La polémique entre Donald Trump et les sportifs américains en sept actes
Dimanche soir, plus de cent joueurs de football américain se sont agenouillés pendant l'hymne national, pour protester contre les insultes de Donald Trump à leur encontre.
Le président américain Donald Trump s'est engagé, depuis vendredi, dans une escalade rhétorique avec les sports-rois aux Etats-Unis (football américain, baseball, basket-ball). Dimanche 24 septembre, la bataille des symboles a atteint son paroxysme, quand une centaine de joueurs de football américain a mis un genou à terre, pendant l'hymne national. Franceinfo retrace la polémique.
Acte 1 : "Sortez-moi ce fils de pute", assène Trump
Le président républicain a lancé sa première attaque, vendredi 22 septembre, lors d'un meeting politique dans l'Alabama. "Est-ce que vous n'aimeriez pas voir un de ces propriétaires de NFL (championnat de football américain) dire, quand quelqu'un manque de respect à notre drapeau, 'sortez-moi ce fils de pute du terrain, il est viré, viré !'", avait-il asséné.
Il visait en particulier l'ancien quarterback des San Francisco 49ers, Colin Kaepernick. Ce dernier s'était agenouillé, en août 2016, pendant l'hymne américain, pour protester contre la mort de plusieurs Noirs, abattus par des policiers blancs. Depuis l'affaire Kaepernick, plusieurs sportifs ont imité le joueur de 29 ans pour faire passer un message politique, provoquant l'ire de Donald Trump.
La mère adoptive de Colin Kaepernick, Teresa, a par ailleurs répondu directement dans un tweet, samedi : "J'imagine que ça fait de moi une pute fière !"
Guess that makes me a proud bitch!
— Teresa Kaepernick (@B4IleaveU) September 23, 2017
De nombreux joueurs de la NFL ont ensuite critiqué ouvertement les propos du président américain : "C'est une honte et un déshonneur quand un président des Etats-Unis appelle des citoyens des fils de putes", a écrit sur Twitter le joueur des Minnesota Vikings, Bishop Sankey.
It's a shame and disgrace when you have the President of the US calling citizens of the country sons of a bitches.
— Bishop Sankey (@BishopSankey) September 23, 2017
Acte 2 : "Je ne veux pas aller à la Maison Blanche", annonce le basketteur Stephen Curry
Vendredi, Stephen Curry a déclaré sur la chaîne ESPN (en anglais) que son équipe des Golden State Warriors pourrait décliner la traditionnelle invitation à la Maison Blanche, après son titre de champion de NBA. "On ne va pas se précipiter pour prendre une décision dont il faut mesurer la signification, a-t-il confié. Nous avons l'occasion de faire une déclaration qui, il faut l'espérer, encourage l'unité, nous encourage à mesurer ce que signifie d'être Américain et se battre pour quelque chose." "Je ne veux pas y aller", avait finalement confirmé un peu plus tard le meneur des Warriors.
Un autre joueur emblématique de l'équipe, Kevin Durant, avait annoncé en août qu'il boycotterait aussi la visite. "Je ne respecte pas la personne qui occupe le poste en ce moment, je ne suis pas d'accord avec lui, je vais faire entendre ma voix en ne m'y rendant pas", avait-il expliqué, estimant que d'autres coépquipiers pourraient le suivre. Selon Kevin Durant, la défiance des joueurs a été accrue à la mi-août par les propos du président américain, qui avait renvoyé dos à dos les suprémacistes blancs et les antifascistes pour les violences de Charlottesville, où un sympathisant néonazi a tué une contre-manifestante en la percutant avec son véhicule.
Acte 3 : Donald Trump attaque les "privilèges" des sportifs
Le président américain a poursuivi, samedi, la polémique sur Twitter, visant les footballeurs comme les basketteurs. "Si un joueur veut avoir le privilège de gagner des millions de dollars dans la NFL ou dans les autres Ligues, il ou elle ne devrait pas pouvoir manquer de respect à notre grand drapeau (ou pays) et devrait rester debout pour l'hymne national. Sinon, VOUS ETES VIRÉS. Trouvez autre chose à faire".
If a player wants the privilege of making millions of dollars in the NFL,or other leagues, he or she should not be allowed to disrespect....
