Blizzard, froid polaire, vagues géantes... Qu'est-ce que la "bombe cyclonique" qui paralyse la côte est des Etats-Unis ?
Une gigantesque tempête a balayé l'est des Etats-Unis, jeudi, provoquant d'importantes chutes de neige et des inondations glacées. Franceinfo fait le point sur ce phénomène météorologique.
On se croirait dans Le Jour d'après. Comme dans le film catastrophe, la côte est des Etats-Unis a été balayée par une gigantesque tempête de neige, jeudi 4 janvier. Transports et écoles paralysés, villes recouvertes par plusieurs centimètres de neige, inondations glacées dans le Massachusetts, températures polaires dans plusieurs Etats... Les effets de la "bombe cyclonique" Grayson ont été dévastateurs. Franceinfo vous explique ce phénomène météorologique.
Un cyclone en plein hiver
Une tempête est qualifiée de "bombe cyclonique", ou "bombe météo", lorsque la pression atmosphérique en son centre chute particulièrement vite, de 24 hectopascals (hPa) ou plus en 24 heures, explique L'Express. Ce phénomène de "cyclogénèse", également à l'origine des ouragans dans les zones tropicales, provoque des vents violents. Les "bombes cycloniques", qui se produisent en période hivernale, apportent également de la neige et des températures glaciales.
Ce type de dépression est dû à un contraste entre l'air froid venu du pôle Nord et la masse d'air humide poussée par le Gulf Stream. Plus ce contraste est important, puis la tempête est puissante, ajoute L'Express. Dans le cas de Grayson, l'effet "bombe" est due à l'importante vague de froid qui touche l'Amérique du Nord depuis une semaine. Sur Twitter, plusieurs agences américaines ont posté des images montrant la formation de la dépression.
Impressive GOES-16 high resolution infrared satellite imagery showing explosive cyclogenesis/rapid intensification with the hurricane force low pressure system in the W Atlantic from late last night into this morning. pic.twitter.com/h3lLrYcWL8
— NWS OPC (@NWSOPC) 4 janvier 2018
This morning's #GOESEast view of the powerful #BombCyclone as it batters the East Coast with heavy snow and strong winds. #noreaster #blizzard2018. More satellite imagery: https://t.co/mbgRYot60A pic.twitter.com/qblv8x5QcM
— NOAA Satellites (@NOAASatellites) 4 janvier 2018
La plupart des tempêtes qui touchent la côte est américaine durant l'hiver peuvent être qualifiées de "bombes cycloniques", selon Mashable (en anglais). La gigantesque tempête Grayson est toutefois d'une puissance inédite. Certaines prévisions annonçaient une pression centrale minimum de 950 hPa au pic de la tempête, "ce qui serait quasi-inouï pour cette partie du monde, à part avec les ouragans", précise le site américain. La pression au centre du dévastateur cyclone Sandy était "d'environ 946 hPa quand il est arrivé dans le New Jersey en 2012". "Je n’arrive pas à me souvenir d’un cyclone extratropical de cette ampleur au large de la côte est ces derniers temps", a commenté un spécialiste américain des cyclones, Greg Postel, sur Twitter.
There are more than a few simulations that drop pressures under 950hPa. I can't think of any extratropical cyclone in recent times at that magnitude off the East Coast .... ? Of course it may not get there, but still #nywx #njwx #ncwx #scwx #flwx #gawx #ctwx #mawx #mewx pic.twitter.com/WXi1YGQXmz
— Greg Postel (@GregPostel) 2 janvier 2018
Blizzard et inondations glacées
La tempête Grayson a provoqué, jeudi 4 janvier, des phénomènes météorologiques impressionnants. Des vents violents ont balayé la côte est, avec des rafales allant jusqu'à 110 km/h dans le Massachusetts, rapporte le Washington Post (en anglais). Plus de 8 millions d'Américains étaient concernés par une alerte au blizzard, du Massachusetts au Maine, alors que la neige tombait au rythme de 2 cm par heure en moyenne, selon Quartz (en anglais). Jusqu'à 45 cm de poudreuse étaient attendus dans les rues de Boston et d'Atlantic City.
