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Présidentielle américaine : pourquoi Michelle Obama est la véritable star de la campagne

Article rédigé par Marie-Violette Bernard
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 9min
Michelle Obama lors d'un meeting du parti démocrate à Manchester, dans le New Hampshire (Etats-Unis), le 13 octobre 2016. (JIM COLE / AP / SIPA)

Les électeurs démocrates se pressent pour assister aux meetings de la Première dame. Et elle pourrait bien être celle qui fait pencher la balance le jour de l'élection présidentielle américaine.

Elle a sans doute délivré "l'un des deux meilleurs discours politiques" de l'année, selon le Washington Post (en anglais). En dénonçant les propos sexistes de Donald Trump lors d'un meeting de soutien à Hillary Clinton, jeudi 13 octobre, Michelle Obama s'est imposée comme la véritable star du camp démocrate dans la campagne pour l'élection présidentielle américaine. Et le jour J, le 8 novembre, la Première dame pourrait même faire pencher la balance en faveur d'Hillary Clinton. 

Elle a remis Donald Trump à sa place

En huit ans à la Maison Blanche, Michelle Obama a toujours fait preuve de retenue dans ses prises de paroles. Le ton du discours qu'elle a prononcé jeudi dernier lors d'un meeting à Manchester (New Hampshire) est d'autant plus marquant. Plus que politique, cette allocution était personnelle : Michelle Obama s'est exprimée avec l'émotion d'une femme et d'une mère choquée par les attaques sexistes de Donald Trump, qu'elle a qualifié de "prédateur sexuel".

"Je ne peux pas croire que je parle d'un candidat à la présidence des Etats-Unis qui s'est vanté d'agresser sexuellement des femmes", a lancé Michelle Obama, en évoquant les propos tenus par le candidat républicain dans un enregistrement audio datant de 2005. "Je me sens concernée personnellement et je suis sûre que c'est le cas pour beaucoup d'entre vous, notamment les femmes."

Seule la Première dame avait la liberté de remettre de la sorte Donald Trump à sa place, avancent de nombreux observateurs. Michelle Obama ne se présente en effet à aucune élection, et n'a pas de mandat à défendre. "Aucune personnalité publique n'a exprimé aussi clairement ce que ressentent les femmes américaines [après la diffusion de cet enregistrement]", estime ainsi un journaliste du Washington Post (en anglais). "[Michelle Obama] ne filtre pas ses émotions par rapport à l'agenda politique, ajoute un journaliste du New York Times (en anglais). Elle est sans doute devenue l'autorité morale de cette élection présidentielle."

Elle se place au-dessus de la mêlée

Si Michelle Obama n'a pas mâché ses mots en évoquant Donald Trump, la Première dame n'a jamais directement attaqué le candidat républicain : comme à son habitude, elle ne l'a tout simplement pas cité nommément. Michelle Obama s'est contentée d'évoquer "un candidat à l'élection présidentielle", mettant l'accent sur son comportement dégradant envers les femmes.

Cette attitude est à l'image de sa devise, qu'elle a dévoilée lors d'un discours à la convention nationale démocrate en juillet dernier : "When they go low, we go high" ("Quand ils s'enfoncent, nous nous élevons"). Michelle Obama évoquait alors les valeurs qu'elle s'efforce de transmettre à ses deux filles, rappelle Rue89. Mais la phrase est vite devenue un deuxième slogan pour la campagne d'Hillary Clinton. La candidate à la Maison Blanche a même repris cette expression pour répondre aux attaques de Donald Trump lors du second débat de l'élection présidentielle, le 9 octobre.

Michelle Obama reste donc au-dessus de la mêlée, au grand désespoir de l'équipe du candidat républicain, qui ne parvient pas à la contrer. Donald Trump, pourtant prompt à s'attaquer à ses adversaires politiques, n'a d'ailleurs jamais osé s'en prendre ouvertement à la Première dame, note Slate (en anglais).

