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Trois questions sur les inculpations pour "complot" d'anciens proches de Donald Trump

Le procureur spécial enquêtant sur l'affaire, Robert Mueller, a mis en accusation trois membres de l'équipe de campagne du président américain, dont son ex-directeur de campagne Paul Manafort, dans l'affaire des ingérences russes présumées lors de l'élection présidentielle. 

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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L'ex-directeur de campagne de Donald Trump Paul Manafort le 30 octobre 2017 à Washington. (BRENDAN SMIALOWSKI / AFP)

L'enquête sur les soupçons d'ingérence russe pendant la campagne présidentielle américaine a connu une avancée notable, lundi 30 octobre, avec les premières inculpations prononcées dans ce dossier. Le procureur spécial enquêtant sur l'affaire, Robert Mueller, a mis en accusation trois membres de l'équipe de campagne de Donald Trump, dont son ex-directeur de campagne Paul Manafort. Franceinfo revient sur ce rebondissement en trois questions.

Qui sont les trois personnes inculpées ?

Parmi les trois personnes inculpées ce lundi, Paul Manafort est le plus connu du grand public. Ce consultant s'est rendu célèbre pour avoir occupé le poste de directeur de campagne de l'ancien candidat républicain durant quelques mois en 2016, avant d'être poussé à la démission.

Avant de conseiller le candidat républicain, Manafort avait déjà travaillé pour les campagnes de Gerald Ford, Ronald Reagan et George H. W. Bush. En France, le nom de Paul Manafort, dont Edouard Balladur s'était attaché les services en 1995, apparaît notamment dans l'enquête sur l'affaire Karachi.

Autre personnage inculpé ce lundi par le FBI, Rick Gates est l'un des associés de Paul Manafort, qui a également travaillé quelques semaines pour la campagne de Donald Trump.

Enfin, le troisième homme mis en cause est George Papadopoulos, un membre de l'équipe de campagne de Donald Trump chargé des questions de politique étrangère.

Que leur est-il reproché ?

Paul Manafort et Rick Gates font l'objet de 12 chefs d'inculpation, parmi lesquels complot contre les Etats-Unis, blanchiment, fausses déclarations et non déclarations de comptes détenus à l'étranger, a annoncé le porte-parole de Robert Mueller, le procureur spécial.

Les deux hommes se voient principalement reprocher des activités non déclarées de lobbyiste et consultant en faveur de l'ancien président ukrainien pro-russe, Viktor Ianoukovitch. Plus de 75 millions de dollars ont transité par des comptes offshore gérés par les deux hommes, Paul Manafort étant accusé d'avoir blanchi à lui seul 18 millions de dollars. Ces opérations lui ont permis de "mener grand train" aux Etats-Unis, acquérant notamment diverses propriétés luxueuses, souligne l'acte d'accusation. Quelques heures après son inculpation, Rick Gates, qui plaide non-coupable, a été assigné à résidence par une juge.

De son côté, George Papadopoulos a été mis en accusation pour avoir menti aux enquêteurs du FBI. Le procureur estime que ses fausses déclarations ont "entravé l'enquête en cours du FBI sur l'existence de liens ou de coordination éventuels entre des personnes associées à la campagne et le gouvernement russe pour interférer dans l'élection présidentielle de 2016". A la différence de Manafort et Gates, Papadopoulos a décidé de plaider coupable.

Ces inculpations peuvent-elles éclabousser Donald Trump ?

Pour Donald Trump, qui ne cesse de dénoncer cette enquête comme une "chasse aux sorcières" reposant sur du vide, ces inculpations sont un coup dur, car elles viennent confirmer la réalité d'infractions criminelles présumées. Cependant, le soupçon le plus grave, celui d'être arrivé à la Maison Blanche grâce à une entente avec un pouvoir étranger, n'est pas étayé.

Donald Trump a d'ailleurs souligné que l'acte d'accusation n'évoquait aucune collusion entre l'équipe du candidat républicain et les autorités russes qui aurait pu fausser l'élection présidentielle de 2016. "Pas de collusion", a-t-il écrit en lettres capitales dans un tweet rageur, tout en s'étonnant que ne soient pas poursuivis les démocrates et "Hillary la crapule", elle-même accusée de collusion avec la Russie lors de la vente de la société canadienne Uranium One au groupe public russe Rosatom en 2010.

Même si elles ne visent pas Donald Trump pour l'instant, ces premières poursuites pénales tombent à un mauvais moment pour le président, à l'approche du premier anniversaire de son élection. L'enquête, qui n'en est qu'à ses débuts, pourrait prendre une tournure encore plus embarrassante ces prochains mois.

Au Congrès, où des enquêtes distinctes sur les ingérences russes sont en cours, le sénateur démocrate Mark Warner a d'ores et déjà averti Donald Trump qu'il serait "inacceptable" qu'il fasse usage de son droit de grâce, comme le lui permet la Constitution.

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