Unesco : que change le retour des États-Unis dans l'organisation ?
Après cinq ans de séparation, ce sont finalement les retrouvailles. Les Etats-Unis sont définitivement de retour à l'Unesco, une instance qu'ils avaient quittée sous Donald Trump. En 2017, le président américain annonce son intention de quitter l'organisation onusienne en réaction notamment à la décision de l'Unesco d'inscrire la vieille ville d'Hébron, en Cisjordanie occupée, au "patrimoine mondial en danger". L'ancien président la qualifie alors, de son côté, de "ville islamique", quand Israël la revendique comme historiquement juive. Il avait justifié sa décision en dénonçant "des partis pris anti-israéliens" de l'Unesco.
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Ce n'est pas la seule sortie fracassante décrétée à l'époque par Donald Trump. Les États-Unis avaient ainsi déjà quitté l'accord de Paris sur le climat en juin 2017, puis le Conseil des droits de l'homme de l'ONU, l'année suivante. En 2021, sous Joe Biden, le pays a finalement réintégré l'un et l'autre, une façon pour le nouveau président américain d'affirmer sa rupture par rapport à son prédécesseur.
La présence de Jill Biden au siège de l'Unesco à Paris, mardi 25 juillet, vient ainsi officialiser cette fois-ci le retour des États-Unis à l'Unesco. L'organisation va de fait retrouver son plus important contributeur : ce sont les États membres qui financent les programmes de l'Unesco et les versements américains représentent près du quart de son budget. De plus, les États-Unis se sont engagés à rembourser leurs arriérés, soit 619 millions de dollars, une somme plus importante que le budget de l'organisation pour toute une année : 534 millions de dollars.
Contrer l'influence grandissante de la Chine
Le changement est d'autant plus important que cela fait en réalité plus de dix ans que les États-Unis ont cessé de contribuer à l'Unesco. La décision avait été prise par Barack Obama en 2011, lorsque l'organisation onusienne avait décidé d'admettre la Palestine parmi ses membres, un pas vers sa reconnaissance en tant qu'État.
Pour les États-Unis, ce retour est également une manière de s'opposer à l'influence grandissante de la Chine, devenue entre-temps le principal contributeur de l'Unesco. Pékin fait d'ailleurs partie des 10 États membres sur 193 à avoir voté contre le retour de Washington, aux côtés de l'Iran, la Syrie ou encore la Russie.
L'Unesco est un terrain d'autant plus stratégique pour les États-Unis que c'est là que sont en train d'être élaborées les normes éthiques internationales sur l'intelligence artificielle. En décembre prochain, l'organisation tiendra même un forum mondial sur le sujet. Les États-Unis ont tout intérêt à être présents à l'événement, pour ne pas laisser le champ libre à la Chine.
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