité, si. Et puis, secrètement, il se moquerait de la façon dont l’histoire espagnole peut parfois être cocasse…

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