ENTRETIEN. "Un moyen de décrédibiliser les femmes" : comment Trump et les conservateurs utilisent la misogynie comme arme politique
Dans son dernier discours, Donald Trump a attaqué Kamala Harris, avec des mots parfois violents, et des termes jugés sexistes. La probable future candidate à la présidentielle a été qualifiée de "folle", "tueuse de bébés". Des expressions qui ne sont pas anodines, adressées à une femme, et qui sont récurrentes dans les discours politiques des conservateurs américains, mais pas seulement. Décryptage avec Ursula Le Menn, porte-parole de l'association Osez le féminisme.
franceinfo : C'est fréquent, en politique, d'utiliser des arguments misogynes ?
Ursula Le Menn : C'est vrai que c'est assez récurrent de faire passer les femmes pour folles en politique, pour les décrédibiliser. De dire qu'elles sont trop émotionnelles, trop sensibles, inaptes à exercer le pouvoir. On a besoin que la parole de l'adversaire ne soit pas crédible, de conseiller au public de ne pas écouter cette personne. Dans le cas de Trump, on est aussi face à une inversion énorme, puisqu'on a un homme qui passe sa vie à déblatérer des mensonges éhontés et des théories du complot, et c'est lui qui traite Kamala Harris de folle.
"Quelle meilleure façon de décrédibiliser quelqu'un, que de le faire passer pour fou ?"
Ursula Le Menn, d'Osez le féminismeà franceinfo
Mais c'est aussi quelque chose qu'on observe partout, que ce soit en politique ou quotidiennement, de se référer à cette prétendue folie des femmes : "elle est folle", "hystérique". C'est omniprésent, donc ce n'est pas tellement une surprise qu'on trouve ça dans les discours des hommes politiques. Dans leurs stratégies, ils vont faire appel à des poncifs, des lieux communs, et alors, ils n'ont même pas besoin de convaincre. En fait, ils font appel à des choses qui sont tellement présentes dans la société que, quelque part, ça devient évident : elle est folle, comme toutes les femmes en fait.
Dans le cas du discours de Trump, il y a une violence aussi dans le fait de la qualifier de "tueuse de bébés". À quoi cela renvoie-t-il ?
Ce n'est pas anodin du tout qu'il ait lié les deux termes, "folle", qui est misogyne, avec "tueuse de bébés", pour parler de l'avortement. On voit bien que cela cible vraiment les droits des femmes. Le fait qu'elle soit une femme et qu'elle défende les droits des femmes comme l'avortement est, pour lui, l'argument numéro un pour l'attaquer. C'est une aussi une stratégie habituelle de Trump d'avoir des propos complètements infamants. Mais là, le fait qu'il l'ait ciblée spécifiquement en tant que femme, c'est très démonstratif de sa misogynie.
Est-ce que c'est une stratégie réservée aux milieux conservateurs ?
Déjà, c'est vraiment particulièrement le cas de Trump, qui est assez pauvre dans ses argumentaires en général. Il va simplement être dans des discours très manichéens de bien, de mal, donc ce n'est pas très surprenant de lui. Mais bien sûr, les discours misogynes, sans complexe, c'est très présent chez les conservateurs américains, bien plus que chez les démocrates. Ça ne veut pas dire qu'il n'y a pas de misogynie chez les démocrates évidemment, mais dans les discours conservateurs, c'est décomplexé. On va avoir des visions archaïques des femmes traditionnelles, qui doivent faire des enfants, être à la cuisine, etc. C'est un discours assumé, qu'ils vendent à leurs électeurs.
À regarder
-
Kamala Harris reconnaît sa défaite
-
Election américaine : pourquoi un tel raz-de-marée républicain ?
-
Donald Trump encense Elon Musk après avoir déclaré sa victoire
-
Donald Trump revendique "une victoire politique jamais vue"
-
Comment les expatriés américains font pour voter ?
-
La mort de cet écureuil est récupérée par le camp de Donald Trump
-
Peut-on comparer démocrates et républicains à la gauche et la droite française ?
-
Donald Trump imite Emmanuel Macron
-
Présidentielle américaine : l'artiste Bad Bunny soutient Kamala Harris
-
Election américaine : qu'apporte Elon Musk à la campagne de Donald Trump ?
-
Election américaine : quand connaîtra-t-on le nom du prochain président élu ?
-
Maya Harris, plus proche conseillère de Kamala depuis plus de 50 ans
-
Quelle est la position des candidats à la présidentielle américaine sur le conflit au Proche-Orient
-
Aux Etats-Unis, "Superman" appelle les Américains à voter
-
Présidentielle américaine : des cookies Trump et Harris controversés
-
Election américaine : plus de 6 millions de dollars de paris sur le duel Harris-Trump
-
Les célébrités peuvent-elles influencer le scrutin américain ?
-
Pourquoi n'y a-t-il que deux grands partis aux Etats-Unis ?
-
Élection présidentielle aux États-Unis : le business des produits dérivés
-
Election américaine : "I have a Glock", quand Kamala Harris parle de son arme
-
Élection américaine : les démocrates contrôlent-ils la météo ?
-
Un bar à thème présidentiel aux États-Unis
-
La "Bible Trump" bientôt dans les écoles ?
-
Une interview de Melania Trump à 250 000 dollars ?
-
Une statue géante de Donald Trump aux États-Unis
-
Kamala Harris traite Donald Trump de poule mouillée
-
Des singes prédisent le résultat de l'élection américaine
-
Élection américaine : rencontre avec Raymond, électeur de Donald Trump
-
Visée par Donald Trump, la communauté haïtienne de Springfield est devenue la cible de l'extrême droite
-
Une possible tentative d'assassinat visant Donald Trump
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.