Le patron de Twitter défend le bannissement de Donald Trump du réseau, mais estime qu'il crée un précédent "dangereux"
Twitter était le principal outil de communication du milliardaire républicain, qui s'en servait chaque jour pour s'adresser directement à ses 88 millions d'abonnés.
"Je ne ressens aucune fierté à l'idée d'avoir dû bannir @realDonaldTrump." Dans une série de messages publiés dans la nuit du mercredi 13 au jeudi 14 janvier, le fondateur et patron de Twitter, Jack Dorsey, estime que la décision de bannir Donald Trump de la plateforme pour avoir encouragé les violences du Capitole était "la bonne". Il juge toutefois que ce choix constitue un "échec" et "établit un précédent" qui lui semble "dangereux" par rapport au pouvoir détenu par les grandes entreprises.
I do not celebrate or feel pride in our having to ban @realDonaldTrump from Twitter, or how we got here. After a clear warning we’d take this action, we made a decision with the best information we had based on threats to physical safety both on and off Twitter. Was this correct?
— jack (@jack) January 14, 2021
C'est un "échec de notre part à promouvoir une conversation saine" et ce genre de mesures "nous divise. Elles limitent les possibilités d'expliquer, de se racheter, d'apprendre", a-t-il continué.
Twitter était le principal outil de communication du milliardaire républicain, qui s'en servait au quotidien pour s'adresser directement à ses 88 millions d'abonnés. Il a aussi été suspendu de Facebook, Snapchat, Twitch et, depuis mardi, de YouTube pour une semaine. La plateforme de vidéos de Google faisait face à une pression croissante d'ONG et de personnalités.
Les comptes affiliés à QAnon supprimés
"Cela établit un précédent qui me semble dangereux : le pouvoir qu'un individu ou une entreprise a sur une partie de la conversation publique mondiale", admet Jack Dorsey dans ce monologue introspectif. Il souligne que l'équilibre du pouvoir était respecté tant que "les gens pouvaient simplement aller sur un autre service, si nos règles et notre application des règles ne leur convenaient pas".
Mais "ce concept a été remis en cause la semaine dernière quand un certain nombre de fournisseurs essentiels d'outils sur internet ont aussi décidé de ne pas héberger ce qu'ils trouvaient dangereux", reconnaît-il.
Je ne crois pas que [le choix fait par les grandes plateformes de mettre au ban Donald Trump] était coordonné. Plus probablement : les sociétés sont arrivées à leurs propres conclusions ou ont été encouragées par les actions des autres.
Jack Dorseysur Twitter
En plus de sa mesure phare, Twitter a supprimé ce week-end 70 000 comptes affiliés à QAnon, une mouvance complotiste pro-Trump impliquée dans l'invasion du Capitole qui a perturbé la cérémonie de certification de la victoire de Joe Biden mercredi dernier.
Quand Donald Trump a tenté vendredi de répliquer à la suspension de son compte personnel via le compte officiel POTUS (Président des Etats-Unis), à l'attention des "75 millions de patriotes" qui ont voté pour lui, ses messages ont immédiatement été retirés par le réseau social. "Utiliser un autre compte pour éviter la suspension est contre nos règles", avait alors expliqué un porte-parole de la société.
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