Au lendemain du discours de Michelle Obama à Manchester, c'est son colistier, Mike Pence, qui a eu la lourde tâche de répondre aux critiques de la femme du chef de l'Etat. "J'ai beaucoup de respect pour la Première dame et tout le travail qu'elle a accompli pour le peuple américain lors de ces sept dernières années", a d'abord assuré le candidat à la vice-présidence, cité par la chaîne ABC News (en anglais). Avant de se contenter d'un évasif : "Je ne comprends pas la base de ses accusations." Comme l'a résumé le porte-parole du parti républicain au lendemain de la convention démocrate de Philadelphie (Pennsylvanie), cité par le Washington Post (en anglais), "on ne touche pas à la Première dame".

Elle bénéficie d'une énorme popularité

Michelle Obama bénéficie d'une cote de popularité exceptionnelle : 64% des Américains ont une opinion positive de leur Première dame, selon un sondage pour l'institut Gallup (en anglais) datant d'août dernier. Soit 14 points de plus que son mari, Barack Obama, dont la popularité ne fait pourtant qu'augmenter depuis le début de l'année, rappelle le Huffington Post (en anglais). Elle fait surtout bien mieux qu'Hillary Clinton, qui ne bénéficie que de 40% d'opinions positives à la date du 16 octobre, selon une enquête de Gallup (en anglais).

Résultat, les électeurs démocrates se pressent pour assister à ses meetings. La Première dame a rassemblé 6 000 personnes lors d'un déplacement à Raleigh, en Caroline du Nord, le 4 octobre. Hillary Clinton en avait attiré quatre fois moins une semaine plus tôt, note le Boston Globe (en anglais). 

Pourquoi un tel engouement pour Michelle Obama ? La Première dame est devenue une véritable icône de la culture pop en participant à des émissions comme "The Ellen Show" ou "Carpool Karaoke", dans laquelle on la voit rapper sur un titre de Missy Elliott. Elle s'est également engagée pour la lutte contre l'obésité et en faveur de l'éducation des filles.

"Elle est l'une des personnalités les plus populaires aux Etats-Unis parce qu'elle n'est pas aussi politisée que d'autres, explique un responsable des enquêtes d'opinion du parti républicain au Washington Post. Elle donne l'impression d'être sincère, quelque chose qu'Hillary Clinton n'a jamais réussi à faire." 

Michelle Obama est donc un atout majeur pour la campagne de la candidate démocrate. Elle parvient non seulement à toucher les jeunes et les Afro-Américains, mais aussi à convaincre les électeurs qui ne s'intéressent pas à la politique de se rendre aux urnes. Michelle Obama a d'ailleurs soigneusement choisi les lieux de ses meetings : il ne s'agit que d'Etats où ses discours peuvent s'avérer décisifs, souligne Peter Slevin, auteur d'une biographie de la Première dame, dans les colonnes du New York Times (en anglais). Michelle Obama pourrait donc une fois de plus mériter son surnom de "The Closer" ("Celle qui plie le match", en anglais).

Elle représente les espoirs de certains démocrates

Entre son talent pour haranguer les foules et sa cote de popularité, Michelle Obama est l'atout numéro un du clan démocrate pour cette élection présidentielle. Et pour celles à venir ? Plusieurs élus du parti – et de nombreux journalistes, comme le relève le Washington Post (en anglais) – espèrent que la Première dame entamera une carrière politique dans les années à venir, comme Hillary Clinton en son temps.

Michelle Obama, sénatrice en 2018 ? Candidate à la présidentielle en 2020 ? Peu probable. La principale intéressée n'a cessé de répéter qu'elle ne voulait pas se lancer dans la vie politique, rappelle CNN (en anglais). "Etre président est un travail très difficile et important, déclarait-elle dès 2012. Une fois que le mandat [de Barack Obama] sera terminé, nous irons faire d'autres choses parce qu'il y a de nombreuses manières d'aider ce pays et le monde, même sans être président des Etats-Unis."

Michelle Obama n'a visiblement pas changé d'avis quatre ans plus tard. "Je ne serai pas candidate à la présidence", a répété la Première dame lors du festival de musique, de cinéma et de médias intéractifs South by Southwest, en mars dernier. Deux mois plus tôt, Barack Obama avait lui aussi donné le ton, note le Washington Post. "Il y a trois choses inévitables dans la vie, assurait le chef de l'Etat américain lors d'un déplacement en Louisiane. La mort, les impôts et le fait que Michelle ne se présentera pas à la présidence."

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