Coincé à New York #Snow #storm pic.twitter.com/DvTAmU7g0L
— OGKerri (@OG_Kerri) 4 janvier 2018
Alors que les températures s'étaient radoucies mercredi, la "bombe cyclonique" a été accompagnée d'une vague de froid. Les prévisionnistes tablaient sur -30°C en moyenne, dans les zones touchées par la tempête, indique Quartz. Sur le mont Washington, dans le New Hampshire, les températures devaient même flirter avec les -40°C. Les gouverneurs des Etats de New York et du Massachusetts ont mis en garde, jeudi, contre la vague de froid qui devrait se prolonger tout le week-end.
La tempête a également provoqué des vagues géantes dans la région de Boston, touchée par des "inondations historiques", selon le gouverneur Charlie Baker. Les rues de la capitale du Massachusetts ont été envahies par des eaux glacées et 26 des 78 communes côtières de l'Etat ont été affectées par la montée des eaux. La "bombe météo" a touché le littoral au moment de la marée haute, en pleine période de grandes marées, explique le New York Times (en anglais).
Storm Surge #BrantRock pic.twitter.com/PguCPLiFJl
— jeff simpson (@jsimp1610_) 4 janvier 2018
The tides rising onto the streets @FOX25Weather @cnnireport @WCVB pic.twitter.com/FhwfeuIDqb
— Matthew Nguyen (@MattyIce_978) 4 janvier 2018
Même le sud-est des Etats-Unis, habituellement épargné par la neige, a été affecté par la "bombe météo". Les habitants de Floride ont vu des flocons, mercredi 3 janvier, pour la première fois depuis 30 ans. Le verglas a causé la mort de deux personnes, jeudi, dans un accident de la route en Caroline du Sud. La tempête a également provoqué des coupures d'électricté en Caroline du Nord et en Virginie, où plus de 30 000 personnes étaient touchées en fin d'après-midi, selon CNN (en anglais).
#PHOTOS: First snow in decades puts Florida, South in deep freeze. > https://t.co/Cx7ztvPat6 pic.twitter.com/Gou71Vr6dt
— FOX5 Las Vegas (@FOX5Vegas) 3 janvier 2018
Des transports paralysés
La "bombe météo" a paralysé le nord-est des Etats-Unis, jeudi, indique le New York Times (en anglais). A New York, Boston, Philadelphie et Washington, les écoles ont été fermées par précaution. Beaucoup devaient rouvrir vendredi. "De nombreux accidents graves" ont eu lieu sur les routes de l'Etat de New York, a précisé jeudi le gouverneur Andrew Cuomo, sans donner de chiffres précis. Un nombre important de trains reliant les métropoles du nord-est ont été retardés et annulés.
Le trafic aérien a également été affecté. Les aéroports new-yorkais J.F. Kennedy et La Guardia ont été "de fait fermés" à partir de la mi-journée, a encore indiqué le gouverneur Andrew Cuomo. Les terminaux sont restés ouverts pour accueillir les passagers coincés. La fermeture de JFK a obligé un A380 de la compagnie Singapore Airlines à se poser sur le petit aéroport de Stewart, à 100 km au nord de la Grande Pomme, qui n'avait jamais accueilli d'appareil aussi grand. Plus de trois quarts des vols ont été annulés dans les aéroports de Newark, dans le New Jersey, et de Logan, à Boston. JFK devait rouvrir vendredi matin mais les autorités du Massachusetts ont averti que les perturbations risquaient de se poursuivre à Boston.
Les gouverneurs Andrew Cuomo et Chris Christie ont déclaré l'état d'urgence dans leurs Etats de New York et du New Jersey. Les autorités locales ont mobilisé des moyens supplémentaires pour protéger la population. Des plans d'urgence "grand froid" ont notamment été déclenchés à New York et à Washington, afin de prendre en charge les sans-abris. Quelque 500 membres de la Garde nationale ont été déployés dans les Etats de New York, du Massachusetts, de Rhode Island, du Connecticut, du New Hampshire, ainsi qu'en Caroline du Nord et du Sud, essentiellement pour des tâches de sécurisation des routes et des véhicules, selon un communiqué.
Selon un bilan rapporté par ABC News (en anglais), vendredi, la "bombe cyclonique" a causé six morts dans l'est des Etats-Unis. Trois personnes ont été tuées en Caroline du Nord, dont deux dans un accident de la route, et une en Caroline du Sud. La tempête Grayson a également tué deux personnes en Virgine. Un homme de 75 ans a été mortellement blessé par un chasse-neige, à Hampton, et une petite fille a été percutée par une voiture alors qu'elle faisait de la luge dans une rue de Chester.
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