Cet article date de plus de trois ans.

États-Unis : "L'ampleur et la gravité de ce qui s'est passé au Capitole ne doivent pas être minimisées", réagit la directrice de l'IRIS

Marie-Cécile Naves qualifie les évènements de mercredi soir de "tentative de putsch" qui, "a été largement alimentée, encouragée par Donald Trump".

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Une bannière "Trahison" abandonnée par les émeutiers pro-Trump qui ont forcé l'entrée du Capitole mercredi 6 janvier au soir. (OLIVIER DOULIERY / AFP)

"L'ampleur et la gravité de ce qui s'est passé ne doivent pas être minimisés quand on est un défenseur de la démocratie", a estimé jeudi 7 janvier sur franceinfo Marie-Cécile Naves, directrice de recherche à l’IRIS (Institut de relations internationales et stratégiques), après le coup de force des partisans de Donald Trump mercredi au Capitole, à Washington.

>> Suivez en direct les réactions au lendemain de l'envahissement du Capitole par des partisans de Donald Trump

franceinfo : Peut-on parler d'insurrection comme l'a dit Joe Biden ?

Marie-Cécile Naves : Je crois que le mot n'est pas trop fort. Le monde entier a assisté pendant plusieurs heures à une tentative de putsch qui a été largement alimentée, encouragée par Donald Trump non seulement sur l'esplanade devant le Capitole les heures qui ont précédé, mais aussi depuis des mois. On se rappelle les paroles qu'il a tenues lors des débats avec Joe Biden. C'était un appel aux Proud Boys qui est un groupuscule d'extrême droite. Là, il parlait du vote du 3 novembre mais c'était assez vague pour pouvoir se projeter dans le temps.

Est-ce qu'il a encouragé ce mouvement ou est-ce qu'il l'a organisé ?

Peut-être qu'il y aura une enquête. Il n'est pas exclu qu'il y ait des poursuites pénales dans les semaines qui viennent. Ce n'est pas impossible. En tout cas, cela a été très largement encouragé par des propos, par des tweets, par des appels à la violence à peine masqués et répétés depuis des mois.

Facebook et Twitter ont bloqué les comptes de Donald Trump. Comment va-t-il sortir de ces évènements ?

Ce qui compte pour Donald Trump, il ne faut jamais le perdre de vue, c'est qu'il a l'obsession de ne pas quitter la Maison Blanche avec l'image d'un loser [un perdant]. Pour lui, le monde se divise entre les winners et les losers. Je pense qu'auprès de sa base électorale c'est réussi, mais pas seulement auprès de sa base électorale.

"Le trumpisme c'est un soft power international."

Marie-Cécile Naves, directrice de recherche à l’IRIS

à franceinfo

Les images qui ont fait le tour du monde pendant la soirée et la nuit peuvent donner des idées à des antidémocrates.

Est-ce que cela peut renforcer son électorat ?

Oui, on a vu que des supporters très galvanisés étaient capables de violences, étaient capables du pire. Ce n'est pas représentatif des 74 millions de gens qui ont voté pour lui, mais 74 millions de gens c'est 12 millions de plus qu'en 2016 et c'est un vivier électoral dont les Républicains ont du mal à se passer. On le voit pendant la procédure de certification de Joe Biden, il y a encore sept sénateurs qui ont voté contre la certification du vote de Pennsylvanie.

Il n'est donc pas forcément lâché par tout le monde ?

Il est lâché par les poids lourds, Mike Pence, Mitch McConnell, ce sont des coups durs. Mais des personnes vont avoir besoin de ce vivier de voix pour être élues ou réélues dans moins de deux ans avec la réélection de l'ensemble de la chambre des représentants, un tiers du Sénat. Ils ne peuvent pas s'aliéner Trump et le trumpisme parce que c'est un réservoir de voix très important. Après les images de cette nuit peuvent ramener certains républicains à la raison.

Que va-t-il se passer maintenant et le 20 janvier lors de l'investiture de Joe Biden ?

Une passation de pouvoir cela veut dire que le président précédent est là, sert la main devant les caméras. C'est peu probable que Trump soit là. Les informations que l'on a c'est qu'il va plutôt partir pour la Floride et organiser un contre évènement le 20 janvier. Ce qui compte pour lui c'est d'entretenir le récit de la victoire volée, de la triche, de la fraude, et finalement il part la tête haute.

"Les images qu'on a vues c'est ce qu'il voulait. On a l'impression que quand vous êtes un militant d'extrême droite, pro-Trump, vous pouvez sans problème entrer dans le Capitole, dévaster les bureaux, vous asseoir au bureau de Nancy Pelosi les pieds sur la table et qu'il ne se passe rien pendant des heures."

Marie-Cécile Naves

C'est un message voulu par Trump et l'ampleur et la gravité de ce qui s'est passé ne doivent pas être minimisées quand on est un défenseur de la démocratie.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.