Présidentielle américaine 2024 : qui est Laura Loomer, l’influenceuse raciste et complotiste proche de Donald Trump ?
Elle se vantait d'être "l'une des plus célèbres supporters de Trump aux Etats-Unis", en avril auprès de franceinfo. Laura Loomer, autoproclamée journaliste d'investigation, est surtout une influente militante de l'extrême droite américaine. Avec plus de 1,3 million d'abonnés sur le réseau social X, cette ancienne candidate au Congrès s'est imposée comme une figure des sphères complotistes américaines. Cette popularité lui a permis, à 31 ans, de se rapprocher de l'ancien président et candidat à la présidentielle de 2024 Donald Trump, jusqu'à apparaître à ses côtés lors de plusieurs événements officiels. Mais ses propos racistes, islamophobes et sexistes, choquent et divisent jusque dans le camp républicain.
Des prises de position racistes, islamophobes et misogynes
En 2017, l'influenceuse se fait connaître en lançant le hashtag "fière islamophobe" sur Instagram. Peu de temps après, elle se réjouit du naufrage de 2 000 migrants, dans un tweet supprimé depuis, mais retrouvé par le journaliste de CNN Jake Tapper et qualifie l'islam de "cancer pour la société". L'année suivante, elle est bannie de Twitter après avoir attaqué l'élue démocrate musulmane Ilhan Omar, rapporte la chaîne américaine NBC News. En réponse, elle se menotte au siège du réseau social à New York, arborant une étoile jaune, référence à celle que les Juifs étaient forcés de porter pendant l'Holocauste.
L'activiste d'extrême droite a récupéré son compte en 2022, après le rachat du site par Elon Musk. "Nous avons beaucoup de censure sur les réseaux sociaux et j'ai été bannie pour avoir dénoncé l'infiltration islamique dans notre pays", expliquait-elle en avril à franceinfo.
"Je pense que l'incitation à la haine est un mensonge. Les discours de haine n'existent pas."
Laura Loomer, influenceuse d'extrême droite aux Etats-Unisà franceinfo
Depuis l'entrée en campagne de la vice-présidente démocrate Kamala Harris, Laura Loomer en a fait la cible directe de ses attaques sexistes et racistes. "Il est temps que les républicains commencent à parler de Kamala Harris et de la raison pour laquelle elle n'a probablement pas d'enfant. Je suis prête à parier qu'elle a subi tellement d'avortements, qu'elle a endommagé son utérus", a-t-elle écrit d'abord sur X en juillet, avant de la qualifier de "prostituée". Le 8 septembre, l'influenceuse s'est attaquée aux origines de la candidate démocrate. Si Kamala Harris est élue, "ça va sentir le curry à la Maison Blanche" a-t-elle déclaré.
Une adepte des théories du complot
Laura Loomer, en plus d'être une professionnelle du coup d'éclat, est aussi une figure conspirationniste aux Etats-Unis. En juillet, elle soutenait par exemple que le président Joe Biden était "derrière la tentative d'assassinat de Donald Trump", selon le New York Times.
Sur ses réseaux sociaux, son site internet ou encore sur son émission diffusée sur la plateforme de vidéos non modérée Rumble, elle propage régulièrement de fausses informations, le plus souvent pour appuyer ses positions xénophobes et racistes, accusant par exemple le parti démocrate d'organiser l'immigration illégale afin de modifier la démographie électorale dans le but de remporter la présidentielle. Adepte de l'idée raciste et complotiste du "grand remplacement", elle estimait aussi en avril auprès de franceinfo qu'il existait "un mouvement anti-blanc aux Etats-Unis et dans le monde entier".
Quelques heures avant le débat opposant Donald Trump à Kamala Harris, le 10 septembre, l'influenceuse faisait également la publicité d'un collier pour chien portant l'inscription "pas ton déjeuner", partageant les allégations selon lesquelles des migrants mangeraient des animaux de compagnie à Springfield, dans l'Ohio. Une fausse information reprise par le candidat républicain.
