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C'est l'histoire d'un conclave…

Alors que les cardinaux votent toujours, mercredi, pour élire le nouveau pape, francetv info a fouillé les archives des précédents conclaves et déniché cinq bonnes histoires pour briller en soirée.

Article rédigé par Nora Bouazzouni
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Le cardinal Angelo Bagnasco, le 12 mars 2013 au Vatican. (CASILLI / SINTESI / SIPA)

Quelque vingt-quatre heures après le début du conclave, les cardinaux n'ont toujours pas élu le nouveau pape. Alors que les votes secrets ont repris, mercredi 13 mars, à la chapelle Sixtine, francetv info a fouillé les archives des précédents conclaves et déniché cinq bonnes histoires pour briller en soirée.

1Mille jours pour élire un pape

A la mort de Clément IV, le 29 novembre 1268, commence la période de sede vacante la plus longue de l'histoire. Après deux ans et neuf mois de délibérations, soit 1 006 jours, les autorités de Viterbe (Italie), à bout de nerfs, enferment les cardinaux dans le palais épiscopal, ôtent le toit et menacent de les affamer pour les pousser à prendre une décision.

Les cardinaux, toujours incapables de trouver un consensus, forment alors une commission de six membres pour élire le nouveau pape. C'est Grégoire X qui est finalement choisi le 1er septembre 1271. Mais il participe alors à la neuvième croisade et n'arrive à Viterbe qu'en février 1272. Pour éviter que ce genre d'épisode ne se reproduise, le nouveau pape promulgue la bulle Ubi periculum le 7 juillet 1274, qui conserve le principe d'enfermement des cardinaux : c'est le conclave, qui signifie littéralement "à clé" en latin. Grégoire X ajoute de nouvelles restrictions : si aucune décision n'est prise au bout de cinq jours, les cardinaux sont réduits au pain, au vin et à l'eau et doivent vivre en commun sans séparation dans la pièce.

22005, année noire (ou plutôt grise)

Le conclave qui a élu Benoît XVI à la succession de Jean-Paul II est un festival de gaffes. "Le premier brûlage des bulletins avait failli enfumer tous les cardinaux ; la fumée, par manque de tirage, avait commencé à envahir la chapelle Sixtine" et sali les fresques de Michel-Ange, rappelle Libération. Surtout, elle sème le doute place Saint-Pierre : elle n'est ni noire, ni blanche. D'autant que les cloches ne sonnent que dix longues minutes après l'apparition de la fumée grisâtre pour signifier qu'un nouveau pape a bien été élu. Depuis, des fumigènes colorants sont utilisés pour qu'on ne puisse plus tergiverser sur la couleur des volutes.

3Le "papabile" le plus franc

Le spécialiste de l'histoire religieuse contemporaine Yves Chiron vient de publier une Histoire des conclaves (éditions Perrin). Il raconte à francetv info la délibération la plus surprenante, celle de 1740, qui allait donner lieu à l'élection de Benoît XIV :

"Les polémiques et batailles en tous genres faisaient rage dans l'Eglise. Après 360 tours de vote, il restait trois candidats. Le cardinal bolonais Prospero Lambertini s'est alors adressé aux autres cardinaux, et leur a dit, en substance : 'Si vous voulez choisir un fin politique, prenez Aldrovandi. Si vous voulez un homme très pieux, Gotti. Mais si vous voulez choisir un couillon, prenez-moi.' Et ce fut un excellent pape."

4Tous les pseudos sont permis (sauf un)

"Une fois le nouveau pape élu, le doyen, par le rang et l'ancienneté, du collège des cardinaux électeurs lui demandera en latin s'il accepte son élection puis, en cas de réponse positive, quel nom de règne il entend adopter", explique Slate.

Puis sera annoncé, depuis le balcon de la basilique Saint-Pierre, le patronyme du nouveau souverain pontife, suivi de "qui sibi nomen imposuit" ("qui a pris le nom de"). Les papes peuvent choisir de garder leur prénom ou bien prendre celui qui leur chante, sans restriction. Mais la tradition veut qu'aucun ne choisisse de s'appeler Pierre, pour qu'il n'y en ait qu'un seul : le premier évêque de Rome, l'apôtre Simon, alias saint Pierre, mort vers 65 après Jésus-Christ. Aucun pape n'a jamais brisé ce tabou, à l'instar de Jean XIV (Pietro Canepanova) ou Serge IV (Pietro "Bocca di Porco").

5C'est un papabile qui fait non, non, non, non

Adrien II, élu pape le 14 décembre 867, avait déjà refusé deux fois le pontificat : en 855, après la mort de Léon IV, et en 858, après celle de Benoît III. Il fut l'un des rares papes mariés et pères, mais le frère de son bibliothécaire tua son épouse et sa fille en 868. Car si les papes n'ont pas le droit de se marier une fois élus, ils sont nombreux à l'avoir été (et à avoir eu des enfants) avant d'accéder à la chaire. C'est notamment le cas de saint Pierre.

Car à l’origine, les prêtres peuvent se marier – seuls les moines sont célibataires. Et n'importe quel individu de sexe masculin baptisé peut devenir pape, même si dans les faits, ce dernier est toujours issu du clergé. Certains prêtres et même certains papes ont donné naissance à de futurs souverains pontifes, comme Serge III, élu en 904, dont le fils Jean XI devient pape en 931.

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