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Élection de Donald Trump : "Il pourrait laisser les mains à la Russie, ce qui déstabiliserait la politique des Européens"

Après la victoire de Donald Trump à l'élection présidentielle américain mercredi 9 novembre, nombreux sont ceux qui s'interrogent sur les conséquences de sa politique. C'est le cas du spécialiste Jean-Eric Branaa, qui est "très inquiet" de ses futurs choix à l'international.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Donald Trump lors de son discours de victoire à l'élection présidentielle le 9 novembre à New York (MARK WILSON / GETTY IMAGES NORTH AMERICA)

Alors que Donald Trump a été élu mercredi 9 novembre président des Etats-Unis, beaucoup se demandent quelle sera la politique étrangère du pays. Sur franceinfo, Jean-Eric Branaa, spécialiste des Etats-Unis et maître de conférences à l'université Assas-Paris s'est dit, jeudi 10 novembre, surtout "très inquiet" de sa politique à venir au Moyen-Orient, notamment en Irak et en Syrie. "Il pourrait laisser les mains libres à la Russie, ce qui déstabiliserait la politique des Européens", a-t-il estimé.

franceinfo : Donald Trump a dit qu’il voulait rendre sa grandeur à l’Amérique. Comment cela va se traduire concrètement pour le reste du monde ?

Jean-Eric Brannaa : Cela va se traduire par un isolement de l’Amérique, comme du temps de Monroe en quelque sorte. Les Etats-Unis vont se rapprocher de la Russie, mais ce sera un allié de circonstance, ce ne sera pas une amitié très forte entre les deux pays. Mais cela va être un vrai dégel par rapport à ce qui se passe actuellement et un contre-courant par rapport à ce qu’aurait proposé Hillary Clinton. Par rapport à l’Europe, il considère que ce n’est pas son affaire. Si les Européens ne se bougent pas pour lui proposer une voie en face, c’est une zone qu’il va laisser de côté en se disant qu'il n'en n'a pas besoin pour faire sa politique dans le monde, notamment en Asie et en Afrique.

Concernant le Moyen-Orient, l’intervention en Syrie et en Irak, va-t-elle changer avec Trump ?

Je suis très inquiet pour cette zone du monde. Les propositions de Donald Trump candidat sont très floues. Pour contrer Daech, il a expliqué qu’il allait travailler avec la Russie pour pouvoir régler ce problème parce qu’on ne pouvait pas le faire sans. Il pourrait laisser les mains libres à la Russie, ce qui déstabiliserait la politique des Européens au Moyen-Orient. Il a expliqué qu’il allait régler le problème au Moyen-Orient entre Israël et la Palestine. Et quand on lui a demandé comment, il a répondu 'Vous verrez, je suis un grand négociateur'. Donald Trump est avant tout un grand communicant. Et en tant que président, avec son ego, il va vouloir restaurer le blason d’une Amérique sur le plan de la communication.

Il veut dénoncer l’accord de Paris sur le climat, est-ce un véritable coup d’arrêt ou une opération de communication ?

En effet, c’est un climato-sceptique. Il dit que c’est une invention pour déranger les entreprises américaines. Donc en effet, ça va être dénoncé très rapidement et l’accord n’a pas beaucoup de chances d’aboutir. Après l’espérance de la COP 21, on risque d’avoir la désespérance de la COP 22. Il a expliqué qu’il voulait une sorte de COP 21 américaine, qui ne toucherait que les Américains. Cela fait un peu peur cette idée de seul au monde pour s’en sortir tout seul.

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