Présidentielle américaine : le climat, grand oublié de la bataille entre Trump et Clinton
Les candidats à la Maison Blanche n'ont jamais vraiment eu l'occasion de parler environnement lors de la campagne.
Pas une seule question. En trois débats présidentiels, Donald Trump et Hillary Clinton n'ont pas été interrogés une seule fois sur le thème du réchauffement climatique. Lester Holt, le modérateur de la première confrontation, aurait souhaité poser une question sur le sujet, mais il manquait de temps, signale le New York Times.
Résultat : l'unique allusion à l'environnement est sortie de la bouche de Ken Bone, un Américain employé dans une usine à charbon, lors du deuxième débat présidentiel. Mais il s'est davantage inquiété du sort des emplois que d'écologie, et les téléspectateurs ont plutôt retenu son look improbable.
La "spirale du silence" a frappé l'écologie
Malgré l'accord sur le climat de 2015, ratifié par les Etats-Unis, rien n'a donc changé depuis les débats de la campagne de 2012 où le sujet "était quasi invisible" selon le New York Times (en anglais). Faute de questions, les échanges sur le climat se sont réduits à une banale constatation de Hillary Clinton, qui a pointé un "vrai problème" lors du dernier débat.
Pour bon nombre d'observateurs sensibles à l'écologie, le sujet a tout simplement été victime d'une "spirale du silence", nom d'une théorie sociologique développée en 1974. Le chercheur Anthony Leiserowitz la résume en ces termes dans le New York Times : "Quand personne ne parle d'un problème, le signal que cela renvoie est qu'il n'est pas très important. Finalement, l'attention des humains, l'une des plus précieuses ressources de cette planète, s'effondre."
Des électeurs de plus en plus sensibles
Pourtant, n'en déplaise aux sceptiques, les Américains s'intéressent bel et bien à l'environnement. Interrogé par le Pew Research Center (en anglais), 73% de l'électorat, démocrates et républicains confondus, affirme se soucier "un peu" ou "beaucoup" du réchauffement climatique (graphique ci-dessous). Et plus de 46 000 électeurs souhaitaient demander aux candidats les mesures qu'ils comptaient prendre pour contrer le changement climatique, indique le forum Open Debates, qui a mis en place une plateforme de consultation en vue du deuxième débat entre Trump et Clinton. En vain.
De manière générale, les mentalités semblent bouger. D'après l'institut de sondage Gallup, la part d'Américains convaincus que le réchauffement climatique est causé par les activités humaines a augmenté ces dernières années, pour atteindre 65% en 2016. Les "millenials" – les 18-34 ans, l'une des catégories clés de l'élection – sont particulièrement sensibles à cette question du climat. Selon le prix Nobel d'économie, Paul Krugman, ces derniers "se préoccupent énormément de la protection de l'environnement et des énergies renouvelables". Mais 40% de ces jeunes électeurs pensent "qu'il n'y a aucune différence entre les candidats".
Un fossé entre Trump et Clinton
Une question sur le sujet leur aurait pourtant montré combien la thématique divise les deux candidats à la présidentielle américaine. Alors que Hillary Clinton affirme "croire en la science", Donald Trump affiche son climatoscepticisme, raillant un "concept créé par et pour les Chinois".
The concept of global warming was created by and for the Chinese in order to make U.S. manufacturing non-competitive.
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) 6 novembre 2012
Le milliardaire républicain promet de revenir sur l'accord de Paris, de raviver l'industrie du charbon et d'étendre les forages pétroliers et gaziers. Sa rivale démocrate, elle, envisage d'installer 500 000 panneaux solaires, d'arrêter les forages en Arctique et de réduire les émissions de gaz à effet de serre.
Paradoxalement, le climat n'a jamais autant occupé le terrain que pendant cette campagne. Lors de la primaire démocrate, les convictions de Bernie Sanders ont réveillé les consciences. Lors de la convention du parti, une vidéo signée James Cameron a étrillé les discours climatosceptiques. Hillary Clinton a multiplié les symboles en publiant son plan pour le climat et en conviant Al Gore à l'un de ses meetings. Côté républicain, Donald Trump n'a eu de cesse de torpiller la politique climatique de Barack Obama, embarrassant certains cadres inquiets de repousser les 18-34 ans, assure le New York Times. Mais à aucun moment, les deux candidats n'auront eu l'occasion de s'expliquer.
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