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Venezuela : le pouvoir affirme avoir déjoué une "attaque" contre l'armée

Les autorités vénézuéliennes disent avoir étouffé dans l'œuf dimanche une rebellion apparue dans l'armée dont le but, selon une vidéo mise en ligne, était de rétablir la démocratie dans le pays, secoué depuis des mois par une agitation anti-gouvernementale.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Capture d'écran d'une vidéo diffusée le 6 août 2017 montrant des hommes en tenue militaire se déclarant en rébellion contre le président Nicolas Maduro. (AFP)

Le pouvoir vénézuélien affirme avoir déjoué, dimanche 6 août, une "attaque terroriste" contre une base de l'armée, après l'apparition d'une vidéo montrant des hommes en tenue militaire se déclarant en rébellion contre le président Nicolas Maduro. "A l'aube, des assaillants terroristes sont entrés dans le Fort Paramacay à Valencia", à 180 km au nord de Caracas, et se sont attaqués aux militaires, a écrit sur son compte Twitter Diosdado Cabello, vice-président du parti au pouvoir et membre de la toute puissante Assemblée constituante. Sept assaillants présumés ont été arrêtés et "livrent des renseignements", a pour sa part indiqué un haut responsable militaire, le général Remigio Ceballos.

Une vidéo supposément tournée dans un régiment de blindés de Valencia circule dimanche sur les réseaux sociaux et dans plusieurs médias vénézuéliens. Elle montre un homme se présentant comme un officier et se déclarant "en rébellion légitime" contre "la tyrannie assassine de Nicolas Maduro""Ceci n'est pas un coup d'Etat, ceci est une action civique et militaire pour rétablir l'ordre constitutionnel", affirme cet homme, se présentant sous le nom de capitaine Juan Caguaripano, flanqué de 15 personnes en tenue de camouflage, certaines d'entre elles armées. Il ajoute : "Nous exigeons la formation immédiate d'un gouvernement de transition et des élections générales libres."

Une "normalité absolue" règne dans les rangs de l'armée

Principal pilier du pouvoir chaviste, la puissante armée vénézuélienne est jusqu'à présent restée sourde aux appels de l'opposition pour qu'elle rejoigne son camp, alors que le pays est secoué par une vague de manifestations antigouvernementales qui ont fait 125 morts depuis avril. "Une normalité absolue règne dans le reste des unités militaires du pays", a assuré sur Twitter Diosdado Cabello, selon qui "ceux qui rêvent du contraire se heurteront au moral de la Force armée nationale bolivarienne."

Cette "attaque" présumée contre l'armée survient alors que l'Assemblée constituante, élue le 30 juillet et contestée par l'opposition et par une grande partie de la communauté internationale, a entamé samedi ses travaux en destituant la procureure générale Luisa Ortega, l'une des principales adversaires du président Maduro. La Cour suprême, accusée par l'opposition d'être inféodée au pouvoir, a annoncé que Luisa Ortega serait jugée pour des "irrégularités". Ses comptes ont par ailleurs été bloqués et il lui a été interdit de quitter le pays.

Ce limogeage risque d'empirer les relations déjà tendues du Venezuela avec la communauté internationale, inquiète de la dérive autoritaire du régime. Le Mercosur, le marché commun d'Amérique du sud, a suspendu samedi le Venezuela "pour rupture de l'ordre démocratique". Présidée par l'ex-ministre des Affaires étrangères Delcy Rodriguez, une fidèle de Nicolas Maduro, la Constituante est dotée de tous les pouvoirs, avec pour mission de réécrire la Constitution de 1999 promulguée par Hugo Chavez.

Au moins 4 500 personnes ont été arrêtées depuis le début de la vague de protestations

Nicolas Maduro lui a notamment fixé pour mission d'apporter la "paix" et de redresser l'économie en lambeaux de cette nation pétrolière, naguère immensément riche. L'opposition accuse en revanche le dirigeant socialiste de vouloir accroître ses pouvoirs et prolonger son mandat qui s'achève normalement en 2019. La Constituante devait mettre en place dimanche une commission chargée d'enquêter sur les "crimes" commis pendant les manifestations antigouvernementales.

Selon l'ONG Foro Penal, au moins 4 500 personnes ont été arrêtées depuis le début de la vague de protestations. Un millier d'entre elles sont encore en détention, dont 300 sur ordre de tribunaux militaires. 

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