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) September 23, 2017
...our Great American Flag (or Country) and should stand for the National Anthem. If not, YOU'RE FIRED. Find something else to do!
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) September 23, 2017
Acte 4 : Trump retire aux champions NBA leur invitation à la Maison Blanche
Vexé, Donald Trump a annoncé, samedi qu'il n'inviterait pas à la Maison Blanche les Golden State Warriors. "Aller à la Maison Blanche est considéré comme un grand honneur pour une équipe du championnat. Stephen Curry hésite, donc l'invitation est retirée", a déclaré le président américain sur Twitter.
Going to the White House is considered a great honor for a championship team.Stephen Curry is hesitating,therefore invitation is withdrawn!
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) September 23, 2017
Après ce tweet de Donald Trump, le basketteur LeBron James, finaliste avec les Cavaliers contre les Warriors, s'en est mêlé pour rappeler que Stephen Curry avait déjà décidé de ne pas se rendre à la Maison Blanche, avant d'attaquer le président sans le nommer : "Se rendre à la Maison Blanche était un grand honneur avant que tu y sois !"
U bum @StephenCurry30 already said he ain't going! So therefore ain't no invite. Going to White House was a great honor until you showed up!
— LeBron James (@KingJames) September 23, 2017
La polémique semble avoir créé un effet boule de neige. Samedi soir, elle s'est propagée dans le baseball, avec le premier joueur de la ligue professionnelle, Bruce Maxwell des Oakland Athletics, à s'agenouiller durant l'hymne américain.
Acte 5 : "Virez ou suspendez-les", réclame encore Donald Trump
"Si les fans de NFL refusent d'aller aux matchs jusqu'à ce que les joueurs arrêtent de manquer de respect à notre drapeau et notre pays, vous verrez rapidement un changement. Virez ou suspendez-les !", a lancé le président sur Twitter, dimanche, proposant tacitement de frapper les ligues professionnelles au portefeuille. "La ligue devrait soutenir les Etats-Unis", a-t-il insisté.
If NFL fans refuse to go to games until players stop disrespecting our Flag & Country, you will see change take place fast. Fire or suspend!
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) September 24, 2017
Acte 6 : "Nous avons besoin d'un leadership qui unit", lui répondent les patrons de la NFL
"Je connais nos joueurs qui se sont agenouillés pendant l'hymne national et ce sont des jeunes hommes intelligents avec du caractère" qui "voulaient lancer un dialogue", a réagi dimanche Stephen Ross, propriétaire des Miami Dolphins. "En ce moment, notre pays a besoin d'un leadership qui unit, pas de davantage de division. Nous devons chercher à nous comprendre et avoir un discours courtois plutôt que des condamnations et des petites phrases", a-t-il ajouté.
Le président des New England Patriots, champions en titre de la NFL, s'est lui aussi dit "profondément déçu" dimanche "par la tonalité des propos tenus par le président". "Les efforts" de ses joueurs "sur ou en dehors du terrain permettent de rassembler et de rendre nos communautés plus fortes", a souligné Robert Kraft.
Acte 7 : plus de 100 joueurs s'agenouillent à nouveau pendant l'hymne
Dimanche, la défiance était à son comble, dans les stades américains, où plus de 100 joueurs de football américain ont posé un genou à terre, pendant l'hymne national, selon le décompte de Time. Les chaînes de télévision américaines montraient plusieurs joueurs de la NFL agenouillés au bord du terrain quelques heures après que le président américain a proposé de boycotter les équipes dont les joueurs "manquent de respect" à l'Amérique, selon lui.
A Foxborough, dimanche après-midi, 15 joueurs des New England Patriots, champions en titre de la NFL, se sont agenouillés et nombre d'entre eux se tenaient par les bras, dont la star de l'équipe Tom Brady.
Les joueurs des Pittsburgh Steelers ont eux décidé de rester dans leur vestiaire pendant l'hymne national dans le stade des Bears de Chicago. Un seul joueur, Alejandro Villanueva, vétéran de l'armée américaine, était sur le terrain quand l'hymne a résonné.
Meanwhile, Alejandro Villanueva (US Army veteran) was the only Pittsburgh Steeler on the sideline for the anthem. pic.twitter.com/AyRTSLElBC
— Richard Chambers (@newschambers) September 24, 2017
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