Un visage controversé dans l'ombre de Donald Trump
Sa popularité sur les réseaux sociaux a permis à Laura Loomer de se rapprocher du candidat républicain. "C'est un fan de mes vidéos, il regarde mon programme sans limite", a-t-elle soutenu au micro du journaliste de franceinfo Julien Pain.
D'après les informations de la chaîne américaine CNN, plusieurs proches de l'ancien président sont même persuadés que Laura Loomer a une influence sur les théories conspirationnistes reprises par l'ancien président. Une idée partagée par Anthony Scaramucci, ancien directeur de la communication de la Maison Blanche sous Donald Trump. "Elle lui allume les allumettes dans la bouche", a-t-il déclaré sur CNN.
Selon des informations du New York Times, elle a aussi été aperçue à plusieurs reprises dans la résidence du candidat républicain à Mar-a-Lago. L'influenceuse était également présente lors d'un meeting dans l'Iowa en janvier, au cours duquel il l'avait saluée sur scène, rapportait la BBC.
Cette position de favorite lui permet aujourd'hui d'espérer une place à la Maison Blanche si le candidat est élu. "Son fils a lancé l'idée que je pourrais être la porte-parole", assurait encore à franceinfo celle qui a tenté deux fois d'entrer au Congrès sans succès. En 2023, le New York Times a rapporté que Donald Trump souhaitait l'engager pour sa campagne. Face aux réticences de ses collaborateurs, il avait dû revenir sur ses positions. "Malheureusement, parce que des personnes comme Marjorie Taylor Greene et les médias ont répandu des mensonges à mon sujet, ce projet n'a pas abouti", a-t-elle confirmé.
Une personnalité qui divise les républicains
Les attaques racistes de Laura Loomer contre Kamala Harris ont fini par alarmer les républicains, même les plus radicaux. "C'est écœurant. Quelqu'un doit la stopper", a répondu Willie Montague, candidat au Congrès dans une circonscription de Floride, cité par l'AFP. Marjorie Taylor Greene, fervente partisane de Donald Trump, a elle-même dénoncé sur X "une rhétorique méchante, raciste". Laura Loomer a répondu avec virulence. "Les républicains qui m'attaquent sont tout simplement jaloux de ne pas avoir été dans l'avion avec le président Trump. C'est aussi simple que ça", a-t-elle écrit sur X.
Alors que Laura Loomer qualifiait en 2023 les attentats du 11-Septembre menés par al-Qaïda de "coup monté de l'intérieur", rappelle Associated Press, l'influenceuse était présente aux commémorations à New York, aux côtés de Donald Trump. La veille, la militante se trouvait déjà dans les coulisses de son débat face à Kamala Harris, à Philadelphie.
De quoi raviver les critiques. "Le passé de cette personne est vraiment toxique", a pour sa part déclaré au Huffington Post le sénateur de Caroline du Sud Lindsey Graham. Ce ténor du Parti républicain s'est même permis de glisser un conseil à Donald Trump, estimant que le candidat "rendrait service à lui-même en s'assurant que cette histoire n'enfle pas", en écartant Laura Loomer de son entourage.
Moins connu, mais également sénateur républicain, Thom Tillis lui a emboîté le pas. "Laura Loomer est une conspirationniste cinglée qui profère régulièrement des conneries destinées à diviser les républicains. Un agent infiltré du Parti démocrate ne ferait pas mieux pour entamer les chances de Trump d'être réélu", a-t-il asséné sur X.
L'adhésion publique de Donald Trump à une personnalité aussi clivante agace également le quotidien économique et conservateur Wall Street Journal. Dans un édito du vendredi 13 septembre, son comité de rédaction se demandait si l'ancien président "cherch[ait] à perdre l'élection".
Cette longue série de critiques venues de son propre camp a finalement poussé Donald Trump à se distancer de l'influenceuse, sur son réseau Truth Social : "Laura Loomer ne travaille pas pour mon équipe de campagne (...). Je ne suis pas d'accord avec ses déclarations, mais, comme les nombreux millions de gens qui me soutiennent, elle en a assez de voir les marxistes et fascistes de la gauche radicale m'attaquer et me salir."
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