: Témoignage "Nous sommes en train de perdre cette guerre" : le désespoir d'Andrea, dont la fille est morte du Fentanyl, cet analgésique qui empoisonne l'Amérique
"Ma famille a été dévastée par la moitié d’une pilule", c'est l'histoire d'Andrea Thomas mais aussi de centaines de milliers d’Américains. La fille d'Andrea est morte en 2018, à 32 ans, après avoir ingéré sans le savoir du Fentanyl, une drogue 50 fois plus puissante que l’héroïne. Elle est même la première cause de mortalité chez les 18-45 ans aux Etats-Unis.
L'opioïde, à l'origine un médicament anti-douleur, a largement été trop prescrit par les médecins américains. Depuis, la substance pure et illégale est écoulée massivement par des narcotrafiquants, consommé par pilule ou injection pour 10 dollars le sachet.
Le Fentanyl et d’autres drogues de synthèse seront vendredi 7 juillet l’objet de discussions à l’échelle mondiale. Le département d’Etat américain organise la session inaugurale (virtuelle) d’une "coalition internationale" dédiée à la question, et à laquelle participent une quarantaine de pays. C'est un sujet de santé publique aux Etats-Unis où les overdoses mortelles ont explosé ces dernières années, à l'image du drame qu'a vécu Andrea.
"Je croyais qu’on me mentait. On a tous déjà pris une pilule... Cela n’avait aucun sens, mais c’était la vérité. La moitié d’une pilule cause de tels ravages et des millions de doses circulent, assez pour tuer tout le monde, plusieurs fois, dans notre pays ! Il faut qu’on s’en occupe. On ne peut pas rester les bras croisés", explique-t-elle.
"Les Etats-Unis sont criminels"
Depuis la mort de sa fille, elle a fondé une association "Voices for Awareness" et elle recueille chaque jour de plus en plus de témoignages accablés. Près de 110 000 personnes sont mortes en 2022 aux Etats-Unis des suites d’une overdose. "Nous sommes en train de perdre cette guerre, regrette-t-elle.
"Je ne comprends pas pourquoi l’Amérique ne voit pas l’urgence, un peu comme si la valeur d’une existence humaine n’existait plus"
Andrea Thomas, mère d'une victimeà franceinfo
Andrea se questionne : "On perd des centaines et des centaines de milliers de personnes mais qu’est-ce-qu’on fait maintenant ? Que va-t-il nous arriver ?". Une "coalition internationale" est donc lancée vendredi 7 juillet à l’initiative des Etats-Unis mais sans aucun budget dédié.
Ce qui n'enchante pas spécialement Andrea : "Que ces discussions commencent à peine, c’est effarant. Les Etats-Unis, j’ai l’impression, sont criminels d'accepter tout cela, d'assister à la mort de tant de gens sans faire usage de tous les pouvoirs possibles pour l’empêcher. Les familles touchées, ce sont elles qui maintiennent cette histoire sur le devant de la scène. On ne pourra rien faire pour retrouver nos enfants, mais on peut faire en sorte que d’autres familles ne soient pas dévastées".
"On a besoin de beaucoup d’aide, on a besoin du gouvernement", appelle cette maman, qui rappelle qu'en quelques minutes seulement, plusieurs overdoses mortelles ont lieu à travers les Etats-Unis. Aujourd'hui, le Fentanyl et ses dérivés causent 3 000 morts tous les 15 jours, l'équivalent d'un 11-Septembre toutes les deux semaines.
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