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Trump menace Ford, Toyota, GM… le Mexique tremble
Trump veut relocaliser la production industrielle aux Etats-Unis. Il veut du bleu de chauffe et de la blouse grise. Premier secteur concerné, l’automobile. Et pour cause. Le voisin mexicain fabrique à tour de bras pour le compte des marques américaines de voitures, dont 70% sont destinées au marché américain.
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Ford, General Motors, les marques US ont franchi le Rio Grande. Les Japonais également et plus timidement les Européens (VAG et Fiat). Le Mexique est le paradis absolu pour tout constructeur. Le principal critère est résumé par le journal canadien La Presse. «En moyenne, la rémunération hebdomadaire d'un ouvrier affecté à la chaîne d'assemblage est de 948$ au Canada contre 133,90$ au Mexique.» Un argument implacable qui a poussé le constructeur japonais Mazda à quitter le Michigan en 2012 pour s’installer au Mexique deux ans plus tard.
Au fil des ans, le Mexique est devenu un géant du secteur, sans posséder la moindre marque nationale. Le pays se situe au 7e rang mondial pour la production d’automobiles et au 4e pour les exportations. Il pourrait bientôt dépasser la Corée. Selon le journal Les Echos qui cite BCG, un cabinet d’expert, la production devrait encore croître de 50% dans les trois années à venir, pour passer de 3,4 à 5 millions de véhicules.
En fait, en raison de la proximité géographique, sept voitures sur dix partent aux Etats-Unis. De plus, les accords de libre-échange signés en 1994 par le Mexique avec le Canada et les Etats-Unis permettent des exportations sans taxes.
Danger pour le Mexique
Aussi, la pression que Donald Trump met sur les constructeurs automobiles, américains ou japonais, menace l’économie mexicaine. Toyota, Ford, Nissan et les autres représentent pour le Mexique, un chiffre d’affaires de 52 milliards de dollars et 875.000 emplois directs. General Motors a déjà renoncé sous la pression à un investissement prévu de 5 milliards de dollars. Il s’agissait de doubler la production mexicaine en deux ans. On prêtait les mêmes intentions à Ford pour son usine de Mexico. Le géant voulait atteindre le million d’exemplaires produits.
Les Echos rappellent que l’impact est terrible pour les Etats du sud des Etats-Unis où l’abaissement des salaires et l’affaiblissement des syndicats devaient attirer les constructeurs. Or, «plus aucune usine nouvelle ne s'y est créée depuis six ans». Ainsi, le Coréen Kia a quitté l’Etat de Georgie pour s’installer à Monterrey. Et on prête les mêmes intentions à l’Allemand Audi.
Contre-attaque nippone
Nissan n’a pas encore subi les foudres de Donald Trump que déjà son PDG Carlos Ghosn prend les devants, rappelant sa présence sur le sol américain, «la plus grande usine des Amériques», assure-t-il. Une campagne de communication rappelle que Nissan emploie 22.000 personnes aux Etats-Unis, «dont 16.000 dans la production». Un million de voitures Nissan sont fabriquées aux Etats-Unis chaque année. Mais il y en a 850.000 dans les trois usines mexicaines.
Toyota, le leader mondial, a également été la cible de Donald Trump. Le japonais envisage en effet la construction d’une usine au Mexique. Toyota se prétend le plus petit importateur de véhicules «made in Mexico». Sentant venir la menace, le PDG Akio Toyoda a rappelé la présence de la marque aux Etats-Unis. «Toyota fait partie du tissu social américain depuis près de 60 ans.» Dix usines emploient 136.000 personnes.
Toyota Motor said will build a new plant in Baja, Mexico, to build Corolla cars for U.S. NO WAY! Build plant in U.S. or pay big border tax.
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) January 5, 2017
A l’heure actuelle, un homme s’est en tout cas bien gardé de réagir. Il s’agit du président du Mexique, Enrique Peña Nieto, qui visiblement ne veut pas jeter de l’huile sur le feu. En revanche, le gouvernement japonais par la voix de son ministre du Commerce, Hiroshige Seko, a tenu à rappeler que «l'industrie automobile nippone emploie 1,5 million de personnes aux Etats-Unis et apporte ainsi une importante contribution à l'économie américaine.»
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