Reportage "Toute cette haine à cause d'un seul homme" : depuis que Donald Trump a accusé les Haïtiens de "manger les chatons", Springfield a changé

D’après le candidat républicain à la présidentielle américaine, Springfield illustre les ravages supposés de l'immigration illégale. Les étrangers y voleraient et mangeraient les chats et les chiens des habitants. Des allégations proférées lors de son débat face à la démocrate Kamala Harris qui perturbent les habitants de la ville.
Article rédigé par Sébastien Paour
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Un manifestant brandit une image générée par l'IA de Donald Trump emportant des chats loin des immigrants haïtiens, en référence aux mensonges répandus à propos de Springfield, Ohio, le 12 septembre 2024. (REBECCA NOBLE / AFP)

Viles Dorsainvil a fui l'insécurité de Port-au-Prince en décembre 2020, d'abord pour la Floride trop chère, puis pour Springfield et ses perspectives de travail. Quelque 60 000 habitants peuplent cette ville du Midwest en grande majorité blanche, où vivent environ 15 000 immigrés haïtiens. Viles Dorsainvil y œuvre comme interprète dans plusieurs usines de la ville et dirige le centre d'aide de la communauté haïtienne.

Mais depuis le débat de Donald Trump et Kamala Harris, la ville se retrouve sous les projecteurs après les propos tenus par le républicain qui a accusé les migrants de "manger les chats et les chiens des habitants".

Vilès Dorsainvil regrette les propos "inimaginables" de Trump et les conséquences sur le quotidien depuis la semaine dernière. "Il y a des voitures d'Haïtiens qui ont été vandalisées, relate-t-il. Il y a des menaces de bombes sur la ville. Il y a pas mal d'activités qui ont été annulées. Les écoles ont été fermées. Et c'est ça la situation, ici à Springfield."


Alors que la ville devrait se réjouir de la présence des immigrés, d'après le pasteur Carl Ruby, installé ici depuis 40 ans. "Il y a des usines en ville qui ne tournent qu'avec des travailleurs haïtiens. Ils dépensent de l'argent ici. Et pourtant, on a toute cette haine, toutes ces menaces à cause d'un seul homme. Je voudrais vraiment que le président Trump revienne sur cette histoire, qu'il s'excuse auprès des habitants et des Haïtiens et tout serait terminé demain".

Bill Monaghan se met à la place des habitants de sa ville. Il regrette que l'afflux d'immigrés ait fait grimper les loyers, même si le retraité de 62 ans, dont 58 passés ici, s'en réjouit pour les deux logements qu'il possède. "Avant tout cela, je les louais 450 à 500 dollars par mois et tout d'un coup, 700. C'est super pour moi comme propriétaire, mais pas pour les travailleurs pauvres et la classe moyenne dans cette ville".

Le maire et le gouverneur républicain appellent Trump à cesser de propager de fausses rumeurs.

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