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Présidentielle américaine : "C'est peut-être les femmes qui vont faire perdre Donald Trump", analyse Marie-Cécile Naves, directrice de recherches à l'IRIS

Rien n'est gagné même si les sondeurs ont amélioré leurs panels, selon Marie-Cécile Naves, spécialiste des États-Unis, "ça peut jouer à quelques dizaines de milliers de voix dans certains États".

Article rédigé par franceinfo
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Des supportrices de Joe Biden, le 2 novembre à Pittsburgh en Pennsylvanie. (DREW ANGERER / GETTY IMAGES NORTH AMERICA)

"La gestion de la crise sanitaire par Donald Trump a été jugée désastreuse par une majorité d'Américains, y compris chez les républicains, les femmes et les seniors", a analysé sur franceinfo mardi 3 novembre Marie-Cécile Naves, directrice de recherches à l'IRIS, spécialiste des États-Unis et auteur de La démocratie féministe chez Calmann-Levy. Ces deux catégories sont à "surveiller de près", selon la spécialiste. "Chez les femmes, il y a un écart dans les intentions de vote en faveur de Joe Biden de quasiment 20 points, parfois de 25 points. C'est peut-être les femmes qui vont faire perdre Donald Trump".

franceinfo : Qu'est ce qui compte pour les Américains dans ce vote ? Ce sont des sujets de fond ou bien la personnalité ?

Marie-Cécile Naves : Ça va être beaucoup sur la personnalité.

Le vote pour Joe Biden va être essentiellement un vote anti-Trump et moins un vote de conviction. Le vote pour Donald Trump, c'est vraiment un vote de conviction sur le projet de société, mais aussi sur la personnalité. 

Marie-Cécile Naves, directrice de recherches à l'IRIS, spécialiste des États-Unis

à franceinfo

Joe Biden a tout misé sur l'anti-Trump, c'est-à-dire un leadership qui est plus bienveillant, solidaire, qui promet aussi de restaurer une unité de l'Amérique, la grandeur de l'Amérique dans le monde, au sens où les États-Unis seraient à nouveau respectés par les partenaires. La gestion de la crise sanitaire par Donald Trump a été jugée désastreuse par une majorité d'Américains, y compris chez les républicains, les femmes et les seniors. Ces deux catégories de gens, chez les républicains modérés, il va falloir les surveiller de près. Par exemple, chez les femmes, il y a un écart dans les intentions de vote en faveur de Joe Biden de quasiment 20 points, parfois de 25 points. C'est peut-être les femmes qui vont faire perdre Donald Trump.

Les sondages donnent l'avantage à Joe Biden. Mais après l’élection de 2016, il faut se méfier des sondages ?

Les sondeurs ont revu leur méthode de calcul, notamment au niveau local, parce que ce qui leur avait échappé, c'était une grande partie de l'électorat rural. Ils ont refait leur panel. C'est beaucoup plus près de la réalité sociologique que ça ne l’était 2016. À priori, ils seront beaucoup plus fiables qu'il y a quatre ans. Mais évidemment, le système des grands électeurs fait que ça se joue État par État, notamment dans les États-clés, comme la Floride. Là, les sondages sont dans les marges d'erreur encore.

Tout est possible, même si cette année, Joe Biden a plus de possibilités en termes de combinaisons d'États gagnants pour l'emporter. 

Marie-Cécile Naves

S'il reconquiert par exemple le Wisconsin, le Michigan et la Pennsylvanie, qui ont été gagnés par Trump sur les démocrates en 2016, c'est terminé, il remporte la présidentielle. De son côté, Trump peut se permettre de perdre le Wisconsin et le Michigan, mais ça veut dire qu'il ne perd aucun autre Etat.

Donald Trump a enchaîné les meetings de campagne. Joe Biden, lui, a sollicité Barack Obama. Est-ce que ces meetings de dernière minute peuvent avoir un impact sur le vote ?

On voit que les deux candidats, aidés par leurs colistiers et même Barack Obama du côté de Joe Biden, ont ratissé le terrain jusqu'aux derniers jours dans les États-clés comme le Wisconsin, le Michigan, la Pennsylvanie, où Hillary Clinton, pensant la victoire acquise, n’était pas allée faire campagne en 2016. Il y a aussi la Caroline du Nord, la Floride, la Géorgie, l’Arizona et peut-être même le Texas, qui pourrait devenir, ce serait la grande surprise, un “swing state”, c’est-à-dire basculer en faveur de Joe Biden. C’est loin d'être acquis, mais c'est une possibilité. Les meetings vont jusqu'au dernier moment, non pas pour aller chercher les indécis parce qu'il y a très peu d'indécis, mais pour aller chercher les abstentionnistes de 2016, séduire ceux qui n'ont pas tellement envie d'aller voter, et qui ne croient ni en l'un ni l'autre. Et comme ça peut jouer effectivement, à quelques dizaines de milliers de voix dans certains États, ça vaut le coup d'y aller jusqu'au bout.

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