Cinéma : "Leave No Trace" de Debra Granik, au cinéma le 19 septembre
Tom a 15 ans. Elle habite clandestinement avec son père dans la forêt qui borde Portland, Oregon. Expulsés soudainement de leur refuge, les deux solitaires se voient offrir un toit, une scolarité et un travail. Alors que son père éprouve des difficultés à s’adapter, Tom découvre avec curiosité cette nouvelle vie. Le temps est-il venu pour elle de choisir entre l’amour filial et ce monde qui l’appelle ?
Une histoire vraie
L'histoire vraie sur laquelle est basé Leave no trace est presque devenue une légende à Portland. Celle d'une fille et de son père, découverts alors qu'ils vivaient depuis 4 ans dans la réserve naturelle qui borde la banlieue de la ville. Ils ne s'y aventuraient que pour récupérer la pension d'invalidité du père et y acheter ce qu'ils ne pouvaient pas faire pousser.
L'adolescente était en pleine santé, ne manquait de rien affectivement et son niveau scolaire était bien supérieur à celui d'autres enfants de son âge. Après avoir été placés dans un hara où le père pouvait travailler, le duo a disparu dans la nature. Peter Rock, intrigué par ce mystère, en a tiré une histoire fictionnelle qui remplit les trous de cette histoire, en imaginant des détails impossibles à connaître.
Un film qui sort des schémas hollywoodiens
La structure du film permet à Granik de conter cette histoire sans figure de "méchant". "Je veux parler à ceux qui aiment ces histoires, et ceux qui les créent, explique-t-elle. "Il y a 4 ou 5 thèmes majeurs dans la littérature et le cinéma, et nous les connaissons tous. Aujourd'hui il semble que ceux où les menaces sont directes, où les crimes ont des enjeux énormes, sont ceux que l'on apprécie le plus. Mais je pense que notre goût pour les histoires qui n'ont pas forcément les mêmes enjeux "catastrophe" peuvent résonner fortement en nous. Tom et son père cherchent un endroit où vivre. Beaucoup les aident dans leurs parcours. Mais ça reste un combat pour eux, parce qu'ils choisissent de vivre différemment." Les forces antagonistes ne sont pas personnifiées par un personnage "méchant", mais par quelque chose de plus impalpable : la pression de se conformer à la norme sociale.
Granik considère que son film est dans la lignée d'une grande tradition de réalisateurs américains. "Il y a toujours eu, et il y aura toujours, des conteurs d'histoire qui se demanderont ce qu'il se passe à la marge, ce qu'on ne raconte pas souvent ? C'est parfois vu comme nonconventionnel, de ne pas avoir de sexe ou de violence dans un film. Mais beaucoup de personnes à la marge vivent avec des questions plus fondamentales, où vivre par exemple. Quand vous êtes expulsé de terrains publics, et que vous n'avez pas autant d'option que d'autres qui vivent dans la norme, les enjeux sont énormes. "
Plus d’informations sur le site de Condor
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