Témoignage "Je suis devenu sans-abri à cause d'une dépendance aux opioïdes" : à San Francisco, les confidences d'un "rescapé" du fentanyl

Tom Wolf, un habitant de San Francisco, a réussi à se sortir d'une addiction au fentanyl, ce puissant opioïde qui fait des ravages aux États-Unis. Il témoigne sur franceinfo.
Article rédigé par Sébastien Paour - édité par Julien Ricotta
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Un sans-abri, victime d'addiction au fentanyl, dans les rues de San Francisco, en Californie, en 2024. (TAYFUN COSKUN / ANADOLU via AFP)

C’est l’une des principales causes de décès aux États-Unis : le fentanyl, cet opioïde de synthèse très puissant importé de Chine et du Mexique, qui a fait près de 75 000 morts l’an dernier en Amérique. Ce fléau touche particulièrement San Francisco, en Californie. Franceinfo s'est rendu dans le quartier de Tenderloin pour rencontrer l'un des "rescapés" du fentanyl.

Tom Wolf tombe dans la drogue après une opération du pied en 2015, pour laquelle on lui prescrit un antidouleur. Il est incapable de s'en passer et sa femme finit par le mettre à la porte trois ans plus tard. "Je suis devenu SDF dans les rues de San Francisco en 2018. C'est pour ça que je vous ai amené dans ce quartier, parce que j'avais l'habitude de dormir dans l'embrasure de cette porte, juste ici, se rappelle-t-il. Je suis devenu sans-abri à cause d'une dépendance aux opioïdes, à l'héroïne, puis au fentanyl."

Il reste six mois dans la rue et devient une mule. Il transporte alors de la drogue pour les dealers du quartier. "J'ai commencé à me faire arrêter parce que j'avais ces drogues sur moi. Ce n'est qu'à la sixième arrestation qu'ils ont décidé de me garder en détention pendant trois mois. C'est à ce moment-là que je suis devenu sobre", raconte-t-il.

"On m'a donné des médicaments en prison pour m'aider à supporter le sevrage de l'héroïne et du fentanyl."

Tom Wolf, un "rescapé" du fentanyl

à franceinfo

Tom travaille aujourd'hui comme consultant pour le programme de logement de transition de l'Armée du salut. Il y a entre 8 000 et 20 000 sans-abri à San Francisco. Près de 90% d'entre eux sont toxicomanes, essentiellement dans ce quartier de Tenderloin, en plein centre de la ville, où Tom a vu au moins 15 personnes mourir d'overdoses ces dernières années. Le cachet de fentanyl est bien moins cher que d'héroïne, 5 dollars contre 30 dollars en 2018, et beaucoup plus puissant.

Tom Wolf, un "rescapé" du fentanyl, devant la porte où il dormait à San Francisco quand il était SDF. (SEBASTIEN PAOUR / RADIOFRANCE)

"Il n'y a plus d'héroïne ici, il n'y a que du fentanyl et la quantité de drogue a été multipliée par 10 dans ces villes. Donc aujourd'hui, quand vous arrêtez les dealers dans la rue, ils ont un kilo de fentanyl sur eux. Un type en avait quatre kilos dans son sac à dos quand ils l'ont arrêté. Avant, quand quelqu'un était arrêté, il avait peut-être 50 grammes d'héroïne sur lui", assure-t-il. "Le fentanyl est 10 a 50 fois plus puissant que l'héroïne et 100 fois plus puissant que la morphine. C'est pour ça que les gens en prennent", conclut Tom Wolf. 

Le gouverneur démocrate de l'État, Gavin Newsom, a déployé en ville des agents de la California Highway Patrol, la police de la route. Ces renforts ont permis de saisir en un an près de 10 millions de doses de fentanyl.

À San Francisco, les confidences d'un "rescapé" du fentanyl auprès de notre reporter Sébastien Paour.

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